Religions en Uzège et Gard…
Il y a quelques années le
père Léonide du Patriarcat de Kiev (Ukraine) écrivait un texte sur les
religions chrétiennes en Uzège dans la Nouvelle Cigale Uzégeoise de juin 2011.
L’œcuménisme en Uzège
n’est pas un vain mot : catholiques, protestants, orthodoxes se côtoient,
en un consensus culturel, social, cultuel. Oubliées les guerres de
religion qui ont dévasté nos sociétés ? Ou bien tellement présentes
dans la mémoire collective qu’il nous faut tout faire pour ne pas
recommencer ?
Le monde romain influença les peuples de la Gaule. Très présents chez nous, les commerçants grecs, phéniciens apporteront aussi leurs cultures… Les religions les plus diverses vinrent s’agréger petit à petit au tronc commun celte, puis gaulois, avec des cultes variés…. Apollon, Diane, Cernunos, Belen, Sequana. Des lieux de cultes aux dieux phéniciens El, Baal, Adonis.. Des hommes seront même divinisés par les Romains comme les deux fils de l’empereur Auguste au 1er siècle de notre ère, par le fameux temple de la Maison Carrée de Nîmes.
Vers l’an 34-37 (ou vers
45 selon les légendes) après la mort du Christ arrivèrent sur nos côtes méditerranéennes certains
de ses disciples : Marie-Madeleine, les deux Marie (Salomé et Jacobé), Marthe
( ?), Lazare, Maximin, Saturnin, Trophime, Nicodème et Joseph d’Arimathie
pour les plus connus. La légende nous dit entre Marseille et les calanques.
Légende ? Il est assez probable que des disciples de Jésus quittèrent la
Palestine pour des cieux moins dangereux. Combien ? Nous ne le saurons
sans doute jamais, la gestion des migrants n’était pas encore dans les
tuyaux ! Mais les légendes naissent toujours de faits réels, rapportés,
re-rapportés, racontés, déformés par le temps et les conteurs, les rumeurs…. Il
faut se rappeler que les premiers chrétiens étaient persécutés par les romains
mais aussi par des juifs « intégristes ».
Lazare, Joseph et
Nicodème se dirigèrent vers Lyon (Lugdunum) ; Lazare s’y installa, les
deux autres se dirigèrent vers la Bretagne, et le Somersert actuel.
Les femmes s’installèrent un temps aux Baux. Puis Marie-Madeleine se fit ermite à la Sainte Baume. Les deux Marie arrivent dans le petit village des Saintes-Marie de la Mer avec leur servante Sara. Tous évangélisent portant la parole. Le temps des martyrs était là. En 177 Potin le premier évêque de Lyon, puis Irénée en 202-203 le porteur de paix en grec, évêque de Lyon meurent persécutés. Entre parenthèses ce n’est pas comme on l’entend parfois, Marie-Madeleine qui s’attaque à la tarasque de Tarascon mais bien Marthe de Bethanie venue de Judée.
(Marthe domptant la Tarasque, peinture du xviiie siècle Musée des Arts et traditions populaires.-19-5-2011 auteur JPS68 phtoshop scan book)
A partir de là des
petites communautés chrétiennes se forment, s’organisent, souvent persécutées.
En Arles un premier concile de Gaule en 314. L’Edit de Milan est promulgué en
313 par l’empereur Constantin : chacun a la liberté de culte, l’empereur
n’est plus divin. En fait le texte est de Lucinius en date de 311. La christianisation
est très inégale selon les régions. En 312 Rome comprend environ 10% de
chrétiens, en Egypte autour de 20%, en Gaule, Espagne, Italie, les chrétiens ne
représentent qu’une minorité. Mais si l’empereur Constantin n’était pas un
converti enthousiaste, c’est l’élite intellectuelle, administrative qui va en
se convertissant en premier, entrainant l’adhésion de la population, clientèle,
domestiques, esclaves…
En 393 l’évêché de Nîmes
comprenait tout le pays des Volces Arécomiques : le Gard plus une grande
partie du département de l’Hérault. En 419 on en détache le diocèse d’Uzès. En
419 l’évêque d’Uzès est Constanatius (Constance) d’une vieille famille gallo-romaine.
Il participe au concile d’Orange de 441.
