jeudi 24 juin 2021

Charles Gide un Uzétien célébre

 

Un Uzétien célèbre : Charles Gide

Notre lycée porte son nom. Mais  son implication dans l’essor et la défense des coopératives, ses analyses économiques de la fin du 19ème-début 20ème siècle sont oubliées.

Paul Henri Charles Gide est né le 28 juin 1847 à Uzès dans le département du Gard. Sa naissance est déclarée par un ancien fabricant de bas et un géomètre d’Uzès.

Il quitte ce monde à Paris 16ème arrondissement, le 12 mars 1932 à 84 ans. Il est inhumé au cimetière protestant de Nîmes. Son épouse Adeline Anna Adèle Im-Thurn (1855 à Nîmes-1931à Paris) est décédée l’année précédente. Ils étaient mariés depuis août 1878. Trois enfants, deux garçons et une fille. Un de ses fils Paul Louis est étudiant en Droit à Paris et engagé volontaire en 1903, caporal, sergent et sous-lieutenant à titre temporaire en 1914 ; tué le 6/7/1915 à Targette pendant la Grande Guerre. Toutes les familles du pays ont payé le prix fort de cette guerre….

Son épouse née à Nîmes est d’une famille d’origine suisse orientale, un arrière-grand-père Johan négociant décédé à Nîmes en 1801, un grand-père John Conrad né à Nîmes en 1795 et aubergiste à Naples, un père Emile né à Naples, élève du peintre Tobias Hurter et propriétaire viticole à Alès, un oncle pianiste….. Une famille typique de ce 19ème siècle dans ses déplacements. Les Européens bougeaient, changeaient d'horizon. Emile son père est membre de la commission des Beaux-Arts de Nîmes en 1855, membre résident de l’Académie du Gard en 1868-84, et non-résident en 1855 avec domicile à Bellegarde.

Un frère Jean Paul Guillaume Gide est né à Uzès en mai 1832 et décédé en octobre 1880. Professeur agrégé de droit romain à la faculté de Paris surnommé un « homme honnête » par ses collègues. Les témoins de naissance sont un ancien boulanger et un ancien marchand d’Uzès. Chevalier de la légion d’Honneur en 1876. C’est le père d’André Gide, l’écrivain célèbre.

Le père de Charles, Paul Tancrède Gide (1800-1867) est notaire, juge de paix du canton d’Uzès, président du Tribunal d’Uzès, ville où ses fils passeront leur enfance.

Charles fait ses études de droit à Paris. Il passe sa thèse en 1872 qui porte sur « le droit d’association en matière religieuse ». Il y réunit les trois règles de toute vie : liberté, association, religion, questions qui l’interrogeront toute son existence.

Une vie pour Charles bien remplie : professeur d’Economie Politique aux facultés de Bordeaux puis à la faculté de Montpellier. La faculté de Droit de Paris en 1898 et le Collège de France en 1921 l’accueillent. Il enseignera aussi à l’Ecole des Ponts et Chaussées et à l’Ecole Supérieure de Guerre. Il est Président du Mouvement du Christianisme Social et co-fondateur de L’Ecole d Nîmes.

En 1887, il créa la Revue d’économie politique, dont il fut le rédacteur en chef jusqu’en 1932. Il participa aux premiers pas de la Ligue des Droits de l’Homme et de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et il s’impliqua dans le mouvement des universités populaires. Il fut le théoricien de l’économie sociale, et l’un des fondateurs du christianisme social. Il est un militant du coopératisme, système élaboré au 19ème siècle qui favorise une plus juste répartition des profits et des responsabilités dans les entreprises.

On lui doit un manuel « les Principes d’Economie Politique » étudié par des générations d’étudiants français et étrangers. Cette publication engrangera 26 éditions en France de 1884 à 1931, 19 traductions, une en braille, et même en 1968 en persan, en anglais et en 1970 aux Etats-Unis.

En 1918, son neveu André Gide admiratif à la lecture de ses propositions, écrivait à son oncle : « quel profit j’ai déjà retiré de ce qui précède, et que j’aime l’honnêteté de tes expositions… ! »

La solidarité est essentielle à la vie du groupe. Il écrit : « La solidarité est un fait d’une importance capitale dans les sciences naturelles, puisqu’elle caractérise la vie. Si l’on cherche, en effet, à définir l’être vivant, l’individu, on ne saurait le faire que par la solidarité des fonctions qui lient les parties distinctes, et la mort n’est pas autre chose que la rupture de ce lien entre les divers éléments qui constituent l’individu, et qui désormais désassociés, vont entrer dans des combinaisons nouvelles, dans des êtres nouveaux... »

Charles derrière une certaine austérité toute protestante, cache une sensibilité a rtistique. Il dessine surtout des paysages de l'Uzège.

