Les Platter, du mendiant au
professeur
Les
Platter incarnent à eux seuls les Hommes de la Renaissance. Ce sont des figures
incontournables de l’Histoire Suisse. Dans notre Languedoc ils seront des témoins exceptionnels.
Tout avait commencé avec le père, Thomas dit le Vieux.
Tout avait commencé avec le père, Thomas dit le Vieux.
Il
est né le 10 février 1499 à Grächen, petit village à 1600 m d’altitude dans les
montagnes du canton du Valais en Suisse. Sa famille est très modeste. « Thomilin »
est orphelin de père à 3 ans, recueilli par des membres de la famille ou du
village contre des travaux campagnards. Sa mère se remarie plusieurs fois,
laissant ses enfants aux soins d’autres personnes. Elle rêvait sans doute d’une
autre vie.
Il apprend à lire à 10 ans avec le curé du
village tout en gardant les chèvres. Mais les routes l’appellent et il suit un
cousin Paulus Summermater, étudiant-mendiant.. Soif d’aventures, de
découvertes, de connaissances ? Avec
lui il parcourt l’Europe. Des années d’errance, de vols, de bagarres. Les
enfants les plus jeunes doivent veiller au confort des aînés. Nuremberg,
Dresde, Munich, Ulm, Breslau…La vermine des auberges… Mais en ce début de siècle, l’aventure est à
la mode chez les jeunes gens.
Extrait de l’autobiographie de Thomas Platter le Vieux
Puis il s’enfuit loin de son cousin et de ses amis, et il étudie le latin à Sélestat en Alsace chez Hans Sapidus,
« Quand j’entrai alors à
l’école, je ne savais rien, pas même lire le Donat (et j’avais déjà dix-huit
ans). Je m’assis parmi les petits enfants et j’étais comme une poule couveuse
au milieu des poussins. Un jour, Sapidus lut la liste de ses discipuli et
déclara : ‘J’ai beaucoup de nomina barbara, il faut que je les latinise un
peu’. Et il en redonna lecture. Il m’avait d’abord inscrit sous le nom de
Thomas Platter et mon compagnon Antonius Venetz. Il les avait traduits en
Thomas Platterus et en Antonius Venetus, puis il demanda : ‘Qui sont ces
deux-là’ ? Quand nous nous levâmes, il s’écria : ‘Quelle
horreur ! Ce sont ces deux galeux d’écoliers qui ont de si jolis
noms’ ! Et c’était vrai en partie, surtout de mon compagnon qui était si
galeux que souvent le matin, je devais lui arracher le drap du corps comme la
peau d’une chèvre ; moi, j’étais plus habitué à l’air et au manger
étranger que lui "
Puis en 1523 il est précepteur à Zurich tout en suivant l’enseignement de
Frédéric Myconius. Il travaille comme cordier tout en apprenant le grec,
l’hébreu, sciences essentielles lorsque l’on vise médecine. A Bâle il devient
correcteur d’imprimerie, il créée sa propre imprimerie où toute la famille
travaille. En 1536 en association avec Lasius autre imprimeur, il publie de
Calvin en latin « L’Institution Chrétienne », un ouvrage très
important au 16ème siècle, qui va circuler sous le manteau dans une
bonne partie de l’Europe. Il est membre de la Guilde de l’Ours. . (En imprimerie, l’ »ours » était
celui qui pressait (le pressier) et celui qui composait et disposait les
lettres était le « singe »).
Il s’associe de 1535 à 1537 à Balthazar Ruch, à Oporinus et Ruprechet
Winter, et autres imprimeurs, graveurs suisses célèbres. Jusqu’à 1543/1544 il
continue son activité et imprime 13 ou 14 livres. Il va travailler aussi avec
le libraire Johannes Schabler Wattenschnee. Son collègue Oporinus sera
emprisonné pour avoir publié une traduction latine du Coran, celle de Théodor
Bibliander en 1543. Nous voyons ici l’importance de l’imprimerie dans le monde
des idées
Il
devient professeur de grec en 1541 et recteur pendant près de quarante ans. Il
va vivre les débuts de la Réforme à Zurich, la banqueroute des imprimeurs de
Bâle. Il s’intéresse aux plantes et cumule les qualités de botaniste,
d’humaniste. Un intellectuel qui cultive ses poires et ses vignes. Un homme de
son temps. Montaigne le rencontrera en 1580 lorsqu’il rendit visite à Bâle au
fils de Thomas, Félix.
