Guillaume le Libérateur

Ruins of the fortress of Fraxinetum in Provence (France), a 10th-c. Andalusi Muslim settlement and raiding outpostpic.twitter.com/PBmpHYvos5)—Ruines de la forteresse de Fraxinetum)--- voir et revoir blog 10/04/2019---



A la recherche de nos aïeux
Pour leurs recherches
historiques, historiens, généalogistes, ou simples amateurs, doivent retrouver
la trace d’hommes et femmes des temps parfois très anciens. Les registres paroissiaux
ou d’état civil, les actes de notaires (pour les ventes, contrats de mariages,
testaments) sont des alliés judicieux. Les recensements depuis le début du 19ème
siècle sont aussi très intéressants, parfois listes par métiers, ou uniquement
les hommes d’une commune avec leur métier, la date d’arrivée dans le village…..
La tenue des registres
paroissiaux tenus par le curé de la paroisse devient obligatoire sous François
Ier par l’ordonnance de Villiers-Cotterêt de 1539, art 51 : « Aussi sera faict registre en
forme de preuve des baptesmes, qui contiendront le temps et l'heure de la
nativité, et par l'extraict dudict registre se pourra prouver le temps de
majorité ou minorité, et fera plaine foy a ceste fin. ». Il s’agit de prouver la religion et l’âge de
l’individu.
En mai 1579, l’ordonnance de Blois sous Henri III étend cette règle aux registres de mariages
et de sépultures.
Mais dans certains
diocèses de tels registres existent dès le 14ème et 15ème
siècle, souvent en très mauvais état et rédigés en latin ou en un mélange latin/langue
régionale. Avant cette période, les actes des notaires, les chartres
consulaires sont plus accessibles, dans un latin plus commun. Mais le temps,
les conflits, les nuisibles les ont plus ou moins détériorés ce qui rend leur
examen difficile. Ajouter à cela une écriture qui ne facilite pas la tâche. Le
registre le plus ancien connu est celui de Givry en Saône et Loire remontant
jusqu’à l’année 1303. L’utilisation de noms de famille se stabilise vers le 13ème
siècle. On existe par son prénom, celui de son père et parfois par le lieu de
résidence. Avant cette période, témoignage, reconnaissance faciale venaient
prouver l’identité d’une personne. Une affaire d’usurpation d’identité jugée
par le Parlement de Toulouse en 1560, affaire Martin Guerre, démontre la
difficulté de prouver son identité en l’absence de documents écrits (et encore
aujourd’hui).
Jusqu’à la Révolution de
1789 on va distinguer les actes paroissiaux catholiques de ceux des
protestants.
Le synode national
protestant de la Rochelle de 1559 demande aux pasteurs protestants
d’enregistrer baptêmes et mariages dans les registres tenus soit par les
prêtres, soit par les pasteurs. En septembre 1664, un arrêt du Conseil du Roi (Louis
XIV) demande officiellement aux pasteurs d’enregistrer l’état civil des protestants
en tenant en double des registres. Mais après la Révocation de l’Edit de Nantes
en 1685 qui interdit le culte protestant, des registres clandestins sont tenus
par des pasteurs itinérants, d’où des pertes de documents.
Les
« nouveaux convertis » sont enregistrés sur les registres
catholiques. Ces différentes dispositions sont inégalement appliquées dans les
paroisses. En plus des pertes, les collections de registres comportent
également de nombreuses lacunes, dues aux conflits religieux survenus entre le
XVIe et le XVIIIe siècle.
L’ordonnance de Saint
Germain en Laye de mai 1667 demande que ces registres soient tenus en double
exemplaires : un reste dans la paroisse sous la responsabilité du prêtre,
l’autre est transmis au greffe de la juridiction royale. Mais il faudra
attendre 1691 pour qu’un office de greffier spécialisé soit créé, office qui
sera supprimé en 1717. Là aussi de nombreuses pertes. Il faudra attendre Louis
XV et sa déclaration royale du 9 avril 1736 pour que la situation de ce greffe
soit réglée et que les exemplaires des actes paroissiaux soit régulièrement
tenu et archivé.
