jeudi 25 octobre 2018

Terroristes en 1943




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Terroristes en 1943

Vincent Faïta et Jean Robert sont guillotinés en avril 1943 à Nîmes.
La propagande de Vichy traite de « bandits » « terroristes » des hommes et des femmes qui refusent la défaite de 1939-40 et la collaboration. Ces héros de l’ombre savent que la liberté aura un prix, souvent la torture et la mort. Deux d’entre eux finiront leur vie à Nîmes en 1943.
Vincent Faïta est né en mai 1918 en Italie à La Spezia. Son père est militant antifasciste dans l’Italie de Mussolini et la famille doit fuir la répression des Chemises Noires. Ils s’installent à Marseille. A 16 ans Vincent s’inscrit aux Jeunesses Communistes. Il fait connaissance de Jean Robert, tous les deux appartenant à la cellule Saint-Just du quartier du Malpassé à Marseille. Il est ajusteur-outilleur, syndicaliste CGT. .Dès 1939, Vincent passe dans la clandestinité.
Jean Robert naît à Marseille en juillet 1917. Son enfance est fortement marquée par la guerre de 1914-18. Engagement syndical, politique au sein des Jeunesses Communistes. Il travaille en usine comme ouvrier bobineur-électricien. Il participe aux grandes grèves de 1936-1938. Occupations d’usines, défilés, vente du journal du Parti… Il se marie le 1er août 1939 avec Marguerite Charmasson, peu de temps avant la déclaration de la guerre. Le Parti Communiste est interdit et trop en vue, Jean Robert décide de rentrer lui aussi dans la clandestinité en février 1940. Il s’installe à Nîmes sous le nom de Claude Rossi. Le 31 décembre 1941 il est arrêté une première fois.
 (fort St Nicolas Marseille-photoDominique Lenoir) 
Interrogatoires musclés, torture, il tient bon et le 27 janvier 1942 il s’évade du fort Saint Nicolas de Marseille. Jean Giono et Habib Bourguiba ont été aussi incarcérés dans cette prison  à  cette époque.
Puis c’est au tour de Vincent d’être arrêté et incarcéré au camp de Maussac en Dordogne.



(Marseille Bundesarchiv janvier 1943)







Déportation de la communauté juive-Marseille gare d'Arenc Bundesarchiv janvien 1943





Jean Robert en mai 1942 fonde avec trois autres camarades dont le frère aîné de Vincent, Eddo, le premier groupe de Francs-Tireurs et Partisans (FTP) de la zone sud. Distribution de journaux clandestins, fournitures de faux papiers, combattre la propagande de Vichy…la lutte est engagée. Puis c’est le temps de la Gestapo en zone sud fin 1942.

CASQUE DEFENSE PASSIVE MODELE 1926 TRIANGLE VERT VILLE DE NIMES 1939/1945www .militaria-medailles.fr/fr/militaria-armee-francaise-39-45/7831
Début 1943, Vincent Faïta réussit à s’évader lors d’un transfert. Les deux amis se retrouvent au sein du même maquis FTP. Mais le 2 mars 1943 Vincent est de nouveau arrêté sur le quai de la gare de Nîmes lors d’un banal contrôle d’identité. Les fonctionnaires font la sourde oreille à ses arguments, il sort un revolver et blesse l’un d’eux. Il s’enfuit, mais il est dénoncé et il est écroué. C’est la section des affaires politiques de Marseille qui est en charge du dossier. Jean Robert tente le tout pour le tout pour libérer ses camarades lors d’un transfert à la maison d’arrêt de Nîmes. En vain…Reconnu par un gardien de la paix en civil avant d’agir, il est arrêté à son tour. C’est la police française qui l’arrête. Interrogatoires, tortures entre les mains de la section spéciale de la cour d’appel de Nîmes. Cette section, SAP, mise en place par Vichy dès le 14 août 1941 juge les communistes et les anarchistes ou qualifiés comme tels. La peine capitale est au bout. Le 29 mars 1943 Vincent et Jean sont condamnés rapidement à la guillotine. Quatre de leurs camarades sont condamnés à la réclusion à vie : Louise Sauze épouse Maurin, André Morel, Fernand Chabert, Jean Casazza, "en vue d’une activité communiste".
Jean écrit à ses parents : « Surveillé sans cesse par des gardiens, dans un cachot tout noir, j’ai de grosses chaînes aux pieds comme les pires assassins…Je vous quitte pour toujours… Je suis sûr que, pour quelques Français injustement mis à mort, ce sont des centaines, des milliers de patriotes qui se lèveront pour la relève, non pas celle pour forger des armes de guerre, pour exploiter et piller les pays vaincus, mais celle pour mener le bon combat de chaque peuple… »

La guillotine est montée dans la cour de la maison d’arrêt, au 1 du boulevard des Arènes à Nîmes, le 22 avril. Le bourreau, Jules Desfourneaux, est arrivé de Paris avec son équipe et sa machine. Les deux résistants demandent l’autorisation de s’embrasser une dernière fois, accordée par le procureur, mais mal vu par l’exécuteur des Hautes œuvres. Lorsque ils sont emmenés au greffe, toute la prison entonne « La Marseillaise ». Il est 6 h 20. Ils crient Vive La France !! Le couperet tombe. Le lendemain le journal L’Eclair titre « Deux Terroristes exécutés à Nîmes »…


Le 14 octobre 1943, une section du maquis Gabriel-Péri à Montjardin dans l’Aude prend le nom de maquis Jean Robert et un autre groupe devient le maquis Faïta. Quelques mois plus tard ces deux groupes fusionneront dans la région de Salvezines et pénétreront ensemble dans la ville de Limoux abandonné par les troupes d’occupation.




