Pétrarque, Laure et
la Fontaine de Vaucluse
La Fontaine de Vaucluse, la vallée close….
Bientôt elle sera envahie par les touristes et les marchands. Outre son
gouffre plein de mystères, elle a connu Pétrarque et son besoin de silence,
omniprésent encore dans cette vallée. En dehors de la saison touristique, ce
lieu respire la sérénité, le sacré, une élévation de l’âme, une sorte de magie.
Pétrarque a 9 ans lorsqu’il découvre pour
la première fois la Fontaine de Vaucluse. Il est en compagnie de son père. Il
écrit : « Arrivé
à la source, je m'en souviens comme si c'était aujourd'hui, je me dis au mieux
de mes juvéniles émotions, voilà un site fait pour moi »...Bien plus tard en
1338 il s’y installe dans une maison au pied de la falaise et y vient toutes
les fois qu’il a besoin de calme, de paix, dans des moments de mélancolie, de
souffrance. Son ami l’évêque de Cavaillon Philippe de Cabassole n’est pas loin,
sur la falaise dans son château.
Épître à la Postérité : « Je rencontrai une vallée très étroite
mais solitaire et agréable, nommé Vaucluse, à quelques milles d'Avignon, où la
reine de toutes les fontaines, la Sorgue, prend sa source. Séduit par
l'agrément du lieu, j'y transportai mes livres et ma personne. »
L’an 1327, Avignon vit au
rythme des fastes de la cour du pape Jean XXII. Pétrarque est au service du
cardinal Colonna, le neveu du héros d’Anagni. Le 6 avril c’est Vendredi Saint.
Pétrarque assiste à l’office en l’église Sainte-Claire proche de la résidence
des Colonna. Dans la première travée, il découvre une silhouette de jeune femme
qui le subjugue : « un soleil m’a
brutalement ébloui, » dit-il.
Quand
elle sort de l’église, il la suit dans la foule qui se presse dans la rue en ce
jour de fête. Elle est encore plus ravissante de face. Des sourcils noirs, des
cheveux d’or. Elle sort la tête couverte d’un léger voile, mystérieuse…Elle se
prénomme Laure, fille d’Audibert de Noves et mariée hélas à Hugues de Sade, un
lointain ancêtre du fameux marquis. Le mariage a eu lieu à la chapelle des
Pénitents Blancs de Noves, contrat de mariage du 16 juin 1325 chez le notaire
Raymond Fogasse, avec une dot de 6000
livres tournois à l'O rond, 2 hanits complets, l'un vert, l'autre écarlate avec
fourrure de menu vair, une couronne d'argent de 20 florins d'or, un lit, etc.. - (archi
biblio Noves). Pour certains auteurs, Hugues Le Vieux est un petit seigneur
sans quartiers de noblesse ; il serait chanvrier-toilier comme ses père et
grand-père. Il est riche, possède plusieurs maisons de rapport et un hôtel
particulier rue de Sadoue, immeuble qui porte son nom. Un marchand sans blason
mais à la bourse pleine. Pour d’autres historiens et généalogistes, Hugues est
syndic d’Avignon comme son père, Paul, damoiseau puis chevalier, ce qui parait
plus plausible. Dans cette hypothèse, leur noblesse remonterait à 1304.
La
famille de Laure habite le même quartier, une famille titrée mais pauvre. Pauvreté relative car la dot est importante. Mais dans l’Avignon clinquante, qu’est-ce que la richesse ? Le père de famille est syndic de Noves,
petite bourgade à quatre lieues d’Avignon. Laure avec sa tante Phanette de Gantelmes et plusieurs
autres dames tenaient « cour d’amour » et poétisaient… En 1327 elle a
17 ans. A son décès en 1348 elle aura eu 11 enfants, neuf survivent à leur
mère, six garçons et trois filles.
