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(1400×1101) (jeanclaudegolvin.com)
La Maison Carrée de
Nîmes
Notre région est riche en
monuments romains plus ou moins conservés ou restaurés. Ici et là un mur, une
frise, une tête de taureau, fragments d’un passé qui ne veut pas se faire
oublier…
Au 19ème siècle,
certains souhaitaient démolir les arènes de Nîmes ou la cité de Carcassonne,
car elles ne rapportaient rien ; « autant les valoriser disaient-ils
et utiliser ces belles pierres de façon plus utile ». Victor Hugo avait
alors eu ce mot « vous jugez de
l’utilité à l’aune de votre ignorance !! »
Mais pourquoi Maison « carrée » alors que le bâtiment est rectangulaire ? Ce nom lui est donné au 16ème siècle. En fait à cette époque en langue française, toute forme géométrique ayant quatre angles droits est désignée par le mot « carré » : le « carré long » pour le rectangle, le « carré parfait » pour notre carré. Donc « Maison carrée ».
Au cours de son histoire
mouvementée, la Maison Carrée de Nîmes a pu préserver l’intégralité des
éléments de son architecture. On peut la comparer aux monuments de même style
et de même époque : le temple d Diane d’Evora au Portugal, le Panthéon de
Rome, celui de Vienne dans la vallée du Rhône….. Depuis le 17ème
siècle, les restaurations successives lui ont restitué sa splendeur. Tous les
chapiteaux sont quasiment intacts avec leurs feuilles d’acanthe, podium,
escalier, colonnes, entablement, corniche …le monument est complet. La finesse
des restaurations a été possible en particulier de la frise à rinceaux de
l’architrave, grâce à la finesse du
grain de pierre. Ici pas de marbre utilisé habituellement par les Romains, trop
difficile à acheminer jusqu’à Nîmes, mais la pierre des carrières du bois de
Lens près de La Calmette. Ce sont probablement des artisans locaux qui ont
sculpté selon des cartons apportés de Rome.
(Illustration
à la critique de Dissertation sur l'ancienne inscription de la
Maison-Carrée de Nismes publiée sur les Acta Eruditorum, 1760.)
Ce bâtiment est construit entre
10 avt JC et 4 apr JC. Agrippa (63-12 avt notre ère) est à l’origine de sa
construction. Général très proche d’Auguste quand celui-ci était encore Octave,
il épouse sa fille, et ils auront cinq enfants. Il est le conseiller et
l’auxiliaire de l’Empereur, aussi le patron de la ville de Nemausus (Nîmes) et
défenseur officiel des intérêts de la cité devant le Sénat de Rome. A sa mort
son fils ainé Caïus prend la relève. Les deux fils de la dédicace seront
adoptés par leur grand-père, Auguste. Agrippa avait aussi fait construire le
panthéon de Rome, dédié à toutes les divinités.
Le consulat de Caius et Lucius
date des années 2 et 3, date peut-être de l’achèvement de la Maison Carrée et
de la première ligne de la dédicace, les années 4 et 5 seraient les dates de la
deuxième ligne de la dédicace. A la mort de ces deux consuls, les Nîmois avec
l’accord de Rome décident de leur dédier ce temple qui à partir de là sera
dédié à toutes les générations d’empereurs romains au même titre que le
sanctuaire de la Fontaine.
A la mort d’Auguste le monument devient capitole,
centre de la vie politique.
Les Wisigoths après s’être emparé de la ville, auraient aménagé le bâtiment en deux appartements privés.
Au Moyen Age, le bâtiment redevient à la vie
municipale. C’est la Maison Consulaire, Capitole ou Cap-duel. L’édifice va
souffrir. L’historien Léon Ménard nous raconte : « D’abord
on divisa l’intérieur en plusieurs pièces, et même en
deux étages ; on y forma des voûtes,
on y construisit une cheminée, qui fut adossée contre le mur du levant, et un escalier à
vis contre celui du couchant. De plus, pour éclairer ces
nouveaux appartements, on y fit plusieurs fenêtres carrées.