Il décède le 26 janvier 1582 à Bâle à 82-83 ans. Il est inhumé dans la
cathédrale de Bâle. Il avait commencé son autobiographie en 1572 pour son fils
Félix, autobiographie publiée en 1840 seulement et rééditée actuellement. Ce
texte a une valeur culturelle et historique : on y voit les changements
sociologiques. Le gout pour l’apprentissage des langues antiques, la soif de
connaitre. L’importance de l’imprimerie qui modifie en profondeur la
communication, la propagation des idées nouvelles comme la Réforme. Un monde en
pleine mutation où il fallait faire sa place contre vents et marées. Valentin Kötscher, spécialiste des
Platter, parle d'un «XVIe siècle très mouvementé». Emmanuel
Le Roy Ladurie évoque «un siècle furieux et glorieux, pétri de
sottise et de grandeur».
autres extraits de son autobiographie
Félix Platter
Félix nait à Bâle le 28 octobre 1536 d’un premier mariage de son père
Thomas. Sa mère est Anna Diestchi. Après des études à Montpellier en France en
1552, il devient médecin, anatomiste, universitaire, professeur d’université en
médecine théorique et pratique, et psychiatre même si cette qualification
n’existait pas à l’époque. Son doctorat est passé à Bâle en 1557. En 1571 il
sera médecin de la ville de Bâle. Il sera aussi botaniste et écrivain. Il
décède à Bâle le 28 juillet 1614 à 77 ans. Il sera six fois recteur de
l’université de Bâle. Lui aussi nous laisse un journal de son voyage en France.
Enfant dans l’atelier d’imprimerie de son père il apportait son
aide : il pliait à longueur de journée le papier si rêche qu’il lui
entamait les doigts. Sa mère empilait les feuilles et fabriquait des frottons
de cuir servant à encrer les caractères d’imprimerie. Quand ils étaient usés,
les enfants s’en servaient en guise de balles pour jouer. Félix commença à
étudier à l’école de son père. Assis au pied de sa chaire à portée de main, il
devait progresser. Un jour, il reçut un coup de baguette sur la figure qui
faillit lui faire perdre un œil.
En
octobre 1552, son père l’envoie à Montpellier pour étudier la médecine. Il sera
en pension chez Laurent Catalan, apothicaire de son état. En échange le fils de
celui-ci devait venir à Bâle. C’est par de tels échanges que de pauvres gens pouvaient
envoyer leurs fils étudier au loin. Félix part
avec deux chemises, quelques mouchoirs, enveloppés dans une toile cirée, quatre
couronnes d’or cousues dans son pourpoint et trois couronnes en monnaie. L’argent
avait été emprunté comme celui qui avait payé le cheval. En cadeau pour ne pas
oublier sa famille : un écu valaisan frappé sous le cardinal Mathieu
Schinner à rapporter au retour. Des recommandations : il devait étudier
avec zèle et ne rien attendre de sa qualité de fils unique. Sa mère pour son dîner d’adieu croyant lui faire plaisir lui sert sa
caille apprivoisée !!Son père l’accompagne jusqu’à Liestal. Les adieux
sont tristes « je me sentis ému jusqu’au fond de mon cœur et je continuai
navré un voyage dont la perspective m’avait tant de fois réjoui ». Pour la
première fois il a armé ses talons d’éperons qui l’embarrassent pour marcher.
Il a 15/16 ans.
A Genève il rencontre Calvin qui lui propose
un compagnon de voyage aide-chirurgien Michael Edouardus de Montpellier. Il
entend Calvin prêcher mais il n’y comprend rien !!.Peut-être parce qu’il
est pour la première fois de sa vie au milieu d’une assistance fort nombreuse.
Ils se joignent à des marchands français revenant des foires d’Allemagne, plus
on se voyait en nombre, plus on se sentait en sureté.
