Olivier
de Serres : un agronome novateur
(Dessin à la plume d’Olivier de Serres,
de facture très moyenne, réalisé par son fils Daniel. La gravure est une
interprétation tardive. Ses portraits montrent un homme souriant, au regard intelligent mais bon-enfant).
Olivier de Serres est né et
mort à Villeneuve-de-Berg dans nos anciennes Cévennes, en Ardèche méridionale.
Dans une époque charnière de notre Histoire : 1539 à 1619. Nous sommes en
pleine guerre civile ou religieuse, catholiques contre protestants, Valois
contre Bourbons, une passation de pouvoirs dévastatrice de François 1er
à Henri IV, les guerres sans fin de François 1er. C’est aussi la période des
grandes découvertes, Jacques Cartier et le Québec, le développement de
l’imprimerie, l’usage du français dans les actes officiels, les interrogations
spirituelles, la Renaissance artistique installée…. C’est l’époque des Bernard
Palissy, des Ambroise Paré…. Des chocs de civilisation....
Les Desserrres ou de Serres, une
famille de drapiers et marchands de tissus, qui joue un rôle important dans la
vie publique de la région. Le père d’Olivier, Jacques est 1er consul
de la ville de Villeneuve de Berg, élu à l’unanimité en 1533. Il décède en
1546, Olivier n’a que 7 ans. Les enfants de Serres (Desserres) de par l’aisance
financière et intellectuelle de leur famille vont étudier avec un précepteur
privé. Olivier étudie le latin, le grec… peut-être à Valence. Il va voyager
pendant quelques temps, Italie, Allemagne, France. Une grande curiosité, une
soif de comprendre.
Son frère Jean probablement
plus connu que lui en son temps est pasteur et théologien à l’académie de
Genève en 1559 sous le nom de Jeannus Serranus Vivariensis. Pasteur de Jussy à
Genève, principal du collège de Lausanne dans le canton de Vaud en Suisse où il
rencontre les Français venus étudier. Il
a connu et étudié avec le recteur Théodore de Bèze. Il traduit Platon ce qui
établira sa réputation. Il réforme le collège des arts de Nîmes en 1579. En
1589 il devient pasteur d’Orange après Montélimar. Il est un des quatre
pasteurs qui accompagnent Henri IV lors de sa conversion au catholicisme. Il
devient historiographe du roi de France. Le roi qui a confiance en lui l’envoie
de par le pays et aussi à l’étranger pour essayer de rapprocher catholiques et
protestants. Il décède en mai 1598 à Orange ou pour certains historiens à
Genève à l’âge de 58 ans. Il s’était marié en Suisse avec Marguerite Godary,
avec une autorisation des instances officielles, la mariée paraissant moins que
ses 14 ans déclarés. Ils auront 9 enfants. Nous lui devons un « Inventaire
général de
l’Histoire de France » de 1597.
Puis à 19 ans en 1557 Olivier
achète le domaine du Pradel situé à Mirabel dans la Basse-Ardèche. Pour 3828
livres, un peu plus d’une centaine d’hectares d’un seul tenant, des moulins
ruinés, un mas fortifié flanqué de deux tours, entouré de deux ruisseaux. En
1571 il achète les droits de haute, moyenne et basse justice sur son domaine. Il devient
seigneur du Pradel (et
co-seigneur de Coussignac,Saint-Marcel et Saint-Montant) et ses
armes sont « D'argent au
chevron d'azur, chargé de trois étoiles d'or, accompagné de trois trèfles de
sinople. Couronne de marquis. Supporté par deux aigles ». La
devise « cuncta in tempore » ou toute chose en son temps figure sur
la 15ème édition de son traité d’agriculture est probablement de son
éditeur Jean Berthelin de Rouen. Olivier de Serres partage alors ses activités
entre l'exploitation du domaine, le diaconat de l'église réformée de Berg et
l'éducation de ses 7 enfants. Il aidera un temps sa mère veuve dans son
commerce de tissu.
Sur son domaine, Olivier va
étudier de manière scientifique les techniques agricoles du moment pour en
améliorer les rendements par l’expérimentation en une période où les hommes se
battent, brûlent les récoltes, fuient et se cachent devant la soldatesque. On
se souvient de lui surtout pour son travail sur les vers à soie. Mais il a
étudié bien d’autres domaines de cultures. Précurseur de la permaculture et de
l’utilisation du mûrier dans notre pays, il va s’intéresser aussi à la vigne, à
l’extraction du sucre de betterave, aux arbres fruitiers. Il amène de nouvelles
cultures comme le maïs, le houblon, le tabac, le coton, la garance, le safran,
la tulipe, le riz mais aussi l’expérimentation de la pomme de terre.