Les consuls ajoutèrent dans la suite quelque chose à cet ordre. Ils firent
fermer le vestibule par une muraille, qui allait d’une colonne à
l’autre, alors, on ouvrit d’autres fenêtres et l’on fit une cave de la voûte souterraine du vestibule.
On abattit aussi le perron. »
La Maison
Carrée sera intégrée aux remparts en 1357. Devient pigeonnier d’un particulier
au 15ème siècle. Maison d’habitation, écurie, église. La duchesse
d’Uzès souhaite récupérer cette église, propriété des Augustins, pour en faire
un tombeau pour son époux Antoine de Crussol….
Les
Augustins l’avaient achetée en 1669. L’historien Emile Espérandieu nous
explique en 1922 : »une église de matériaux légers avec chœur, quatre
chapelles latérales, des tribunes auxquelles on accédait par deux escaliers
tournants… ». Un petit clocher avait été prévu.
Cette église
sera détruite à la Révolution, la Maison Carrée devient bien national
appartenant au département. Ce sera un lieu de réunion du Directoire, puis
préfecture entre 1800 et 1807.
Le 19ème siècle voit les monuments de Nîmes en travaux de restauration, en partie, arène, Maison carrée…. Sur ce bâtiment sur son flanc ouest un texte : « réparé par la munificence du roi et l’argent offert par les citoyens 1822 ». En 1824-1826 elle devient un lieu d’exposition d’objets antiques, de peinture. En 1840 elle est classée au titre des Monuments Historiques dès la première liste publiée à cette date.
(La Maison carrée avant sa restauration.)
En 1992 le monument reçoit une nouvelle toiture, reproduction fidèle de l’original antique : grandes tuiles plates et tuiles-canal moulées à la main.
1988, Nîmes
connait de tragiques inondations. Mais il est décidé de poursuivre la restauration
du monument. L’architecte Norman Foster est missionné pour s’en occuper. Il
doit aussi construire Carré d’Art, musée d’art contemporain en face de la
Maison Carrée et réaménagera la place attenante pour une meilleure harmonie
entre les deux édifices. Et dès 2006-2010 la campagne de restauration démarre.
On compte 44 000 heures de travail pour cette rénovation sous la houlette
des équipes de l’architecte des monuments historiques Thierry Algrin ! Seul son aspect
extérieur est intact.
(Plafond de la façade principale).
De février à
septembre 2023, une œuvre de 8 700 briques lego était visible à
Nîmes dans le hall de Carré d’Art!!!
La Maison Carrée LEGO©, créée de
toutes pièces des mains de Jérôme
Fesquet, artiste protéiforme (LGL Créations).
L’œuvre exceptionnelle, composée de plus de 8 700 pièces en LEGO© – dont certaines dénichées dans le monde entier telles que celles qui ont servies à édifier l’imposante porte verte du monument – a nécessité plus d’un an et près de 1 200 heures d’un travail titanesque, précis et minutieux (sans plan de montage) pour en arriver à son rendu final exceptionnel, une Maison Carrée miniature reproduite à l’échelle 1/48e pour un poids de 8,2 kg.
Elle a aussi trôné pendant quelques semaines à "La Table d'Arthur", le restaurant situé en face du temple romain. "Les gens ne se rendaient pas compte au départ que c'étaient des LEGO® confie Arthur Auday, le patron. Il y en a même qui font des photos pour faire des comparatifs avec l'original."
Une réplique
à l'échelle de 1/48e © Radio France - Sylvie Duchesne
Sources et
pour en savoir plus : La Gazette de Nîmes 14-20 septembre 2013p8 Journées
du Patrimoine---- Gérard Caillat Bulletin monumental 2005 « La première
restauration de la Maison Carrée 1670-1691----Emile Espérandieu « la
Maison Carrée à Nîmes » 1922 in édition Ville de Nîmes----
wikipedia.org---
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