Plaque commémorative apposée par l'Académie de
Vaucluse sur la façade du couvent Sainte-Claire. - Buste de Laure de Noves (Musée Pétrarque de Fontaine de Vaucluse (84))
Pétrarque qui affirmait haïr la cité papale,
versifia :
Béni soit le jour et le mois et l’année, La saison et
le temps, l’heure et l’instant Et le beau pays, le lieu où fut atteint Par deux
beaux yeux qui m’ont tout enchaîné.
Pendant trois ans Pétrarque
sera tout à son amour. Il écrit des poèmes, des lettres admirables. Laure
« aux blanches mains » sera son inspiratrice, Il cherche à la croiser
dans les rues, aux réceptions, dans des promenades… En 1330 Laure n’a que 20
ans. Elle refuse avec dédain les hommages de notre poète. Elle ne le remercie
même pas lorsqu’il ramasse son gant qu’elle avait laissé tomber. Dans son
manuscrit de Virgile, il nota :
« Laure, célèbre par sa vertu et longuement chantée par mes poèmes,
apparut à mes regards pour la première fois au temps de ma jeunesse en fleurs,
l’an du Seigneur 1327, le 6 avril, à l’église de Sainte-Claire d’Avignon, dans
la matinée. ».
Sa bien-aimée « avait la forme d’un ange »,
« sa démarche n’avait rien de mortel », « ses paroles avaient un
autre son que la voix humaine »… Il est très amoureux. Il
écrit : »moi qui avais au cœur l’étincelle amoureuse, quoi d’étonnant
si je m’enflammais tout à coup ». Pétrarque aime les femmes (« son vil penchant » dit-il)
mais la conception médiévale de l’amour l’attire ; Laure doit le conduire
vers le salut et il se réfugie dans le rêve magnifiant la réalité dans ses
vers. Il composa pour sa bien-aimée 318 sonnets et 98 odes ou chansons.
« Quand je suis tout
entier tourné du côté où luit le beau visage de ma Dame, et qu’il m’est resté
en la pensée la lumière qui me brûle et me détruit en dedans tout entier »
Pétrarque (sanguine de Jacques Le Bouca)
Qui est Pétraque ? « Le
lundi 22 juillet de l’an 1304 au lever de l’aurore, dans un faubourg d’Arezzo
appelé l’Horto je naquis, en
exil, de parents honnêtes, Florentins de naissance et d’une fortune qui
touchait à la pauvreté. »— Pétrarque, Epistola ad Posteros,
(Épître à la Postérité)
Son père notaire est banni de
Florence en 1302 et Francesco Petrarca, en
français Pétrarque passe son enfance
dans le village d’Incisa in Val d’Arno proche de Florence. Son père connaissait
le grand Dante ce qui lui avait valu son bannissement. La famille s’exile
d’abord à Pise, puis Marseille et le Comtat Venaissin. Avignon en 1312,
Carpentras où François étudie avec le maître toscan Convenole de la Prata. Il
écrit à son ami d’enfance Guido Settimo archevêque de Gênes : « Je séjournais quatre ans à
Carpentras, petite ville voisine d’Avignon, du côté du levant, et dans cette
ville j’appris un peu de grammaire, de dialectique et de rhétorique, autant que
l’on peut en apprendre à cet âge et qu’on peut en enseigner à l’école ».
Son père gêné financièrement paie ses études avec quatorze éminées de blé par
an.
En 1314 pour le 1er mai, il est présent à
l’arrivée des 23 cardinaux du Sacré Cœur venu élire un nouveau pape, le futur
Jean XXII, et l’attaque des Gascons de la famille de Clément V le pape défunt. (on peut voir sur ce blog l’histoire des papes d’Avignon). Ambiance, ambiance…
Pétrarque et ses amis |
Après Carpentras, à
l’automne 1316 il suit des cours de droit civil et de mathématiques à
l’Université de Montpellier pendant quatre ans. Il s’y plait « Là-bas aussi, quelle tranquillité avions-nous, quelle paix, quelle
abondance, quelle affluence d'étudiants, quels maîtres ! »Epitre à la
postérité – Lettres familières aux amis--.