L'arrêt du Conseil du
12 juillet 1746 ordonne la tenue de deux registres séparés, les baptêmes et
mariages d'une part, les sépultures de l'autre.
L’Edit de Tolérance du 28
novembre 1787 ou Edit du Roi (Louis XVI) autorise les protestants et les juifs
à déclarer les naissances, mariages et décès soit devant le curé soit devant le
juge. Les actes antérieurs seront légalisés par déclaration. Tout en précisant
que la religion catholique demeure la religion officielle du royaume. Le Parlement de Paris va enregistrer cet édit
avec réticence le 29 janvier 1788.
La création de l’état civil date vraiment du décret du
20-25 septembre 1792, avec mise en place à compter du 1er janvier
1793. Les registres paroissiaux sont remis aux communes et les registres des
greffes aux archives départementales.
Les registres sont tenus par le maire de la commune depuis lors. Sans
référence à la religion des personnes concernées. Les publications de mariage (les
bans) sont mentionnées jusqu’en 1927.
Les registres sont en double exemplaire, le premier pour la mairie, le second remis au greffe du tribunal civil (actuellement, le tribunal de grande instance) pour être versé à terme aux archives départementales.
Mariage Jules André Jandros chirurgien dentiste Toulouse
avec Antoinette Brunet—30 janvier 1890—
Que va-t-on trouver dans ces
actes ? Il nous faut bien noter que depuis le dernier siècle les actes
sont bien moins bavards et c’est bien dommage …
Les actes de baptême, (à
partir de 1792, actes de naissance) mentionnent date et noms, prénoms de
l’enfant et des parents. Les noms et prénoms des parrains et marraines, parfois
leur profession, leur lien de parenté avec l’enfant et ses parents. Des témoins
parfois, ou si l’enfant a été oint par la matrone (ou sage-femme) si le bébé
était en danger à sa naissance. Les signatures nous indiquent de par leur tracé,
le degré d’instruction ou l’illettrisme des adultes. On peut suivre aussi au
long des actes le nom des prêtres (et/ou du prieur si le village en a un, donc
des biens nobles). On assiste dans certains villages de montagne à des baptêmes
groupés : le prêtre venait à une date précise. A partir du 19ème
siècle, on présentait l’enfant à l’officier d’état civil qui pouvait vérifier
le genre du bébé ainsi que son âge approximatif. Dans nos colonnes, les dates
des actes de naissance indiquent parfois un regroupement ce qui pouvait prêter
à confusion dans les identifications et dans les familles.
Des annotations curieuses du curé qui rédige l’acte comme par exemple : « cet enfant né le 18 janvier de second jour de la lune font présager est qu’il sera abondant en lignée et qu’il coissa grand de corps en peu de temps».(archives municipales Vénérieu- Isère). 1692 (vint un mille si cent nonante deux)
Des annotations qui en disent long sur l’ambiance du moment : en 1699 toujours à Vénérieu, le prêtre baptise deux garçons avec les prénoms des grands-pères Samuel et Balthazar, prénoms qui sentent sérieusement le huguenot. Il précise dans l’acte qu’il s’agit des prénoms des grands-pères et que « le temps fera le reste »… Un prêtre généreux, lucide sur une époque de chasse aux protestants.
D’autres plus
rigolotes : « 1650. — Fin
du misérable mois d’octobre, qui ne cessa de pleuvoir, tellement que ceux qui
vivront boiront du verjus, et que M. de Saint-Paul, notre bon curé, n’en
sera pas plus exempt. »
Ces actes de baptême ou de naissance sont une page d’histoire à eux tout
seuls !!
Les actes de mariages indiquent
généralement les dates de naissance, les noms, les prénoms, profession des
mariés, ceux de leurs parents, des témoins. Le décès avec date, lieu et métier
d’un des parents. Les lieux de naissance ainsi que ceux de résidence sont
mentionnés. Les dispenses, les procurations si les parents du fiancé(-ée)
mineur (e) ne peuvent être sur place, et surtout les dates des publications
(les bans) aux portes des églises pour d’éventuelles contestations. Le nom et
l’adresse du notaire qui a rédigé le contrat de mariage s’il y en a un. Rappel
d’un peu de droit civil à partir du 19ème siècle pour les mariages
civils.