Avignon il est seul à l’auberge du Coq : « un mauvais gîte hanté par des bateliers aux
larges chausses et aux bonnets bleus. J’avais grand peur et ne pouvais me faire
comprendre de personne ». Un moment de vague à l’âme le lendemain,
il a envie de retourner chez lui. Il pleure les bras autour du cou de son
cheval qui hennit plaintivement. Mais il repart avec son compagnon. Il passe le
Gard par le bac. A Sérignac la fille de l’aubergiste voulut l’embrasser car
c’est l’usage en signe de bienvenue, mais « je m’en défendis, ce qui fit rire »..Heureux
adolescent !.
Il raconte la peur dans les bois, les notes d’aubergiste grossies, les
passeuses de gué qui refusent de rendre la monnaie, la perversité qui
scandalise sa jeune âme calviniste : la séduction des femmes de France, la
coquetterie des filles d’auberge… On complote contre sa vie dans une auberge,
dans une autre la nourriture le rend malade. Il arrive à Montpellier après
vingt jours de voyage. Un spectacle l’enchante : une procession de
bourgeois affublés de grandes chemises blanches accompagnés de musiciens
offraient des dragées et des friandises à toutes les jolies filles.
Tout l’intéresse. Pour la première fois il voit des oliviers et en goutte
les fruits qu’il trouve mauvais et amers ! A Montpellier il se mêle avec
entrain aux autres étudiants allemands. Il joue plutôt bien du luth ce qui lui
ouvre les portes des soirées mondaines. Un nouvel étudiant ou la réussite à un
diplôme et c’est des banquets, des processions dans la ville, en main des branches
de fenouil ornées de figurines en sucre. Il participe avec d’autres à quelques
pillages de tombes pour assister à des autopsies clandestines interdites. Il nous
raconte la vie de Montpellier, les oranges jetées sur les gens pour Mardi-Gras
sur la place Notre-Dame, les premières cerises, le marché aux oignons pour le
24 août, les vendanges….Les buissons de romarins qui poussent à l’état sauvage
et qui servent de combustible. Il garde une certaine fraîcheur enfantine tout
au long de son récit. Les jacinthes en fleurs en janvier, ses habits qu’il
étrenne, ses souliers neufs pour les dimanches. Il s’insurge contre la corruption
du tailleur qui lui fait payer plus qu’il n’en faut de peau pour tailler des
chausses vertes…
Pendant quatre ans il loge chez une famille
espagnole marrane, celle de Laurent Cathalan, (marrane c’est-à-dire contrainte
à se convertir au christianisme). Cependant leur alimentation montre que bien
que convertis, la maisonnée et leur étudiant ne mangent pas de porc, mais des
légumes, un peu de mouton, parfois du bœuf. Félix apprécie le vin de muscat
additionné d’eau. Pendant Carême, Félix en bon protestant n’a jamais observer
des restrictions alimentaires. Alors il prend l’habitude en cachette de faire
cuire des œufs et du beurre fondu sur les braises. Malheureusement il dissimule
mal les coquilles qu’une servante trouve. Toute la maisonnée en est
retournée !! Une imprudence dangereuse pour des marranes en une période où
protestants et convertis sont suspects et les bûchers actifs. Félix note dans
son journal avec une simplicité douloureuse les exécutions des luthériens qu’on
n’appelle pas encore huguenots, les hommes, les femmes qu’on roue, tenaille,
brûle pour crime d’hérésie. C’est la peine de mort pour avoir mangé de la
viande ou des œufs pour carême. C’est la vaisselle que l’on brise à l’entrée de
carême quand elle a servi à cuire de la viande !!
Félix s’exerce à la préparation des médicaments dans la pharmacie de son
hôte. Avec lui il lisait l’ancien testament. Il assiste le 22 avril 1553 à un
événement qui aurait pu coûter la vie à toute la maisonnée : « Le 22 avril [1553], la femme du vieux Catelan fit ses couches.
Elle [...] accoucha dans la salle à manger derrière un rideau. Elle mit au
monde un fils, que l'on nomma Laurent, et qui fut secrètement circoncis et
baptisé selon leur coutume ".