Il cherche à vérifier, à
valider ou non les pratiques ancestrales des paysans, les écrits des agronomes
qui l’ont précédé, en particulier les romains Caton, Columelle, Palladius,
Pline l’Ancien… Ne dit-on pas que les Romains après la prise de Carthage se
sont réservés pour eux les livres d’agriculture et abandonnèrent le reste au
pillage soldatesque ? Ses convictions protestantes lui font afficher une
foi avant tout dans le travail de l’homme tourné vers la nature, la terre. Pour
lui la culture de la terre est inséparable d’une réflexion sur l’usage que
l’homme en fait. (pour la gloire de Dieu ou non) .Aux portes d’un monde où l’on se bat
pour affirmer un pouvoir sur le royaume ..Un autre précurseur Charles
Estienne qui publie en 1564 "L’Agriculture et Maison Rustique".
Olivier met en valeur ses
terres en testant des innovations : drainage, irrigation, compostage des
déchets organiques, soufrage de la vigne, suppression de la jachère….
Jusqu’alors, on alternait les cultures pour permettre au sol de se
régénérer : c’était l’assolement triennal ; une première année des céréales
d’hiver comme le froment, l’année suivante des céréales de printemps comme
l’orge, la troisième année la terre était laissée au repos en vaine pâture pour
nourrir les animaux du village. Olivier propose pour cette troisième année des
plantes fourragère, comme la luzerne pour son azote fertilisant les sols et
pour nourrir le bétail… Dans son traité le « Théâtre d’Agriculture et
Mesnage des Champs », édition de 1600, il écrit sur les pommes de
terre : "cartoufle: cet arbuste dict cartoufle, porte fruict de mesme nom,
semblables à truffes, et par d'aucuns ainsi appelé. Il est venu de Suisse en
Dauphiné, despuis peu de temps en ça. La plante n'en dure qu'une année, dont en
faut venir au refaire chacune saison". » Quant au goust, le cuisinier les appareille de
telle sorte, que peu de diversité y recognoist-on de l'un à l'autre."
Le titre de
son ouvrage en dit long sur ses intentions :« Le
Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs, d’Olivier de Serres, seigneur du
Pradel, dans lequel est représenté tout ce qui est requis et nécessaire pour
bien dresser, gouverner, enrichir et embellir la maison rustique ».
Il s’intéresse aussi à l’outillage agricole. Il
invente le rouleau à pointe le rustique semoir en ligne à profondeur constante.
Des plantes en provenance d’Amérique sont expérimentées surtout grâce à ses
aménagements hydrauliques, comme la canne à sucre, le coton, la tomate.
"Les pommes d'amour [les tomates], de merveille, et dorées,
demandent commun terroir et traictement, comme aussi communément, servent-elles
à couvrir cabinets et tonnelles, grimpans gaiement par dessus, s'agrafans
fermement aux appuis. La diversité de leur fueillage, rend le lieu auquel l'on
les assemble, fort plaisant : et de bonne grace, les gentils fruicts que ces
plantes produisent, pendans parmis leur rameure. [...] Leurs fruicts ne sont
bons à manger : seulement sont-ils utiles en la médecine, et plaisans à manier
et flairer." "
Il raconte ses
expériences, il conseille, dans son « Théâtre d’Agriculture et Mesnage des
Champs ». Mesnage ici dévoile sa réflexion qui concerne l’économie
domestique, l’ordre et la dépense de la maison ; c’est la même racine que
le « manager » anglais, la ménagère-maîtresse de maison en français… « Théâtre »
signifie recueil, anthologie des procédés techniques les plus remarquables.
(Olivier de Serres
(1539-1619) © S.H.P.F.)
Dans ce traité,
des descriptions d’espèces, des conseils de culture et d’entretien, des plans
d’aménagement comme les broderies de buis. Pour lui le jardin est divisé en
quatre parties : le potager, les
fleurs, le jardin médicinal, le verger. Il manifeste un grand sens de la
pédagogie : le jardin est le lieu de production alimentaire et médicinale,
mais aussi fournit un plaisir des yeux et des sens. Il s’intéresse aussi à
l’ »art de commander » : le fermier doit se lever tôt le matin
pour donner l’exemple à ses ouvriers, domestiques et manœuvres ; il doit
les bien payer, les bien nourrir pour être bien servi. Pendant les veillées ou
les périodes où les travaux des champs le permettent, on fabrique des paniers,
des corbeilles, on répare ce qui doit l’être…… On doit traiter charitablement
ses domestiques, les assister s’ils sont malades ou blessés et ne pas les
renvoyer dans cet état. A la fin de l’année il est bon de leur donner une
petite gratification en plus des gages s’ils ont bien travaillé et eu une bonne
conduite. Par contre ne pas retenir les domestiques qui « auront mal
servi »…. Nous ne pouvons ici en tirer que quelques
exemples, qui nous parlent actuellement.