Des mentions nouvelles
sont apparues au cours du 20ème siècle : divorce, annulation de
mariage, séparation de corps, adoption, légitimation ou reconnaissance d’une
filiation… Autant de signes évidents des modifications de notre société.
Les actes de décès seront
moins bavards : nom, prénom, lieu du décès, date de naissance quand on la
connait, les personnes qui ont découvert le décès et leur lien avec le décédé
(voisin, parent, garde-champêtre…) , parfois les noms et prénoms de l’époux ou
l’épouse.
Acte de décès de Jeanne Marguerite de Bargeton 1810-archives d'Uzès--
Depuis
1792, des tables décennales sont établies tous les 10 ans. Alphabétiques plus
ou moins selon l’importance de la commune, elles sont subdivisées en trois
parties : naissance, mariages, décès des personnes nées, mariées et
décédées dans la commune. Avant cette date certains registres chaque année
faisaient un récapitulatif des noms, prénoms et cotes.
Chez les notaires :
2-E-39/348 Jean Ménard notaire de Nîmes (archives départementales Nîmes)
Les actes notariés
nous aident parfois bien plus. Pour les contrats de mariage et les testaments,
la dot, les dons ou arrangements financiers, territoriaux, le nombre de témoins
et leur classe sociale et leurs liens. Pendant longtemps les contrats de vente,
d’apprentissage, de travaux, étaient
signés devant notaire : on y retrouve les arrangements financiers entre
membres de la même famille, la classe sociale des acteurs, leurs métiers.
Ventes de bétail, de denrées (vin, huile, blé..) réparations de maison, de
moulin….. Des testaments nous indiquent les modalités des funérailles, nombres
de messe, cérémonies, les craintes de maladie, d’épidémie, les fuites à
l’étranger (on teste avant de partir),… Pendant la période de la Révocation de
l’Edit de Nantes, on y retrouve la liste des biens et l’arrangement pour ne pas
tout perdre (émancipation d’un enfant, vente plus ou moins fictive à un tiers…)
2-E-10/474
= Pierre Pellet notaire Nîmes
4
août 1621 = testament de demoiselle Jeanne DUPUI
dame
de Montmoirac et autres, lieux détenue au
lit
malade = veut être enseveli au cimetière
de
l'église réformée de St-Cristol au même
lieu
que- ses prédecesseurs honorablement selon
la
forme accoutumée entre les çrestiens
reformés
= aux pauvres de St-Cristol 100 livres
= k
damoiselle Elisabeth et Suzanne de Trémolet
ses
filles et de feu noble Jean-Pierre de
Trémolet
sieur de Robiac son premier mari
à
chacune 15.000 livre-s savoir 7000 1. de droits
paternels
et 8000 1. pour les maternels y
compris
légat de feu leur père et succession
des
dlles Diane et Charlotte de Trémolet ses
autres
filles décédée ab intestat et jusqu'à ce
nourries
et entretenues sur ses biens selon,
leur
qualité = à noble Odet Davessens sieur de
Montmoirac
son mari fruits et usufruits de ses
biens
pour en jouir jusqu'à ce que noble
Antoine--t-ernardin
de Trémolet son fils soit
colloqué
en mariage ou veuille vivre séparé cie
sond
mari, mais ordonne que son mari puisse
jouir
jusqu'en fin de ses jours pour son entreto
nement
du présent chateau et ses dépendances
telles
que son à présent ou de la métairie
appelée
du Masrouge avec dépendances et de sa
grande
viguière dans la juridiction de Montèzes
= lui
légue aussi 3000 livres pour icelle consti
tuer
et délivrer à l'une de ses filles comme
bon lui semblera et à ses autres, parents età
ses; autres parents et lignagers 5 sols
héritier ledit noble Antoine-Bernardin de Trémolet