Félix nous signale un été
caniculaire en juillet 1555 avec plusieurs personnes mortes d’insolation à
Vendargues. La peste est à Toulouse. Le 11 juin 1556, un vent brûlant le
siroco, souffle et plusieurs moissonneurs meurent dans les champs.
Pour son départ de Montpellier, ses amis lui jouent un tour. Ils lui
servent un pâté dans lequel le lièvre est en fait un chat. Il note dans son
journal qu’il n’en éprouve pas véritablement de dégoût.
Sur le retour, en découvrant au loin les deux tours de la cathédrale de
Bâle il oublie ses peines. Il décharge ses pistolets inutiles désormais contre
le mur d’un jardin. Il voit sa mère « je la trouvai pâle et vieillie. Elle
portait comme c’était la mode un tablier vert à bavette montante et des
souliers blancs ». Il
est chez lui en sécurité !! Toute la rue arrive, il y a cinq ans qu’il est
parti…
De retour à Bâle il épouse en octobre1557 Magdalena Jeckelmann fille de
Franz, chirurgien et conseiller. Il fait partie des notables de Bâle. Il
s’installe médecin, parmi les dix-sept autres de la ville plus quelques
guérisseurs, dont une sorcière et deux bourreaux qui s’essaient à la médecine. A la mort de son père il prend en charge ses demi-frères et sœurs. Il
financera les études de son demi-frère Thomas à Montpellier.
Il va oser pratiquer des autopsies publiques et privées pour ses élèves.
Il reprend les écrits de Vésale sur l’anatomie. L’autopsie permet de connaitre le corps humain mais
aussi les causes des décès. Nous pouvons dire qu’il est un précurseur en
médecine légale en Suisse
De son séjour en France, il envoie à sa famille des
« curiosités » qui deviendront une collection admirée. En 1580 Michel de Montaigne lui rend
visite à Bâle. Il note :
« Nous y vismes de singulier [à Bâle] la
maison d’un médecin nommé Fœlix Platerus, la plus pinte & enrichie
mignardise à la Françoise qu’il est possible de voir ; laquelle ledit
médecin a bâtie fort grande, ample & sumptueuse. Entre autres choses, il
dresse un livre de simples qui est desja fort
avancé ; & au lieu que les autres font pindre les herbes selon leurs
couleurs, lui a trouvé l’art de les coler toutes naturelles si propremant sur
le papier, que les moindres feuilles & fibres y apparoissent, come elles
sont, & il feuillette son livre, sans que rien en eschappe ; &
monstra des simples qui y estoint collés, y avoit plus de vint ans. Nous vismes
aussi & ches luy & en l’escole publique des anatomies entieres homes
morts, qui se tiennent »
Félix lorsque la médecine lui en donne le loisir,
s’adonne en effet à des collections : herbier, instruments de musique,
cabinet d’histoire naturelle… Toujours le besoin de connaitre, de comprendre.
Guillaume Rondelet dont il a suivi les cours à Montpellier lui a probablement
appris la technique du séchage des plantes, technique mise au point par
l’italien Luca Ghini. 813 spécimens de plantes originaires de Suisse, France,
Italie, Espagne, Egypte. Son herbier est conservé à l’Université de Berne
actuellement. Cette technique d’herbier est révolutionnaire : il était
habituel jusqu’alors de dessiner et peindre les plantes pour en garder une
image.
Il s’intéressera aussi à l’élevage des vers à soie et
des canaris.
Il écrit beaucoup.. La vue, les yeux titillent sa
curiosité. En 1583 il publie un traité sur la cataracte et ce qui peut la
provoquer. En particulier chez les alchimistes ou toutes les personnes qui
travaillent près du feu. Il étudie les capacités sensorielles de la rétine et
du cristallin et leurs fonctions. Il est le premier à comprendre le principe de
la perception des images dans la rétine. Son traité sur la cataracte sera
repris par son neveu Félix Platter en 1626. (qui lui sera professeur de logique
et de physique 1605-1671)
En 1602 et 1604 il publie « Praxis medica »,
dans lequel pour la première fois les maladies sont classées par symptômes.