 Le bâtonnier Charles Bedos sera leur avocat devant cette cour de justice expéditive avec son confrère Maurice Delran. En représailles Charles Bedos est arrêté par la Gestapo en 1943. Il se retrouve au camp de Royallieu-Compiègne, puis à Mauthausen en Autriche le 22 mars 1944. Il est affecté au Kommando Ebensee.







camp de Royallieu-Compiègne


Photo AJPN—camp de Mauthausen --

fours crématoires de Mauthausen





wikipedia- Mauthausen-Ebensee-1945 Survivants

"Lorsque la faim nous torturait, et que l’épuisement nous abrutissait, je vous revois encore assis sur votre châlit ... nous racontant de votre voix étonnamment jeune, claire et énergique, quelques causes célèbres des annales judiciaires. C’était alors l’oubli pour un moment, de notre condition d’esclave, c’était l’évasion spirituelle." écrit un compagnon de Charles Bedos.
A son retour, Charles Bedos fit un discours dans les arènes de Nîmes, le 1er septembre 1945. "De l’impossibilité de décrire".

On ne peut se faire une idée, hormis ceux qui sont passés par là dit-il. Il parle des wagons où ils sont entassés à 220, des bruits, des cris, des odeurs, des actes d’anthropophagie, des fours crématoires, de l’avilissement, de la détresse, du désespoir des juifs d’Auschwitz- Birkenau qui alimentaient les chambres à gaz et les fours crématoires.

L’angoisse permanente, hallucinante, devant la badine du SS à l’infirmerie, désignant le déporté pour le car qui allait vers la mort.
La famine, les atrocités, pas d’eau, les coups, le travail 10 heures par jour, le froid, les Kapos

Une punition collective, la nuit du 26 au 27 novembre 1944, par moins 6 à moins 10 degrés, 8 heures de suite, nus. Les amusements des SS... la pendaison en musique.
"Faites la nouvelle France comme nous l’avons rêvée et comme nous l’avons aimée !"


 "Défilé du régiment des partisans arméniens a Nimes à la libération, Chef d'Etat-major TITANIAN, Commandant du régiment KAZARIAN,

Nîmes est libérée fin août 1944, 600 FTP entre dans la ville suivis quelques jours plus tard par les troupes alliées. Une bonne partie des FTP de Nîmes est constitué d’Espagnols, d’Indochinois, Polonais, Russes et Allemands anti-nazis. Mais avant, des otages seront pendus en mars par les SS de Bittrich. (voir ici sur le blog : Gestapo Insulte anodine ? Les Pendus de Nîmes 02-04-2017)

Puis en août-septembre ce sera le temps de l’épuration, violente, justice punitive, expéditive, explosive, parfois vengeresse dans un pays désorganisé, traumatisé, en colère. Et comment réagir devant tant d’horreur, de culpabilité ? 
Teussier, devenu par la grâce des événements commandant Boulestin, ivrogne notoire et vendeur ambulant de cacahuètes et de lacets, organise des tueries sur la place des arènes de la ville le 28 août 1944. La bête est lâchée, jusqu’à fin septembre. Qui sommes-nous pour juger ? Violence qui ne doit pas faire oublier l’héroïsme, le courage des vrais résistants, des vrais engagés dans la lutte contre l’occupant et la collaboration. C’est dans de telle situation que l’être humain se révèle dans sa grandeur et sa petitesse…




decouverte-cevennes.fr-maquis anti-fascistes allemands en Cévennes- Florance Arnaud




Sources : Jean Michel Cosson- Gisèle Vigouroux  Les Grandes Affaires Criminelles du Gard édit De Borée 2008—ISBN 978-2-84494-676-8 – maquisftp-jeanrobert-faïta.org/wp-content/uploads/2011/09---FTP CNRD 2018 « S’engager pour libérer la France » --Olivier Goujon et Jean-Paul Boré, Cérémonies d’hommages au Bâtonnier Charles Bedos.De la défense de Jean Robert et Vincent Faïta à la déportation-Palais de justice de Nîmes : 11 décembre 2008 , 29 mars 2010—fondationmemoiredeportation.com/boutique/ceremonies-dhommage-au batonnier-charles-bedos—afmd.asso.fr/IMG/pdf/--Jean Ker Le Carnet Noir du bourreau édit G de Villiers 1989--  --Khokholkoff Nathalie La Section spéciale près la cour d’appel de Nîmes, mémoire de D.E.A., Histoire du droit, Paris 2, 2002, dact., 168 p.-- http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article50192- musée de la Résistance Marseille museedelaresistanceenligne.org/media3030---Marseille : Mémorial des Camps de la Mort  Quai Louis Brauquier (au pied du Fort Saint-Jean)  13002 Marseille  --Fontaine-de-Vaucluse : Musée d’Histoire Jean Garcin : 1939 – 1945  l’Appel de la Liberté Chemin du gouffre 84 800 Fontaine de Vaucluse--- sur ce blog Les Pendus de Nîmes 2/4/2017-- .objectifgard.com/.../souvenir-vincent-faita-jean-robert-et-le-batonnier-charles-b...—Gérad Jean limoux.pagesperso-orange.fr/rue27.htm--Aimé Vielzeuf  Au Temps des longues nuits  Ateliers Henri Peladan Uzès 1969 –Libération hebdomadaire  organe du Comité local de la libération Limoux 17 septembre 1944 –wikipedia Histoire de Nîmes—photosAJPN - /resitance-blog4ever.blog4ever.com/la-chasse-aux-collaborateurs -----Anthony Verdot-Belaval AFP Paris Match |

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