son fils = lui substitue ses f i l l e s . . — acte
au château de Montmoirac en chanbre de ladite
demoiselle testatrice où git malade en présence
de Mre Simon Olivier Cr du roi et juge d'Aiguë
-mortes, Mre Pascal de Salettes et Jean d'Astier
docteur en médecine de Sommières & Alés
Mre Anthoine Corbeau chirurgien, Etienne Duroas
apothicaire cl1 Alés, Jacques Barnier jeune et
Pierre Gibert, cl'Anduze, ladite te stat rie e n'
ayant pu signer en raison cie son indisposition
4 août 1621 = testament de noble Odet d'ÀVESSENS sgr
d'Aumont, de Montmoirac et autres lieux
habitant au château de Montmoirac y détenu au
lit malade - sépulture à St-Cristol =
aux pauvres 50 livres -= a dlle Elisabeth
de Treiomet 2000 livres ~ à dlle Suzanne de
Trémolet 1000 livres sommes a prendre sur
légat fait ci devant par son épouse -=
héritière demoiselle Jeanne Dupuy dame de
Montmoirac pour tous ses biens et droits qu'il
a audit Montmoirac et environ soient en réparations
, acquisitions ou autrements pour que
lesd biens et droits appartiennent à noble…..
Pour les Nations
unies, l'enregistrement de l'état civil est « l'enregistrement
continu, permanent, obligatoire et universel des apparitions et des
caractéristiques des évènements démographiques dans une population, selon les
règles prévues par un décret ou par la législation, selon les conditions
légales d'un pays. L'enregistrement de l'état civil vise principalement à
établir des documents légaux. Ces données sont aussi une source principale sur
des statistiques démographiques. La qualité de ces statistiques dépend d'un
recensement complet, précis et mis à jour des évènements démographiques »
L’état civil
intéresse pas seulement les historiens mais aussi les politiques pour gérer un
pays. Les principaux évènements démographiques doivent être connus. En 1979
l’Assemblée Générale des Nations Unies dans son article 16 de la Convention sur
l’élimination de toutes les formes de discrimination impose aux pays d’établir
un registre civil d’enregistrement des mariages.
Jean Escoffier publication de mariage ou ban 12/2/1722 Vénérieu—Catherine Morand ou Morel de
l’Ile d’Abeau—Vénérieu Isère
Sources et pour en savoir plus : wikipédia.org - Gérard Noiriel, « L'identification des citoyens : Naissance de l'état civil républicain », Genèses. Sciences sociales et histoire, no 13, 1993, p. 3-28 (DOI 10.3406/genes.1993.1196, lire en ligne [archive])Article republié dans Gérard Noiriel, État, nation et immigration : Vers une histoire du pouvoir, Paris, Belin, coll. « Socio-Histoires », 2001.----La France Pittoresque Mentions singulières figurant sur les anciens actes d’état civil (D’après « La Mosaïque », paru en 1878)-Publié / Mis à jour le LUNDI 5 MAI 2014, par REDACTION--- Archives municipales Uzès, Vénérieu Toulouse--archives départementales du Gard---
Le dernier
Parfait connu :
Né vers 1280 Guilhem
Bélibaste est une figure marquante du panthéon historique occitan. Un être
tourmenté dans une période qui l’était aussi. Si l’on a retenu son nom c’est à
cause de la brève prophétie qu’il nous a laissé, annonçant un retour du
catharisme 700 ans après son supplice. Renouveau du catharisme dans les temps
qui viennent ? C’était le 24 août 1321, donc rendez-vous le 24 août 2021
pour le renouveau….
Et puis sa vie est riche d’enseignements
pour nous…. Un être de paradoxes qui
nous apprend l’humilité… Un personnage, pris entre des contradictions
permanentes, qui est fort humain, trop humain même.