Pour lui les maladies mentales sont dues à des causes naturelles et non à la
magie, sorts, ou possession démoniaque. Il associe le contexte social et
familial aux maladies. Il s’intéresse aussi aux épidémies de peste, avec études
de statistiques, nombre de malades, guérisons, décès, propagation… Un homme
très moderne.
Bon vivant, jouant de plusieurs instruments de
musique, il était aussi amateur de poésies, récitant ses propres vers et
chantant en s’accompagnant. Il va finir sa vie, dans l’aisance d’une fortune
bien acquise.
Thomas Platter le Jeune ou Thomas II Platter
Fils d’un second mariage de Thomas le Vieux
et d’Esther Gross. Il nait le 24 juillet 1574 à Bâle.
Félix n’ayant pas d’enfants, Thomas le Vieux se remarie à 73 ans ;
six enfants naitront de ce remariage. Dont Thomas II le Jeune.
Différent de caractère de son frère Félix, il apparait dans ses écrits
moins crédule, plus solide, laborieux. Un scientifique pur jus !!
Il épouse Chrischona
Jeckelmann, nièce par alliance de Félix (fille de Daniel frère de Magdaléna
épouse de Félix). Il décède
dans cette ville le 4 décembre 1628
Il
quitte Bâle en 1595 pour rejoindre Montpellier …Il a 21 ans, moins candide et
plus mûr que son frère lorsqu’il part. Diplôme de bachelier en médecine en poche en
mars 1597, il revient à Bâle en 1600 où il passe son doctorat en médecine. Mais
avant il parcourt l’Espagne, la France, l’Angleterre, les Pays-Bas
Médecin,
botaniste, professeur d’université d’anatomie et botanique en 1614, succédant à
son frère Félix, et professeur en médecine en 1624, recteur et doyen de l’université
de Bâle. Comme son frère Félix il a fait ses études de médecine à Montpellier.
Il va nous laisser un journal de voyage, rédigé en dialecte bâlois de 1604 à 1605.
Sorte de récit d’initiation, avec cartes géographiques, vues de villes,
croquis. « dans
la matinée du 9 avril (1597) j’emballais mes collections de poissons,
coquillages, algues, fruits…en un mot tout ce que j’avais recueillis dans le
Languedoc pour le musée de mon frère Félix.Il y en avait bien quatre quintaux
qui furent dirigés sur Lyon puis sur Bâle à dos de mulet… ».
Excellent
latiniste, bon connaisseur des Ecritures, il a reçu une éducation soignée. En
homme de la Renaissance, il s’intéresse à tout : histoire, lettres,
botanique, architecture, paysages, économie, le droit. Coutumes et usages des lieux,
des hommes. Il est protestant sans état d’âme, mais ouvert d’esprit et très
modéré envers les « papistes ». Il a un regard pratiquement
d’ethnologue sur les gens rencontrés, qu’ils soient Juifs d’Avignon, jésuites
des collèges… Une absence de préjugés et une liberté de ton qui donnent aux
historiens une somme considérable d’informations et d’observations crédibles sur
son époque et les ruines morales et matérielles des guerres civiles françaises.
Le regard aigu d’un reporter.
Il raconte l’Université, les professeurs, les cours : « quand
le professeur veut toucher son traitement, qui s’élève annuellement à deux
cents couronnes de France, et qui lui est payé par la Cour des comptes royaux,
il doit se faire accompagner par quelques étudiants, y compris un de leurs
quatre conseillers, pour attester que les cours ont été faits régulièrement et
avec soin ».
Les dissections étaient un spectacle avec tout public. Le
chirurgien « lançait des plaisanteries polissonnes quand des dames
assistaient à la dissection d’une femme… ». Les spectatrices se
cachaient derrière un masque.
