samedi 14 janvier 2023

Commencement de l'année au Moyen-Age

 



 

Meilleurs Vœux pour 2023 et comme on chante de par chez nous « si pour l’année nouvelle, nous ne sommes pas plus que l’on ne soit pas moins » !!

 

Commencement de l’année au Moyen-Age

Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle, après l’édit de Charles IX (janvier 1563, vieux style) et la déclaration de Roussillon du 4 août, qu’il devint obligatoire en France de commencer l’année le 1er janvier ; cet usage fut consacré par le parlement en 1567.

Avant cette date, en Occident, six dates différentes ont servi de point de départ de l’année nouvelle : 1er janvier, 1er mars, 21 mars (Annonciation), 25 mars, le jour de Pâques, et celui de Noël. Une certaine cacophonie qui n'aide pas à la lecture et à la chronologie !!

Noël et l’Annonciation sont les systèmes ou styles les plus anciens. On rencontre dès le IXe siècle, dès l’époque où Charlemagne et Pépin ont des relations avec la cour de Rome, des actes émanés de la chancellerie royale datés d’après le style de la Noël. En Dauphiné, l’habitude de commencer l’année au 25 décembre persista, même après la réunion de cette province à la couronne en 1343.

En 1350 le roi d’Aragon installa le système du jour de Noël dans le Roussillon. De même dans le comté de Foix aux 12ème et 13ème siècles, en Flandre jusqu’en 1575. En Provence, en Alsace, en Lorraine, de façon non constante, en Angleterre pendant tout le Moyen-Age. La Normandie utilise aussi Noël pour faire démarrer l’année nouvelle jusqu’en 1204, cette province appartenant aux Anglais. L’Allemagne, la Hongrie, les royaumes fondés à Jérusalem, Saint-Jean d’Acre, Beyrouth, Chypre ….

La date du 25 mars jour de l’Annonciation, fera des difficultés en Italie : utilisée dans certaines chancelleries, on ne sait plus si les documents datés remontent à l’Annonciation antérieure à la Noël ou à l’Annonciation postérieure. De là le calcul pisan et le calcul florentin qui firent les délices des historiens !! Le système florentin le plus usité des deux ouvrait l’année courant au 25 mars, les mois précédents appartenaient à l’année précédente. Le calcul pisan faisait démarrer l’année en cours au 25 mars de l’année précédente.

Le calcul florentin est adopté en France dans le Quercy, le Rouergue, le bas-Limousin. La Sicile va l’employer jusqu’au 16ème siècle et Florence jusqu’au 20 novembre 1749 lorsque le duc François décidé que l’année 1750 partirait du 1er janvier suivant.

Les papes et les rois de France ont plus d’une fois daté leurs actes selon le calcul pisan. Il sera encore utilisé jusqu’en 1745 dans la province de Sienne.

Les chroniques de Grégoire de Tours et de Frédégaire utilisent le 1er mars pour dater la nouvelle année. Venise y sera longtemps fidèle. Donc pour l’historien, un ancien document de janvier ou février, pour s’y retrouver, doit augmenter d’une unité le millésime affiché !!

Le 21 mars sera plus rarement utilisé comme point de départ de l’année dans les calendriers du Moyen-Age.

Quant à la coutume d’ouvrir l’année à Pâques, coutume constante sous dynastie capétienne, on en trouve des exemples, à l’état d’exception, dès le VIe siècle. Elle était spécialement connue sous le nom de Coutume de France, Mos Gallicanus. Les provinces où le style de Pâques fut en vigueur sont la Champagne dès le Xe siècle, la Bourgogne de 1365 à 1480, le Bourbonnais, le Languedoc au XIIIe siècle, et la Picardie. A Amiens, au XIIe siècle, et à Péronne, au XVe, l’année commençait le jour de Pâques, après le cierge bénit.

Le comté de Poitou, avant de passer sous la domination anglaise, suivait la coutume de France. Les Anglais y introduisirent, en 1152, le style de la Noël, qui resta, concurremment avec celui de Pâques, jusqu’au moment de la réunion de cette province à la couronne de France. La Normandie, la Guyenne et la Gascogne ouvrirent l’année à Pâques, dès que les rois de France rentrèrent en leur possession.

A  partir du 16ème siècle, c’est le triomphe du 1er janvier en Europe. Charles IX fixe le 1er janvier pour commencer l’année dans tout le royaume. L’article 39 (de l’ordonnance) prévoyait que « en tous actes, registres, instumens, contactz, ordonnances, edicts, lettres tant patentes que missives et toute escripture privee, l’annee commence d’ores en avant et soit comptee du premier jour de ce moys de janvier ».

La grande chancellerie appliqua la réforme du style à compter du 1er janvier 1565, et le Parlement, implicitement, enregistra la mesure le 23 juillet 1566, changeant son propre style à compter du 1er janvier 1567. Le Parlement de Dijon appliqua la mesure à compter du 1er janvier 1565, ceux de Toulouse et de Bordeaux s’y plièrent à l’occasion du voyage royal (respectivement les 10 janvier et 20 avril 1565). En 1568, le 1er janvier était utilisé partout.


Sources et pour en savoir plus : La France Pittoresque d’après « La Mosaïque »1875 mis à jour 1/1/2023-- Olivier GUYOTJEANNIN et Benoît-Michel TOCK « Les styles de changement du millésime dans les actes français (XIe-XVIe siècles)», BEC (Bibliothèque de l’école des chartes), tome 157, janvier-juin 1999.-- /archives.lot.fr/a/203/le-commencement-de-l-annee --

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.