Vers le IVème siècle, de
nombreux ermites s’installent en Uzège. Ils viennent pour la plupart d’Orient, de
Grèce, de Syrie, de Chaldée. Rites, langue religieuse ne dépendaient pas de la
centralisation romaine, échappaient à la tutelle latine.
Les grottes au-dessus du Gardon vers Collias seront des lieux de cultes bien avant le christianisme. Tour à tour, celte, grec, romain, phénicien…et même peut-être égyptien par une importation grecque ou phénicienne. Nous avons des filles prénommées Isis encore au 15ème siècle bien que catholiques.
(grotte de St Vérédème
Collias-Gard)
Un ex-voto du 1er siècle en latin en témoigne : « Lucinia Acceptilla fille de Publius a élevé à ses frais en ex-voto cette chapelle à Aramon ». Ce site de Collias sera utilisé par des ermites jusqu’à la fin du 18ème siècle. Saint Vérédème s’y installe vers l’an 700. Auparavant il s’établit dans des grottes le long de la Durance, puis à Sanilhac sur la vallée du pont du Gard, rive gauche du Gardon. Il fait des miracles, guérit les malades et les boiteux. Il était grec, disciple de St Gilles, grec aussi. Tous les deux ils installèrent une chapelle dans un creux de rocher. Saint Vérédème fut évêque d’Avignon choisi par Saint Agricol précédent évêque. Ses occupations d’évêque ne l’empêcheront pas de faire une trêve pour vivre ses austérités d’anachorète en restant un temps dans sa grotte de Sanihac. Il est le saint des bergers de la plaine de la Crau et est invoqué contre la grêle et la sécheresse.
(StVeredeme.pdf
(nemausensis.com)
L’ermitage de Saint-Roman
remonte lui au Vème siècle. Proche de Tarascon et Beaucaire, il s’agit d’une
abbaye troglodytique, conçue à la façon athonite, avec un style de vie
monastique oriental qui s’inscrit dans la lignée des Pères du Désert. Les
cavités naturelles seront aménagées et agrandies peu à peu.
Deux siècles plus
tard, l’Abbaye adopte la règle de Saint Bernard et devient bénédictine. Une
chapelle, des cellules monastiques et une nécropole le tout creusé dans le
rocher. Au XIème siècle la communauté passe sous la tutelle de l’abbaye de
Psalmody près d’Aigues-Mortes, sous l’autorité des acémètes : religieux
qui prient de façon continue, caractéristique des pères du désert, ce que l’on
appelle le martyre blanc. Les pèlerins viennent se recueillir sur les reliques
attribuées à Saint Roman et Saint Trophime. Au XIVème siècle elle se fortifie
par un fossé et des murs élevés ; elle devient alors un collège pour
adolescents sous la houlette du pape d’Avignon Urbain V. L’abbaye sera vendue à
un particulier vers la fin du 16ème siècle.
Le site intéresse
les historiens et archéologues et à partir des années 1960 il est fouillé. La
ville de Beaucaire en devient propriétaire en 1988 et en 1991 elle est classée
Monument Historique.
(photos office du tourisme Beaucaire-abbaye SaintRoman)
L’Uzège résonnera
religieusement aux accents de l’Eglise Orientale pendant toute la période du 1er
au VIIIème siècle. La langue religieuse ne sera le latin que plus tard, pour
des raisons « sociales », le latin étant alors parlé par la majorité.
Encore maintenant,
l’Eglise Orthodoxe est présente dans notre région. Le monastère de Solan en est
un exemple, havre de paix, de culture et d’agriculture bio. La chapelle
Saint-Vérédème de Saint Maximin au rite dit occidental, la chapelle en bois de
rite slave de St Laurent la Vernède-Flaux pour les émigrés russes, ukrainiens,
roumains et pour les Français…..
En espérant d’autres rapprochements qui prendraient en compte d’autres religions présentes : le Monde a besoin de tous !!
Sources :
La Nouvelle Cigale Uzégeoise juin 2011 « L’orthodoxie en Uzèège Passé et
actualité Père Léonide Achard Patriarcat de Kiev—wikipedia.org--/www.tourismegard.com/sanilhac-sagries/la-baume-et-saint-veredeme-site-classe/tabid/2856/offreid/71341f1c-d798-4b2b-b7bd-8b7de1c84f35---Saint
Vérédème (eoc-coc.org)--- StVeredeme.pdf
(nemausensis.com)--
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