Sa mère décède à 38 ans vers
1318-19. Son père en 1320 brûle ses livres, dans une colère dévastatrice.
Pétrarque et son frère Gérard partent alors continuer leurs études à Bologne,
certainement le plus grand centre européen d’études juridiques de l’époque. Ils
y rencontrent les trois fils de la puissante famille des Colonna, Agapito,
Giordano et Giacomo. Famille qui va les soutenir tout au long de leur vie.
François découvre une nouvelle forme de poésie écrite en langue
vulgaire, en toscan et non plus en latin. En 1325 il entre au service de
Giacomo Colonna et de Stéfano Colonna le Vieux son père. Ce dernier sera une
espèce de père de substitution, son propre père étant mort en 1326. Affection,
admiration et reconnaissance en sont témoignées dans les écrits de Pétrarque
dans les Correspondances. François, 22 ans, et son frère reviennent à Avignon
vers avril 1326, attirés par la Cour Pontificale.
Pétrarque a définitivement abandonné le droit et se fait
remarquer ainsi que son ami Giacomo Colonna pour leur élégance, leur éloquence,
leur prestance. François va dès lors s’adonner à une activité littéraire et
montrer un talent qui lui vaudra une réputation prometteuse dans une société
courtoise et raffinée. « Là, je commençai à être connu et mon amitié fut recherchée par de
grands personnages. Pourquoi ? J'avoue maintenant que je l'ignore et que
cela m'étonne ; il est vrai qu'alors cela ne m'étonnait pas car, selon la
coutume de la jeunesse, je me croyais très digne de tous les honneurs. »— Épître à la Postérité
Les deux frères pour vivre et percevoir des revenus ecclésiastiques
vont recevoir les ordres mineurs. Gérard devenu veuf en 1342, entra à la chartreuse
de Montrieux, clerc rendu donc non astreint à la clôture. Les deux frères
restèrent proches. Gherardo deviendra chanoine à Lombez, où leur ami Giacomo
Colonna est évêque en 1330. François, par envie ou par dépit de ne pas être
aimer, va voyager de 1330 à 1333, Paris, Liège, Aix-la-Chapelle, la Flandre, la
Rhénanie, les Ardennes, Lyon, l’Italie….. Mais chaque soir il écrit, il pense à
Laure.
Il entre au service du cardinal Giovanni Colonna à
Avignon. Mais la ville ne lui plait pas, nouvelle Babylone. « Ô Avignon,
est-ce ainsi que tu vénères Rome, ta souveraine ? Malheur à toi si cette
infortunée commence à se réveiller ! ». « La
Cour d’Avignon [était] un gouffre dévorant que rien ne peut combler »
« l’enfer des vivants, l’égout de la terre, la plus puante des
villes », « la patrie des larves et des lémures », « la
ville la plus ennuyeuse du monde « ou bien « le triste foyer de
tous les vices, de toutes les calamités et de toutes les misères ». Il n’est pas tendre avec les
cardinaux français de la ville, en particulier un qui « [pesait] de tout son poids sur les malheureuses chèvres et ne
[dédaignait] aucun accouplement », dénonça son alter ego qui
« [troublait] tous les enclos et ne [laissait] aucune chèvre dormir
tranquillement pendant la nuit somnifère », fustigea un autre qui
« n'[épargnait] pas les tendres chevreaux ».
D’un autre, le poète nous raconte que le barbon en
plus simple appareil, dut coiffer son chapeau de cardinal pour convaincre une
jeune prostituée qu’il était bien membre du Sacré Collège. « Ainsi ce vétéran de Cupidon,
consacré à Bacchus et à Vénus, triompha de ses amours, non en armes, mais en
robe et en chapeau. Applaudissez, la farce est jouée. »
Laure de Sade - Noves |
Pétrarque revoit Laure à l’intronisation
du pape Benoit XII, en 1334. Un vêtement pourpre parsemé de roses et bordé
d’azur l’enveloppe. Elle le regarde et lui sourit pour la première fois. Il se
croit aimé, son cœur s’envole. Mais Laure est malade, de consomption, faisant suite à une phtisie, cette
sorte de tuberculose pulmonaire qui aurait peut-être été occasionnée par
l'épuisement dû à des accouchements répétés. Elle ne va plus quitter le château
de Caumont au bord de la Durance.
