dimanche 4 septembre 2022

Uniforme et chemin de fer

 


1900-carte postale ancienne—collection LL

Uniforme dans les chemins de fer

 

« À l’origine du chemin de fer, il y a une infrastructure conçue pour limiter les pertes d’énergie en guidant les véhicules à l’aide d’ornières creusées dans le sol ou de rails en bois. On pouvait, grâce à la force musculaire des hommes ou des animaux, tracter des charges relativement lourdes : les chariots évoluant sur des «chemins … ». Egyptiens, Romains,….peut-être même avant, dès que nous avons exploité des mines, construit des édifices. Le sujet est vaste ; mais le train va bousculer sérieusement notre société dès le 19ème siècle. La machine à vapeur de James Watt, une des origines du train, a littéralement mis le monde en mouvement et joué un rôle crucial dans l’industrialisation et l’urbanisation. L’introduction des locomotives à vapeur, des premiers bateaux à vapeur a amélioré les conditions de vie et de travail de nombreuses personnes.

Nous en parlerons plus tard. Aujourd’hui nous allons nous interroger sur le besoin d’uniforme et de surveillance dans les gares. Il est probable que nous commencions à nous inquiéter sur la liberté que pourrait nous apporter le train, des déplacements facilités, les distances et l’espace-temps raccourcis…

Stéphanie Sauger indique dans son article cité plus bas : « Une grande méfiance envers le public parisien, puis une défiance envers la Compagnie d’Émile Pereire contre laquelle les voyageurs et l’État devaient pouvoir se retourner en cas de problème. Avant même toute expérience de terrain, la dangerosité fut donc pensée et définie. Le texte de l’arrêté (25 août 1837) mettait en scène un État incitant la Compagnie de Paris à Saint-Germain à prendre toutes les précautions pour protéger un public ignorant les dangers du chemin de fer — dangers pour l’intégrité des corps essentiellement, à cette époque, la définition des dangers s’élargissant considérablement dès les années 1840 ».

Les cahiers des charges des compagnies concessionnaires de chemins de fer entre 1836 et 1843 contenaient tous une disposition spéciale ainsi conçue : « les agents et gardes que la compagnie établira, soit pour opérer la perception des droits, soit pour la surveillance et la police des chemins de fer et des ouvrages qui en dépendent, pourront être assermentés et seront dans tous les cas assimilés aux gardes champêtres ».


L’uniforme, symbole de hiérarchie, d’affirmation des fonctions, respect des valeurs établies, cérémonial… pendant des siècles on a gouverné les peuples par ce moyen.

En ce début très troublé du 19ème siècle, nos gares n’échapperont pas à la règle. Il fallait choisir un uniforme pour les surveillants de gare.

Le 25 août 1837, la ligne Paris-Saint-Germain en Laye qui s’arrêtait encore à Pecq, est inaugurée. La jeune compagnie est accordée à Emile Pereire et Eugène Flachat par la loi du 9 juillet 1835. Ces entrepreneurs souhaitaient une tenue prestigieuse pour leurs employés, en particulier pour leurs » surveillants de gare ». Il fallait que l’attrait de l’uniforme encourage le recrutement et compense d’une certaine façon « la médiocrité de leur situation ». En cette période le train transporte surtout des marchandises, et les détracteurs au chemin de fer sont nombreux, même dans les hautes sphères politiques. Pour Adolphe Thiers de retour d’un voyage d’observation à Liverpool,  le chemin de fer « n’est qu’un amusement de savants ».  En 1838 Arago, député, astronome et physicien,  s’inquiète pour nos soldats transportés en wagons ce qui aurait pour « résultat d’efféminer les troupes et de les faire perdre cette faculté des grandes marches qui a joué un rôle si important dans les triomphes de nos armées … ». !! Sans parler des troubles digestifs, respiratoires et même des troubles au cerveau engendrés par un passage trop rapide d’un climat à l’autre !!.. La même année le Parlement s’oppose à ce que les chemins de fer soient construits, exploités par l’Etat.

Il s’en est fallu de peu que le choix ne se porte sur un uniforme militaire fantaisiste. L’administration civile et militaire y mit bon ordre par une lettre du 15 juillet 1836 du ministre des Travaux Publics au « chef des services du petit matériel du chemin de fer de Paris à Saint-Germain » en accord avec le ministre de la Guerre. La question était d’importance, le roi Louis-Philippe donna son avis.

…. »l’aspect un peu trop militaire de ces uniformes a soulevé quelques objections, et que l’incident récent au cours duquel un officier général a échangé un salut avec un de vos fonctionnaires qu’il avait pris pour un amiral a été vivement commenté…. Ces méprises sont susceptibles de compromettre le prestige de l’uniforme militaire et doivent être évitées. Vous voudrez bien vous conformer aux modifications que j’ai cru devoir apporter à certains détails de broderies pour les rendre conformes à la fonction qu’elles expriment. Les ornements des manches des gradés devront être scindés en parties distinctes de telle sorte qu’ils représentent des aiguillages et ne puissent être pris pour des galons de la hiérarchie militaire. ……le port du sabre dont l’usage dans les relations avec le public ne paraît pas s’imposer… la question a été soumise à Sa Majesté (le roi)… ce dernier a bien voulu accorder aux agents de chemin de fer le port extérieur d’une arme. Nous vous proposons l’appellation de « couteau-poignard de l’administration »qui figurera à la nomenclature des armes dont le port a été accordé aux organisations civiles. Il est bien entendu que l’usage de cette arme restera strictement limité à la décoration extérieure.

Les cabans proposés sont approuvés sous réserve de les compléter par des brandebourgs à glands de telle sorte que tout en évoquant l’aspect de nos glorieux soldats d’Afrique, ces vêtements conservent au personnel un caractère suffisamment bourgeois pour ne pas éveille les susceptibilités militaires….. ».

A lire l’excellent document de Stéphanie Sauger « Surveiller les gares parisiennes au XIXème siècle » -Internet

La Revue d’histoire du XIXe siècle — anciennement 1848. Révolutions et mutations au XIXe siècle — Organe de la Société d'histoire de la révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle.

 

 

Sources : Richard Trevithick et l'invention du premier train - Histoire …

https://www.histoire-pour-tous.fr › inventions › 284-invention-du-train.html---
Georges Poisson Humour de l’Histoire in Historia fév 1987 n°482-- www.herodote.net › 21_fevrier_1804-evenement-1804022…--Surveiller les gares parisiennes au XIXe siècle : police et modernité

Stéphanie Sauget p. 71-87https://doi.org/10.4000/rh19.700--

 

 

 

 

 

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