Il nait à Cubières-sur-Cinoble,
un village du Razès dans la Haute-Vallée de l’Aude. Il sera brûlé vif en 1321 à
Villerouge-Termenès. Ses parents sont des paysans aisés, une famille totalement
acquise au catharisme. La famille est très liée à de nombreux « Parfaits »
comme les frères Autier et Philippe d’Alayriac. Ses frères bergers accompagnent
certains de ces Parfaits dans leurs tournées clandestines. Malgré les buchers, en
ces temps, l’hérésie cathare est encore vivace et même se développe à nouveau
dans l’Ariège, le Sud….
La croisade contre les
Albigeois (1209-1229) est terminée mais l’Inquisition fait des ravages. Des
cathares se cachent ou fuient vers l’Espagne. L’Aragon lorgne toujours sur la
Provence, les rois de France souhaitent reprendre en main les seigneurs
d’Occitanie, troublions riches de salins et d’une fidélité au roi peu fiable.
Par exemple Bermont de Sauve seigneur de Sommières expulsé par Saint Louis, et
bien d’autres. Les papes toujours veulent imposer un pouvoir temporel sur
l’Europe… Le Languedoc depuis la nuit des temps est un lieu de passage entre ce
qui est aujourd’hui l’Italie, l’Espagne, la France et les pays du Nord. Alors
chacun en veut un morceau quand ce n’est pas la totalité !! Un professeur
de droit de l’Université de Lyon disait que si les cathares avaient choisi la
Creuse pour s’installer, personne n’en aurait parlé !!
Et le peuple qui rêve du
paradis promis pour tous par la nouvelle doctrine avec un Dieu bon, indulgent
qu’on n’a pas besoin d’acheter avec des « indulgences ».
Guilhem n’a pas la
vocation au départ. Mais vers 1305-1306 il se bat et tue un berger de
Villerouge. Probablement à cause d’une menace de dénonciation religieuse. Villerouge
était la résidence d’été de l’archevêque de Narbonne, donc nous pouvons penser
que les habitants de ce village étaient de catholiques convaincus. L’Inventaire
des archives de l’archevêché de Narbonne nous indique que la victime s’appelait
Barthélémy Garnier originaire de ce village, berger des troupeaux de
l’archevêque dans les pâturages d’estive de Cubières. Garnier a-t-il menacé de
dénoncer la famille comme hérétique ?
Guilhem est arrêté.
L’archevêque de Narbonne seigneur de Villerouge et de Cubières le déclare
coupable et confisque ses biens. Une copie du 17ème siècle de l’acte
d’accusation de 1307 nous indique les sanctions :
« Item un acte de l’an 1307, duquel resulte
comme les biens d’un nomme Guilhaume Belibaste de Cubiere, feurent confisques
au sieur archevesque de Narbonne, a cause du meurtre par luy commis en la
personne de Barthelemy Garnier de Villerouge. (Coté n° 15). »
Guilhem
rentre dans la clandestinité, abandonnant femme, enfant, qui ne survivront pas
au scandale et décèdent en 1311. Les « parfaits » cathares
l’accueillent. Pour sauver son âme et faire pénitence il doit devenir cathare ;
il est initié et ordonné Parfait par Philippe d’Alayrac à Rabastens dans le
département du Tarn. Il devient un des derniers « bonshommes » ou
« parfaits », les pasteurs-moines du catharisme, ceux qui donnaient
le consolament.
Nous verrons qu’il ne
sera pas toujours un pasteur exemplaire, la chair est si faible !!
Guilhem et Philippe d’Alayrac sont arrêtés et emprisonnés en 1309 à Carcassonne dans la prison de l’Inquisition, « Le Mur ». Ils arrivent à s’en échapper et se retrouvent en Catalogne dans le comté d’Ampurias. Philippe d’Alayrac revient en France mais de nouveau il est arrêté et meurt sur le bûcher.
Pauvre
Pierre Maury, dont la naïve confiance fut largement mise à contribution par
notre parfait...