Le poète se lance dans la politique, soutient les Français contre les Anglais, se met au
service du prince Humbert de Vienne…. Il parait guéri de Laure, du moins il le
dit. En 1338 il revoit Laure, pâle, amaigrie. Le feu jamais éteint se ravive.
Elle promet de venir le voir à Vaucluse, en vain. En 1348, en ambassade auprès
du roi Louis de Hongrie, il est à Parme où il apprend la mort de sa muse,
probablement de la Grande Peste qui ravage Avignon et ses environs. Elle avait
38 ans, enceinte de son 11è ou douzième enfant. . Morte
à 6 heures du matin. Sa tombe sera ouverte à la demande du roi François Ier qui lui commanda un mausolée,
puis fut pillée et profanée en 1791. « la
mort paraissait belle sur son beau visage ». Peu de temps après, en
juillet, son ami et protecteur Giovanni Colonna meurt aussi de la peste. A
Avignon-même 7000 maisons sont vides, devant le fléau les habitants se sont
enfuis dans la campagne environnante.
Laure, mythe poétique, femme de chair et de sang ? Certains
se sont posé la question. Elle parait bien réelle dans les écrits du poète. En
1336 Pétrarque rencontre Simone Martini qui décore le Palais des Papes. Il lui
demande deux médaillons à son effigie et à celle de Laure, (C. F. Trachse). Tous les deux apparaissent
sur une fresque « Le Baptême » d’une chapelle napolitaine de Sancta
Maria dell’Incoronata de Naples. François écrit en 1338 à son ami Giacomo (Epistolæ metricæ, I, 6,) « Il
est dans mon passé une femme à l'âme remarquable, connue des siens par sa vertu
et sa lignée ancienne et dont l'éclat fut souligné et le nom colporté au loin
par mes vers. Sa séduction naturelle dépourvue d'artifices et le charme de sa
rare beauté lui avaient jadis livré mon âme. Dix années durant j'avais supporté
le poids harassant de ses chaînes sur ma nuque, trouvant indigne qu'un joug
féminin ait pu m'imposer si longtemps une telle contrainte ».
Depuis
1338, il s’est réfugié sur les berges de la Sorgue à la fontaine de Vaucluse.
Il y mène une vie loin de ses obligations mondaines, une vie de poésie, de
réflexion. La solitude et la religion lui apportent un peu d’espérance. Paix, méditation,
ses arbres à tailler, son jardin …Il va y séjourner régulièrement jusqu’en
1353. Il s’explique dans ses Familiarum rerum :
« Ici
j’ai fait ma Rome, mon Athènes, ma patrie». Dans l'une de ses lettres à
l'évêque de Cavaillon, Pétrarque explique les raisons de son amour pour la Vallis Clausa : « Exilé
d'Italie par les fureurs civiles, je suis venu ici, moitié libre, moitié
contraint. Que d'autres aiment les richesses, moi j'aspire à une vie
tranquille, il me suffit d'être poète. Que la fortune me conserve, si elle
peut, mon petit champ, mon humble toit et mes livres chéris ; qu'elle
garde le reste. Les muses, revenues de l'exil, habitent avec moi dans cet asile
chéri. » « Aucun endroit ne convient mieux à mes études. Enfant,
j'ai visité Vaucluse, jeune homme j'y revins et cette vallée charmante me
réchauffa le cœur dans son sein exposé au soleil ; homme fait, j'ai passé
doucement à Vaucluse mes meilleures années et les instants les plus heureux de
ma vie. Vieillard, c'est à Vaucluse que je veux mourir dans vos bras. »
De ses nombreux voyages il retrouve les Correspondances de Cicéron que l’on
croyait perdues. Il souhaitait relancer et poursuivre la recherche des auteurs
classiques de toutes disciplines. Grâce à ses amis de toute l’Europe, il
retrouve des textes latins des anciens enfouis dans les bibliothèques des
abbayes, des particuliers ou des villes. Ces manuscrits sont copiés et
deviennent accessibles à tous. Il est reconnu comme un érudit, un humaniste qui
compte parmi les premiers grands auteurs de la littérature italienne.