Le roi Henri IV se
faisait lire chaque jour un chapitre de ce traité agronomique. Olivier
écrit : La science ici sans
usage ne sert à rien ; et l'usage ne peut être assuré sans science »
Ce fabuleux
traité (plus de mille pages) sera l’objet de huit éditions ou réimpressions du
vivant d’Olivier de Serres et 19 rééditions de 1600 à 1675. La Révocation de
l’Edit de Nantes de 1685 va faire taire ce précurseur, à une époque où pourtant
l’agriculture allait très mal. L’ouvrage sera enfin réédité sous l’impulsion de
Pierre Bénézech et François de Neufchâteau sous le Directoire.
De son mariage en juin 1559
avec Marguerite d’Arcons, fille d’un docteur en droit, ils ont sept enfants,
quatre garçons, avocats, juge, docteurs en droit, et trois filles mariées à un
clavaire du Roi, à un procureur du parlement de Castres, dans la bourgeoisie…
En 1561 Berg n’a pas de
pasteur et Olivier est chargé en janvier de se rendre à Genève pour chercher
« un fidèle ministre pour les enseigner en la parole de Dieu ». Ce
sera Jacques Beton (ou Jacques Besson) qui arrive avec femme et enfant en mars
1561 logés au Pradel jusqu’au 15 août. Le pasteur est aussi mathématicien et
ingénieur. Le « livre de raison » d’Olivier fait apparaître l’achat
de vêtements pour le pasteur et sa famille, des dépenses pour lui réparer un
logement. Il achète aussi une corde neuve pour la cloche du temple. Donc nous
pouvons penser que les offices peuvent avoir lieu et que le pasteur fait
l’affaire. Son livre de raison comme
c’est souvent le cas chez les protestants, nous raconte sa vie de famille, ses
achats, ses pensées intimes.
L’harmonie ne dure pas. Les
événements le rattrapent. Le 2 mai 1562 les consuls de Villeneuve les Berg
décrètent et procèdent devant notaire à la « cancellation »
c’est-à-dire la rupture du contrat par lequel le curé de la paroisse avait
l’usage des vases et ornements sacrés de l’église catholique romaine. Les
calices, croix, reliquaires, chasubles ornées d’or… sont saisis et confiés à Olivier
de Serres, puis vendus en 1567 pour 380 livres à un orfèvre de Montélimar.
Personne ne voulait en assurer la garde et on ne savait pas trop qu’en
faire : attendre un retournement de situation et une renaissance de
l’église catholique dans la ville, ou un affermissement de l’église réformée et
ses principes ?? En 1562 nous sommes encore aux débuts des guerres de
religion.La somme est confiée à Olivier qui ne la rendit jamais : il avait
fait diverse dépenses pour la communauté de Villeneuve et il se paya sur cette
somme. Après sa mort, presque cent ans plus tard, sa famille la rendit au
prieur de la ville. Constantin de Serres son arrière-petit-fils après un
procès, remboursa la valeur des objets confisqués.
(Médaille portant le portrait
d'Olivier de Serres par Alphonse Desaide)
Agrippa d’Aubigné dans son
«Histoire Universelle » nous raconte la prise de Villeneuve de Berg le 2
mars 1573. Olivier de Serres y participe. Mais quel a été son rôle dans le
massacre d’une trentaine de prêtres catholiques réunis ce jour-là pour un
synode diocésain ? A ce jour nous n’avons pas la réponse. Par contre il
participe la veille à une réunion de notables protestants de la ville pour
décider de la somme à verser au capitaine
Ponchot qui par traitrise devait ouvrir de l’intérieur les portes de
Villeneuve. Après l’attaque, on ne sait pas quoi faire de cette somme promise,
le capitaine étant mort dans l’attaque. Un créancier se présente et se paiera
sur le prix de la trahison.
La famille s’est installée
définitivement au Pradel en août 1578. Mais Paris et la notoriété attend notre
Olivier.
Son frère Jean décède le 19
mai 1598, probablement d’un empoisonnement ou d’un épisode de peste, sa femme
le suit dans la mort quelques heures après. Olivier est
nommé tuteur des 9 enfants du couple avec un autre membre de la famille.