Guilhem pour cacher son état de « parfait » et
passer pour un bon catholique, fait semblant d’être le mari d’une ariégeoise en
exil comme lui, Raymonde. Il affirme son célibat de « bonhomme » en disant
qu’il « ne touchait pas à une femme à chair nue", ou qu'il
gardait son "caleçon" quand il couchait dans le même lit
qu'elle ». Pourtant Guilhem et Raymonde deviennent rapidement amants et la
belle tombe enceinte. Elle a un mari resté en Ariège, Bélibaste le sait disant
même en plaisantant : "vif ou mort,
Arnaud (l’époux de la belle Raymonde) ne risque pas de nous déranger beaucoup
dans ce pays".
Guilhem craint de voir
son autorité spirituelle s’effondrer. Alors il trouve une solution : il
marie en hâte son ami Pierre Maury à sa maîtresse pour étouffer le scandale. On
fait la fête à Morella, mais le mariage ne durera pas plus d’une semaine, juste
pour le nouvel époux d’endosser la paternité de l’enfant à naître. Un comble,
Guilhem est en plus jaloux !!
Notre pasteur par
ailleurs prélève sa part sur les revenus de son ami Pierre. Ils ont en commun
un troupeau de brebis. Lorsque Pierre s’en aperçoit il est si furieux qu’il
insulte Bélibaste et s’en va. Pierre raconte : « « Comme nous avions acheté en
indivision, Bélibaste et moi, six brebis, dont j’avais entièrement payé le prix
(et je lui avais donné en outre cinq sous), l’hérétique voulut emmener avec lui
trois brebis sur ces six, disant qu’elles étaient à lui, et que je lui avais
donné l’argent de ces brebis et les cinq sous pour l’amour de Dieu. »
Mais il prend son rôle de pasteur et de prédicateur très au sérieux. Il anime une petite communauté cathare d’exilés occitans, certains originaires du village de Montaillou en Haute Ariège. Il prêche, bénit, administre le consolament aux mourants. Une de ses phrases : « Quand un homme se fait bonhomme, il doit renvoyer sa femme, ses enfants, ses possessions et richesses. Il se conforme ainsi au précepte du Christ, qui veut qu’on se mette à sa suite ».
Un de ses
fidèles est Arnaud Sicre dont la mère est morte sur le bûcher. En fait Arnaud
est là pour gagner la confiance de Guilhem pour le faire arrêter et récupérer
ses biens confisqués à sa mère. Bélibaste souhaite rencontrer d’autres parfaits
pour se faire réordonner. Il sent bien
qu’il a fait quelques entorses aux règles de la doctrine. Il a péché publiquement
et il doit pour conserver sa légitimité de parfait recevoir à nouveau le
consolament. Il se laisse convaincre par Arnaud Sicre de revenir en Languedoc.
En mars ou avril 1321, dans le diocèse
d’Urgell à Tirvia Arnaud Sicre le dénonce au bayle du comte de Foix.
Arrêté ils sont conduits tous les deux à Castelbon, emprisonnés dans la tour. A
cette époque le dénonciateur et sa victime sont toujours incarcérés ensemble.
Guilhem va tenter Arnaud de recevoir le consolament et de se suicider ensemble
du haut de la tour pour entrer directement au ciel. En vain…. Il est jugé à
Carcasonne et brûlé dans la cour du château de Villerouge-Termenès le 24 août
1321.
Guilhem
meurt en martyr, avec dignité sans abjurer sa foi. Après lui, jusqu’au milieu
du 14ème siècle seuls de simples croyants montent au bûcher. Une
église cathare subsiste en Bosnie dont les membres se convertiront à l’islam au
15ème siècle.
Il annonce
avec certaines idées du catharisme et avec quelques siècles d’avance, Luther et une prise de conscience du monde
catholique. Il critique la rapacité du clergé catholique d’alors, le pape y
compris, qui agit à l’opposé de son prédécesseur Saint Pierre :"Le pape gobe la sueur et le sang
des pauvres gens. Et de la même manière agissent les évêques et les prêtres,
qui sont riches, honorés, jouisseurs… Alors que saint Pierre, lui, avait
abandonné sa femme, ses enfants, ses champs, ses vignes et ses possessions pour
suivre le Christ »….« Les indulgences du pape coûtent cher et elles ne valent
pas grand-chose ».