Perfection de sa poésie, lyrisme et érudition, style, vocabulaire…
En 1340 la Sorbonne à Paris et le Sénat de Rome lui
propose la couronne de lauriers pour son apport à la redécouverte des textes
anciens. Pétrarque choisit Rome pour être honoré par Robert d’Anjou roi de
Naples et comte de Provence. Ces lauriers le
déçoivent ; il lui semble qu’ils lui apportent « beaucoup d’envie et
aucune lumière ».
Il aura deux enfants naturels, un garçon
et une fille. Jules Courtet, le premier
historiographe du Vaucluse, dira « Pétrarque n’aima que Laure. C’est possible, sauf
la distraction ». Son fils Giovanni meurt aussi de la peste.
Il écrit un traité sur le repos des
religieux dédié aux chartreux de Montreux, une histoire romaine, des poèmes,
des chants d’amour rassemblés dans Rimes et surtout Canzoniere. Il est
impossible de citer tous les textes de Pétrarque, une somme de travail
impressionnante. Laure disparue, son amour devient un chemin qui le conduit
vers Dieu. Foi, méditation, profondeur, un travail intérieur …
Il écrit à Francesco Nelli, prieur de l'église des
Saints-Apôtres à Florence au sujet de ses séjours à
Vaucluse : « J'ai acquis là deux
jardins qui conviennent on ne peut mieux à mes goûts et à mon plan de vie.
J'appelle ordinairement l'un de ces jardins mon Hélicon transalpin, garni
d'ombrages, il n'est propre qu'à l'étude et il est consacré à notre Apollon.
L'autre jardin, plus voisin de la maison et plus cultivé, est cher à Bacchus »
(musée Pétrarque Fontaine de Vaucluse, emplacement supposé
de la maison de Pétrarque)
Il souhaite que la papauté retourne à Rome pour que
cette ville retrouve tout son lustre. Clément VI, après Benoit XII, refusa mais
accorda aux Romains un jubilé pour 1350. « Rome, la capitale du monde,
la reine de toutes les villes, le siège de l'empire, le rocher de la foi
catholique, la source de tout exemple mémorable. ». Pétrarque se vengea du refus du pape
avec quelques grinçantes « clémentines ».
(Laure dans toute sa froideur)
Ses poèmes allaient faire pendant des siècles le tour
du monde. Laure et Pétrarque entrèrent dans l'imaginaire amoureux. L’impossible
amour de Messer Francesco pour Madonna Laura avait, de toute
éternité, trouvé son cadre sur les rives de la Sorgue. Il avait suffi de la
magie d’une rencontre pour que le génie d’un des plus grands poètes puisse le
magnifier. La Fontaine de Vaucluse est le lieu où germèrent les Épitres,
mais c’est surtout la vallée dans laquelle l’esprit de Pétrarque vagabonda
« de pensée en pensée, de monts en
monts ».
En 1353 il quitte Vaucluse pour l’Italie. Au bon moment car le jour de Noël des pillards
envahissent la Vallis Clausa et brûle la maison du poète. Il avait semble-t-il
détruit une partie de sa bibliothèque avant de partir.