Le Roi avait promis en juin
1597 une somme d’argent à Jean ; Olivier part pour Paris en novembre 1598
pour récupérer cette somme pour les enfants de son frère. Le roi ne le reçoit
pas et il est obligé de s’installer dans la capitale dans l’attente d’une
rencontre royale. Il entre en relation avec Maximilien de Béthune futur Sully,
en vain.
Il en profite pour s’occuper
de l’édition d’un livre qu’il vient de terminer. En février 1599 Jamet Mettayer
publie « La cueillette de la soye
par la nourriture des vers qui la font ; échantillon du Théâtre
d’Agriculture d’Olivier de Serres, seigneur du Pradel » . Ce texte sera traduit en allemand en 1603 et
en anglais en 1607. Le 1er juillet 1600, le Théâtre d’Agriculture
est édité dans son intégralité, en 1024 pages !.
En 1603 Olivier publie
« La seconde richesse du meurier
blanc qui se treuve en son escorce pour en faire des toiles de toutes sortes,
non moins utiles que la soie, provenant de la feuille d’iceluy ». Il
pense que de la seconde écorce du mûrier blanc on peut tirer une filasse propre
à remplacer le chanvre.
Olivier rentre chez lui le
27 septembre 1600, mais un émissaire du Roi l’attend : Henri IV souhaite
qu’on lui envoie 15 000 à 20 000 mûriers à soie qui seront installés
dans les jardins des Tuileries en 1601-1603.. Le pays dépensait des sommes
folles pour acheter de la soie à l’étranger. Barthélémy de Laffemas conseiller
économique du roi avait calculé que chaque année, 6 millions d’écus partaient à
l’étranger pour l’achat des étoffes de soie !! En 1602 une ordonnance
royale impose à chaque paroisse de posséder une pépinière de mûriers et une
magnanerie. "Par cette mesme voye, dit Olivier de
Serres, le roi me fit l'honneur de m'escrire pour m'employer au recouvrement
des dits plants, où j'apportai telle diligence, que au commencement de l'an six
cens un il en fut conduit à Paris jusques au nombre de quinze à vingt mil, les
quels furent plantés en divers lieux dans les jardins des Tuilleries, où ils se
sont heureusement eslevés... et pour d'autant plus accélérer et avancer la
dicte entreprise, et faire cognoistre la facilité de cette manufacture, Sa
Majesté fit exprès construire une grande maison au bout de son jardin des
Tuilleries à Paris, accommodée de toutes choses nécessaires, tant pour la
nourriture des vers que pour les premiers ouvrages de la soye »
(anonyme-wikipedia-commons)
10 000 mûriers sont plantés à Saint-Germain en
Laye ; le jardinier François Traucat jardinier de Nîmes participe au
développement des plantations de mûriers dans le midi de la France. Quatre
millions de pieds sont cultivés en Provence et Languedoc… Les filles se marient
avec en dot des pépinières de mûriers….
Un deuxième voyage à Paris
sans résultat en ce qui concerne l’argent promis aux enfants de son frère Jean.
Il lui faudra attendre un troisième et dernier voyage pour obtenir
satisfaction : 4000 livres payables par quartiers. Nous sommes le 19 mars
1605.
Olivier a rencontré le
jardinier d’Henri IV Claude Mollet qui réalisera les jardins royaux de
Saint-Germain en Laye, de Fontainebleau, des Tuileries, de Blois…
Peu à peu la production des
mûriers et des vers à soie va être valorisée : moulins à soie à technique
piémontaise, dévidage automatique des cocons, une manufacture royale en 1752 et
des millions de plants qui fournissent une matière première qui alimente en
soie les canuts lyonnais Des milliers d’ouvriers ou ouvrières de toute la
vallée du Rhône qui profiteront de cette manne. . Mais c’est une autre histoire
ou plutôt une suite logique.