(maison de Charles Gide à Uzès)

Les Gide sont arrivés dans notre province au 16ème siècle, Gido ou Guido. Ils arrivent d’Italie ou de la Drôme provençale. Ils s’installent à Lussan. Des archives mentionnent Jehan Gido  propriétaire à Lussan époux de Françoise Maurine, des enfants (6 ?) mariés dès 1603 avec des languedociens donc une intégration très rapide. Une certaine aisance si l’on en croit les reconnaissances de dettes qu’on lui doit dès 1587, aisance due probablement à un travail acharné. En 1588 Jehan s’acquitte d’un droit de « lodz » au seigneur de Lussan pour deux maisons dont une avec jardin. En 1598 le compoix indique la possession dans le fort d’une maison de 10 canes de couvert soit environ 38m2 et quatre pièces de terre dont une vigne, une canebière. Il possède le matériel et les animaux de labour. Un fils Gabriel Gido reçoit en 1603 la moitié des biens de sa mère Françoise Maurine. Et en 1606 le fils et sa mère donne quittance de 160 livres sur les 200 de la constitution dotale de l’épouse Jacquette de Gabriel. Un mariage dans une famille aisée.

Les suivants seront toujours à Lussan, propriétaires et tisserand à serge, cardeur de laine, peigneur de laine, …. Puis avec Jean (1723-1803) à Uzès facturier, négociant, géomètre, épouse en 1749 la fille d’un lieutenant de juge Anne Guiraud. Il pousse son aîné à faire de études de droit en en 1774 lui paie une charge de notaire : Joseph Etienne Théophile (1750-1815) est le premier d’une lignée de notaires et magistrats installés en Uzège…. Joseph Etienne Théophile participera pendant la Révolution à la rédaction des cahiers de doléances de Lussan, secrétaire de Rabaut Saint Etienne. Ses sympathies vont aux Girondins ce qui lui vaut de graves menaces sous la Terreur. En 1793 aidé de son frère et des paysans  il se cache jusqu’en septembre 1794 dans une grotte des Concluses. A la chute de Robespierre il devient président départemental du Directoire.

Jean Pierre (1754-1826) toujours propriétaire à Lussan et greffier du juge de Lussan. Et Paul Tancrède le père de Charles.

Quelques membres de la famille se sont expatriés en Suisse (Genève) et en Belgique au 18ème siècle, en Lorraine…..

  • Un autre ancêtre Xavier Gide. (Né en 1737 à Lussan -Décédé le 14 septembre 1814 - Bernis, Gard, à l'âge de 77 ans—père Etienne Gide,1686-1772 -Peigneur de laine à Lussan (Gard). Facturier en laine)(Marié le 9 septembre 1763, église de la Barrière de Tournai, Hainaut , Belgique, avec Pernette Louise Gervais †1814) --

Xavier est horloger à Paris puis Inspecteur de Subsistances à l'Armée des Alpes (1794).

Il est associé de 1787 à 1791 à Abraham Louis Breguet, célèbre horloger et inventeur des montres à mouvement perpétuel. Celui-ci a besoin de capitaux pour faire face à son expansion. Xavier Gide apporte 100 830 livres dans l’entreprise, cash et stock de montres. Mais Breguet est un piètre homme d’affaire. La politique les sépare : Gide est républicain jacobin, Breguet fréquentait la royauté et les aristocrates. La période n’est pas bonne pour les affaires !! En 1794, au mariage de son fils, Pierre-Xavier, Xavier Gide est Inspecteur de subsistances à l'Armée des Alpes. En avril, mai 1796, il s'associe avec 9 "négociants tous habitant de Nismes" pour soumissionner aux ventes des biens nationaux ou d'émigrés. Le 25 germinal an 6 (14 avril 1798), ils se répartiront les biens ainsi acquis, acte devant M° Darlhac notaire à Nîmes. A cette date Xavier Gide habite Paris section de l'unité rue de Thionville.

Le 8 juin 1810, Xavier et son épouse, pour le remboursement d'un prêt de 6000 Frs, font une rente de 600 Frs par an à Demoiselle Marie Gide leur nièce majeure habitant Genève, probablement fille de Théophile, frère de Xavier.

Son fils Pierre-Xavier né le 23 octobre 1771 à Paris, est avocat et Juge suppléant au tribunal de première instance de Sarrebourg (Moselle). Les Gide de Lorraine.

Une intégration plus que réussie en deux siècles !!

Sources et pour en savoir plus : Lavondès, Charles Gide. Un précurseur de l'Europe unie et de l'ONU. Un apôtre de la coopération entre les hommes, Uzès, Éditions La Capitelle, 1953.----Frédéric Rognon, Solidarité : les intuitions de Charles Gide seraient-elles d’actualité ? --PENIN Marc, Charles Gide (1847-1932) : l’esprit critique, L'Harmattan, Paris, 1997--- généanet –filae--- Revue des études coopératives Gallica Revue des études coopératives (1950) - 1951/01 (Année 23, N°83)-1951/03 Bernard Lavergne (Octobre 1921)--- droiticpa.eklablog.com/xxxiv-les-professeurs-paul-charles-gide-et-le-jeune-andre-a153341018-- e-gide.blogspot.com/2015/08/lussan-bercea.html

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