Enluminure Pétrarque et le V de Vaucluse |
On lui propose d’enseigner à l’Université de
Florence et de rentrer en possession des biens paternels. Boccace joue les
intermédiaires, en vain. Pétrarque ne retournera jamais à Florence qui l’avait
rejeté enfant, lui et sa famille. Ambassadeur des Visconti, Pétrarque séjourne
à Milan, Padoue, Prague, Venise…Puis Acqua, en 1370, dans les Monts Euganéens, dans
la province de Padoue en Vénétie, avec sa fille et sa famille. C’est là qu’il
meurt en 1374 et non à Vaucluse comme il l’avait souhaité
jadis. Il est terrassé par une crise d’apoplexie à un peu plus de 70 ans. Légende
ou réalité, dans son dernier souffle un nom murmuré « Laure ». Il a
eu le temps de voir la papauté se réinstaller à Rome comme il le souhaitait.
(sa maison à Acqua, maintenant musée)
La romance de Laure et de
Pétrarque est une page de notre patrimoine à maintes reprises chantée, jouée,
écrite, copiée.
Cela ne pouvait se passer qu’aux bords de la Sorgue. La Fontaine de Vaucluse
est un des rares lieux du monde où l’on arrive indifférent et d’où l’on repart
différent. Et le voyageur espère secrètement que le mystère de cette source ne sera
jamais dévoilé…
Jacques de
Sade écrivit « ses Mémoires pour la vie de François Pétrarque » où il
démontrait l’existence de Laure. Voltaire à sa lecture en 1764, ne put
s’empêcher de grincer en vieux misogyne qu'il était :: « Vous
remplissez, Monsieur, le devoir d'un bon parent de Laure et je vous crois allié
de Pétrarque, non seulement par le goût et les grâces mais parce que je ne crois point du tout que Pétrarque ait
été assez sot pour aimer vingt ans une ingrate ». Jaloux Voltaire ?
le gouffre de la Sorgue |
Sources : Claude Mossé
Histoires de l’Histoire le Bas Moyen Age
édit Acropole 1981ISBN 2-7144-1437-0 – Michel Peyramaure La Tour des
Anges édit Robert Laffont janv 2000
ISBN2-221-08259-1 --sur ce blog les Papes d’Avignon : Jean XXII 27/10/2017
– Pourquoi un pape à Avignon 15/10/2017 – Benoit XII 19/11/2017 – Clément VI
22/1/2018 – Boniface VIII la Gifle d’Anagni – Clément VI 22/1/2018 – Jules II
et les Indulgences 13/3/2018 – photos Vaucluse
collec privée -- Sources généanet Pierfit Personne: Déméter (Annuaire de la Pairie - Borel 1864 T21 p162 et La
Chesnaye 1784 T14 2e Supplément p558)--Famille: Déméter (Annuaire de la Pairie
- Borel 1864 T21 p162)—horizon-provence internet – musée Pétrarque Fontaine de
Vaucluse et musée Pétrarque Acqua –Laure et Pétrarque villes de Noves noves.fr –
wikimedia --A. Artus et M.
Maynègre, La Fontaine de Pétrarque,
n° spécial consacré au 700e anniversaire de la naissance de François Pétrarque,
Avignon, 2004.-- Lettre de Voltaire CXLVI à
M. le comte de Sade. Ève Duperray, François
Pétrarque, (1304-1374) avec traduction en italien de Roberto Lisciandro,
Éd. Musée Pétrarque, Fontaine-de-Vaucluse, 1987.-- Abbé de Sade, Mémoires pour la vie
de François Pétrarque, tirés de ses œuvres et des auteurs contemporains avec
les notes ou dissertations et les pièces justificatives, T. I à III,
Amsterdam-Avignon, 1764-1767.-- Abbé Costaing de Pusignan, La Muse de Pétrarque dans les collines de
Vaucluse ou Laure des Baux, sa solitude et son tombeau dans le vallon de Galas.
Paris-Avignon, 1819.-- Stéphanie-Félicité, comtesse de Genlis, Pétrarque et Laure, Paris, 1819.-- Laure de Noves Marc Maynègre membre de l'Académie de Vaucluse (archives) --
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