Olivier de Serres et l’abbé Rozier sont les fondateurs d’une
viticulture française. Olivier préconise une viticulture et une œnologie en
relation avec les terroirs, en accord avec la demande des consommateurs. Il
ouvre la voie au rationalisme scientifique. Il conseille avant toute chose une
évaluation du potentiel agronomique du terroir : topographie, exposition
de la parcelle, fosses pédologiques, climat local (vent, pluie, pentes…) ;
de même évaluation du potentiel économique et commercial du vignoble :
proximité des consommateurs, aptitude du vin au transport….. « L'air, la terre et le
complant font le fondement du vignoble [...] de leur assemblage provient
l'abondance de bon vin, de longue garde, non sujet à se corrompre, et chariable
pour la débite : sans laquelle concordance, le vin cloche en quelque
qualité ». Il préconise la plantation de plusieurs cépages dans
une même parcelle, qui pourront être vendangés et vinifiés séparément en
fonction du niveau de maturité. Il conseille aussi la plantation en ligne et en
carré, pour l’utilisation de la traction animale…., le greffage qui diversifier
l’encépagement et les saveurs du vin… En cave il insiste sur l’hygiène :
« ne craignons point d’excéder en netteté en cet endroit… » ; il
préconise l’affranchissement des tonneaux car toute odeur bonne ou mauvaise
« la rapporte au bois des tonneaux ». Il parle de l’usage du soufre
déjà connu de longue date.
Ses idéaux naturalistes lui font conseiller de respecter au
mieux le naturel des raisins : « mais d'autant que l'artifice altère
aucunement le naturel, fait que les vins sont toujours prisés le plus, que
moins on les aura drogués ».
Pour la clarification il propose l’emploi de
retaillures de bois de hêtres ou de fousteau et non la pratique très ancienne
du plâtrage dangereuse pour la santé.
Lorsque que Olivier ne peut plus exploiter le domaine, un
fermier le remplace ; mais un contrat les lie avec des conseils et des
demandes très fermes qui continuent les pratiques d’Olivier de Serres.
Son testament en 1612 et le codicille après le décès de son
épouse Marguerite désigne Daniel héritier du domaine du Pradel. Ses autres fils
recevront 2000 livres chacun, ses filles déjà dotées auront 20 livres chacune
« sans autre chose pouvoir demander ni avoir sur mes biens ».
Après son décès en 1619, les
créanciers se manifestent nombreux. Daniel accepte l’héritage sous bénéfice
d’inventaire, la situation financière est fragile. Mais finalement le domaine
reste dans la famille.
(Bronze pédestre d'Olivier de Serres à Villeneuve-de-Berg (statue
de Hébert inaugurée
le 29 août 1858)
Le 7 mai 1628 le domaine du
Pradel est entièrement rasé par le chef catholique Montréal. La bibliothèque et
les notes d’Olivier de Serres sont brûlées. Ses plantations sont détruites. Une
seule tour sera sauvée. Mirabel est ravagé le 11 juin 1628 par Montmorency et
Montréal. Nous sommes dans les dernières guerres de religion du moment, celles
de Rohan contre Richelieu et le roi Louis XIII. La paix d’Alais de 1629 n’est
pas loin. Daniel de Serres a édifié les bâtiments actuels sur les ruines. Le célèbre
Arthur Young, voyageant en France en 1789, vint visiter le lieu : Qu'il
me soit permis, dit-il, d'honorer la mémoire d'Olivier de Serres ; c'était un
excellent cultivateur et un vrai patriote ! »
Son traité sera à nouveau
publier à Paris à partir de 1802 ; pour l’édition de 1804 la Société
d’Agriculture s’associe à la publication. François de Neufchâteau intervient
dans la préface et la biographie d’Olivier de Serres. Des agronomes de
l’époque, Chaptal, Deyeux, Cels, Cote…y écrivent de nombreuses notes. L’abbé
Grégoire y ajoute « un Etat de l’Agriculture en Europe au 16ème
siècle ».
Peut-être à lire et
relire pour réfléchir à une nouvelle agriculture par les temps qui
courent !!
A visiter : Au
Pradel, l’Institut Olivier-de-Serres œuvre pour conserver, protéger et enrichir
les lieux, les objets, les archives et recherches d’Olivier de Serres. Lieu de
rencontre et de mémoire, c’est aussi un lieu d’animation culturel, de réflexion
et un musée.
Sources :
museeprotestant.org/notice/olivier-de-serres-1539-1619/ --- wikipedia.org/wiki/Olivier
de Serres ---/www.herodote.net/olivier_de_Serres_1539_1619_-synthese-1828.phpcamille
vignolles--- Notes geneanet de Philippe CHAUDANSON (philchau) --- GOURDIN Henri, Olivier de Serres, science, expérience, diligence
en agriculture au temps de Henri IV, Actes Sud, Arles, 2001---LEQUENNE
Fernand, La vie d’Olivier de Serres,
Juillard, Paris, 1945 + Olivier de Serres,
agronome et soldat de Dieu, Berger-Levrault, Paris, 1983---SERRES
Olivier (de), Le théâtre d’agriculture et mesnage des
champs, Slatkine, Genève, 1991---photos wikipédia.org, musée protestant.org, gallica BNF, Institut Olivier de Serres----
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