1900-carte postale ancienne—collection LL
Uniforme dans les
chemins de fer
« À l’origine du chemin de fer, il y a une
infrastructure conçue pour limiter les
pertes d’énergie en guidant les véhicules à l’aide d’ornières
creusées dans le sol ou de rails en bois. On pouvait, grâce à la force
musculaire des hommes ou des animaux, tracter des charges relativement lourdes
: les chariots évoluant sur des «chemins … ». Egyptiens, Romains,….peut-être même avant,
dès que nous avons exploité des mines, construit des édifices. Le sujet est
vaste ; mais le train va bousculer sérieusement notre société dès le 19ème
siècle. La machine à vapeur de James Watt, une des
origines du train, a littéralement mis le monde en mouvement et joué un rôle
crucial dans l’industrialisation et l’urbanisation. L’introduction des
locomotives à vapeur, des premiers bateaux à vapeur a amélioré les conditions
de vie et de travail de nombreuses personnes.
Nous en parlerons plus tard. Aujourd’hui nous allons nous interroger sur
le besoin d’uniforme et de surveillance dans les gares. Il est probable que
nous commencions à nous inquiéter sur la liberté que pourrait nous apporter le
train, des déplacements facilités, les distances et l’espace-temps raccourcis…
Stéphanie Sauger indique dans son article cité plus bas :
« Une grande méfiance envers le public parisien, puis une défiance envers
la Compagnie d’Émile Pereire contre laquelle les voyageurs et l’État devaient
pouvoir se retourner en cas de problème. Avant même toute expérience de
terrain, la dangerosité fut donc pensée et définie. Le texte de l’arrêté (25
août 1837) mettait en scène un État incitant la Compagnie de Paris à
Saint-Germain à prendre toutes les précautions pour protéger un public ignorant
les dangers du chemin de fer — dangers pour l’intégrité des corps
essentiellement, à cette époque, la définition des dangers s’élargissant
considérablement dès les années 1840 ».
Les cahiers des charges des compagnies concessionnaires de chemins de fer entre 1836 et 1843 contenaient tous une disposition spéciale ainsi conçue : « les agents et gardes que la compagnie établira, soit pour opérer la perception des droits, soit pour la surveillance et la police des chemins de fer et des ouvrages qui en dépendent, pourront être assermentés et seront dans tous les cas assimilés aux gardes champêtres ».
L’uniforme, symbole de hiérarchie, d’affirmation des fonctions, respect des valeurs établies, cérémonial… pendant des siècles on a gouverné les peuples par ce moyen.
En ce début très troublé
du 19ème siècle, nos gares n’échapperont pas à la règle. Il fallait
choisir un uniforme pour les surveillants de gare.
Le 25 août 1837, la ligne
Paris-Saint-Germain en Laye qui s’arrêtait encore à Pecq, est inaugurée. La
jeune compagnie est accordée à Emile Pereire et Eugène Flachat par la loi du 9
juillet 1835. Ces entrepreneurs souhaitaient une tenue prestigieuse pour leurs
employés, en particulier pour leurs » surveillants de gare ». Il
fallait que l’attrait de l’uniforme encourage le recrutement et compense d’une
certaine façon « la médiocrité de leur situation ». En cette période
le train transporte surtout des marchandises, et les détracteurs au chemin de
fer sont nombreux, même dans les hautes sphères politiques. Pour Adolphe Thiers
de retour d’un voyage d’observation à Liverpool, le chemin de fer « n’est qu’un amusement
de savants ». En 1838 Arago, député,
astronome et physicien, s’inquiète pour
nos soldats transportés en wagons ce qui aurait pour « résultat d’efféminer les troupes et de les faire perdre cette
faculté des grandes marches qui a joué un rôle si important dans les triomphes
de nos armées … ». !! Sans parler des troubles digestifs,
respiratoires et même des troubles au cerveau engendrés par un passage trop
rapide d’un climat à l’autre !!.. La même année le Parlement s’oppose à ce
que les chemins de fer soient construits, exploités par l’Etat.
Il s’en est fallu de peu
que le choix ne se porte sur un uniforme militaire fantaisiste.
L’administration civile et militaire y mit bon ordre par une lettre du 15
juillet 1836 du ministre des Travaux Publics au « chef des services du
petit matériel du chemin de fer de Paris à Saint-Germain » en accord avec
le ministre de la Guerre. La question était d’importance, le roi Louis-Philippe
donna son avis.
…. »l’aspect
un peu trop militaire de ces uniformes a soulevé quelques objections, et que
l’incident récent au cours duquel un officier général a échangé un salut avec
un de vos fonctionnaires qu’il avait pris pour un amiral a été vivement
commenté…. Ces méprises sont susceptibles de compromettre le prestige de
l’uniforme militaire et doivent être évitées. Vous voudrez bien vous conformer
aux modifications que j’ai cru devoir apporter à certains détails de broderies
pour les rendre conformes à la fonction qu’elles expriment. Les ornements des
manches des gradés devront être scindés en parties distinctes de telle sorte
qu’ils représentent des aiguillages et ne puissent être pris pour des galons de
la hiérarchie militaire. ……le port du sabre dont l’usage dans les relations
avec le public ne paraît pas s’imposer… la question a été soumise à Sa Majesté
(le roi)… ce dernier a bien voulu accorder aux agents de chemin de fer le port extérieur
d’une arme. Nous vous proposons l’appellation de « couteau-poignard de
l’administration »qui figurera à la nomenclature des armes dont le port a
été accordé aux organisations civiles. Il est bien entendu que l’usage de cette
arme restera strictement limité à la décoration extérieure.
Les
cabans proposés sont approuvés sous réserve de les compléter par des
brandebourgs à glands de telle sorte que tout en évoquant l’aspect de nos
glorieux soldats d’Afrique, ces vêtements conservent au personnel un caractère suffisamment
bourgeois pour ne pas éveille les susceptibilités militaires….. ».
A
lire
l’excellent document de Stéphanie Sauger « Surveiller les gares
parisiennes au XIXème siècle » -Internet
La Revue
d’histoire du XIXe siècle — anciennement 1848. Révolutions et mutations au XIXe siècle —
Organe de la Société d'histoire de la révolution de 1848 et des révolutions du
XIXe siècle.
Sources : Richard Trevithick et l'invention du premier train - Histoire …
https://www.histoire-pour-tous.fr › inventions ›
284-invention-du-train.html---
Georges Poisson Humour de l’Histoire in Historia fév 1987
n°482-- www.herodote.net
› 21_fevrier_1804-evenement-1804022…--Surveiller les gares
parisiennes au XIXe siècle : police et modernité
Stéphanie Sauget p. 71-87https://doi.org/10.4000/rh19.700--
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.