dimanche 4 juillet 2021

Les rues de Paris en 1791

 

Les rues de Paris en 1791 :

 

Depuis que les villages et les villes existent, nous avons du mal avec la gestion de nos ordures. Avant le 19ème siècle et l’industrialisation de masse, villes et campagnes se développent en symbiose : les détritus des unes rejoignent les champs des autres. Pratiquement tout est réutilisé. Mais comment passer de l’appartement de l’un au champ de l’autre ? La rue sert d’égout à ciel ouvert depuis longtemps, nourrissant chien et cochon.

Les archives nous racontent comment nous nous débarrassions de nos ordures. Problème d’autant plus ardu du fait de la cohabitation, de l’entassement des familles. Il est probable que pour les maisons isolées, les ordures étaient aussi jetées n’importe où, mais cela ne se voyait pas ou peu.

A Paris une ordonnance du 8 novembre 1780 interdisait sous peine d’amende de 300 livres de jeter « par les fenêtres tant de jour que de nuit, aucunes eaux, urines, matières fécales et autres ordures … »



Mais dix ans plus tard, rien n’est changé, on continue de jeter ses ordures par les fenêtres. Le lieutenant de police publia une mise au point. Les Parisiens se plaignent, c’était mieux avant !! Mais ils ont changé de manière de vivre « comme de modes pour leurs habillements » : « anciennement un particulier ayant voiture n’eut pas osé se montrer le matin à pied dans les rues ; aujourd’hui les citoyens de toutes les classes, grands et petits, vont à pied ; le matin les femmes, la canne à la main, bravent les éclaboussures et les embarras. Moins accoutumés aux chemins difficiles que les gens de la campagne, que les artisans et ouvriers de la ville, ils trouvent mauvais que les rues ne soient pas propres et dégagées de toutes immondices dès le grand matin, sans considérer que l’enlèvement ne peut commencer qu’après qu’on a balayé, et qu’on ne peut obliger les particuliers à balayer avant sept ou huit heures… »

«Toutefois, les rues étaient jadis moins sales pour diverses raisons : moins de voitures, un lavage très répété était fait par les gouttières saillantes remplacées maintenant par des tuyaux qui descendent le long des murs des maisons. Chaque gouttière lavait plusieurs toises de pavé devant la maison. Ces gouttières étaient multipliées et par pluie, les rues étaient très bien nettoyées, au lieu qu’à présent l’eau qui coule par les plombs (tuyau) ne fait aucun effet… Enfin toutes les boutiques étaient ouvertes et les marchands qui craignaient les éclaboussures faisaient balayer plutôt six fois qu’une. Actuellement que toutes les boutiques jusqu’à celles des pâtissiers et des rôtisseurs sont vitrées, les marchands sont beaucoup plus négligents… »

La solution : « Il est nécessaire de défendre de porter les ordures dans la rue à quelques heure que ce soit ; d’ordonner de les garder dans des paniers jusqu’à l’heure du passage du tombereau, et de mettre à l’amende toute la maison au bas ou en face de laquelle il se trouvera un tas d’ordures. On dit toute la maison car dans ce cas tous les locataires doivent être solidaires l’un pour l’autre. Alors le tombereau passera avec une sonnette assez forte pour se faire entendre aux étages supérieurs ; et à l’instant de ce passage, chacun remettra son panier au retrousseur pour le vider dans le tombereau… ».

Sources : Historama n°49 Hors série janv 1981-- Archives nationales- encyclopédie méthodique article jurisprudence 1791--

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