Les cathares ne croyaient ni à l’enfer ni au purgatoire,
tout être humain était destiné à regagner le paradis après une série
d’incarnations successives. Donc les « indulgences » que seuls
les riches pouvaient payer et s’offrir le paradis devenaient inutiles.
"Il y a quatre grands diables qui
régissent le monde: le seigneur pape, diable majeur; je l'appelle Satan; le
seigneur roi de France est le second diable; l'évêque de Pamiers, le troisième
; et le seigneur inquisiteur de Carcassonne, le quatrième diable".
Pour marquer les esprits il brosse des
tableaux très satiriques, on est dans le discours oral, de camelots de
foires : « Les évêques, les prêtres, les Frères mineurs ou
prêcheurs entrent dans les maisons des femelles riches, jeunes et belles ;
ils leur prennent leur argent ; et, si elles consentent, ils couchent
charnellement avec elles, tout en faisant des faces d’humilité ».
Un homme de son temps. Pour lui, l’homme
mauvais est possédé, manipulé par un esprit malin.
« Quand un homme
dérobe, vole le bien d’autrui ou fait le mal, cet homme-là n’est rien d’autre
qu’un esprit malin qui entre en lui : cet esprit lui faut commettre des
péchés, il lui fait quitter la bonne voie pour la mauvaise. »
Pour Bélibaste, les saints et
les miracles sont l’œuvre du diable. Mais le peuple a besoin de croire en leur
pouvoir guérisseur. Pour les cathares, Dieu est dans le monde spirituel et le
diable dans le monde matériel.
Ce que l’on connait de Guilhem Bélibaste
est dans les dépositions d’Arnaud Sicre et de Pierre Maury enregistrées par l’inquisiteur
Jacques Fournier, le futur pape Benoît XII. (voir Jean Duvernoy : Le registre d’inquisition de Jacques Fournier (Évêque de Pamiers),
1316-1325 aux éditions Mouton, Paris, 1978.)
Sources et pour en savoir plus : René Nelli, Bélibaste,
La vie quotidienne des cathares en Languedoc au XIIIe siècle, Paris, 1969, p.
283.-- Gauthier
LANGLOIS-: « Note sur quelques
documents inédits concernant le parfait Guilhem Bélibaste et sa famille » ,
dans la revue Heresis publiée par le Centre
d’Études Cathares, n° 25, 1995. Sur le site de la mairie de Cubières----paratge.wordpress.com/2012/12/21/belibaste/-- « Bélibaste, l’imparfait », paru dans Pays Cathare magazine, hors-série n° 1, décembre 1997,
pp. 70-71. René Nelli, Bélibaste,
La vie quotidienne des cathares en Languedoc au XIIIe siècle, Paris, 1969, p.
283.--- wikipedia.org ---Frédéric Vidal Morphéus n°
107, sept.-oct. 2021 www.morpheus.fr/la-prophetie-cathare-de-guilhem-belibaste/------- Anne Brenon, Cathares
: la contre-enquête.---
Emmanuel Le Roy Ladurie, Montaillou, village occitan.---
, Henri
GOUGAUD lui a consacré un roman : Bélibaste, publié aux éditions du Seuil en
1982.
Tous ces
ouvrages peuvent être consultés et pour certains commandés au Centre d’Études
Cathares à Carcassonne. (Tél. 04 68 47 24 66).
Le
château des archevêques de Narbonne à Villerouge-Termenès (11), abrite une très
belle exposition permanente sur Bélibaste et son temps. (Tél. 04 68 70 09 11).
---Henri Gougaud, Les Cathares, brève histoire d'un mythe
vivant, Points collection, 1997.---Claude Pelet, Gauthier
Langlois, Dominique
Baudreu, L’Aude
dans l’Histoire, Béziers : Aldacom, 2006, 56 p. [Bande dessinée
historique].---Michel Gayraud, Bélibaste,
téléfilm co-produit par France 3 télévision, 2000.-- www.babelio.com/livres/Gougaud-Belibaste/32664--www.editions-cairn.fr/histoire/857-belibaste-le-dernier...