Quand il
passe à Vallabrix en 1595 invité par le capitaine Combet, il voit un village en
ruines dévasté par les guerres polico-religieuses. Partout il verra des
églises, des abbayes, dévastés, des bijoux de la Renaissance mutilés par les
uns et par les autres. L’ »idolâtrie papiste » persécutée, moquée là
où les protestants règnent en maîtres comme à Montpellier et cela malgré les
édits royaux…
Il nous
décrit le pont de Pont-Saint-Esprit : « Plusieurs
personnes pensent que c’est le Saint-Esprit qui a réellement bâti ce
pont ; mais à ce qu’on dit, c’est l’archevêque qui se trouve aujourd’hui
encore dans cette ville qui l’aurait fait construire….pont long, droit,
construit en pierre : c’est la maçonnerie d’un ouvrage d’art. Je l’ai
mesuré moi-même et j’ai trouvé qu’il est long de douze cents de mes pas. ….il y
a une monté un peu avant la ligne droite et une descente quand cette rectitude
a cessé. Le pont est très régulièrement recouvert de petits cailloux taillés au
carré…le tout avec trois lignes : l’une au milieu, et les deux autres de
côté chacune…. On peut le fermer à volonté…Des deux côtés, le pont est bordé
par une petite rambarde surélevée jusqu’au dessus de ma ceinture afin qu’il
n’arrive dommage à personne. Au milieu sur le pont se dresse la chapelle
Saint-Nicolas où brule une lampe. Le pont est constamment gardé par des
soldats. Il y a en plus donnant sur le fleuve un poste fortifié : le
maréchal d’Ornano le fait garder en permanence par des militaires. Le pont a
dix-huit grandes arches voutées. Selon ce qu’on m’a rapporté, il y aurait à peu
près au milieu de ce grand ouvrage, deux arches qui ne seraient bâties que de
bois, l’une à côté de l’autre. En cas de guerre on pourrait procéder à leur
démontage et de cette manière l’ennemi serait dans l’impossibilité de passer le
pont… A par cela, la ville n’est pas
bien grande ni populeuse. Elle se situe à l’entrée du pays de Languedoc, elle
est frontalière du Dauphiné et du territoire du pape qu’on nomme comté de
Venaissin ou de Venise…. ».
Il assiste à
l’ »entrée » du Duc d’Uzès. Les maisons d’Uzès sont bâties sur le
roc, leurs caves sont excellentes, mais l’eau des puits est si froide qu’elle
n’est pas potable. Même les teinturiers s’en plaignent. Elle serait à l’origine
d’une maladie très commune dans notre région, les écrouelles ou adénites
tuberculeuses que la source de Meynes soulageait sans les guérir. Il nous
décrit d’ailleurs cette source et sa rotonde qui n’existe plus. Les maisons
d’Uzès ont déjà des galeries qui permettent de se promener à couvert… Tout
l’intéresse à Uzès, l’élection des consuls, la richesse des habitants,
l’artisanat, la « serge de Nîmes », les meuniers sur l’Alzon, nos
Noël…Dans la ville huit pharmaciens, et seulement trois barbiers qui ne
pratiquent pas la médecine ni la chirurgie. « Ici
on saigne peu les patients », ce qui est une bonne chose
pour le médecin qu’il est. Il relate le rôle et la variété des corporations
avec leurs costumes distinctifs, leurs enseignes et leurs « rois ». Les
marchés à jours fixes dans toute la ville et le grand marché place aux Herbes
où l’on expose au « costel », au pilori ceux qui ont contrevenu aux
règles de la vie communautaire.
Il visite en
1595 près d’Avignon, Monteux, petite bourgade d’environ cent maisons entourée
de remparts, Entraigues-sur-Sorgues entourée de cours d’eau. Son nom « comme
qui dirait entre les eaux ». Dans le comtat Venaissin, l’eau est
partout. Ici une tour carrée, suffisamment grande et haute pour être vue
d’Avignon « tant le pays est plat ». Sportif, il fait l’ascension du
mont Ventoux, voit la fontaine du Vaucluse…
La visite
des arènes de Nîmes donne lieu à un reportage très « visuel »,
toujours très scientifique.
"Ils nous menèrent aussitôt à
l'amphithéâtre, édifice. splendide, de forme ovale, construit sans mortier,
mais avec un ciment particulier, dissimulé, dit-on entre les pierres: il se
pourrait cependant que ces dernières, qui sont énormes, soient simplement
posées les unes sur les autres. Dans l'intérieur se trouve une cour également
ovale, appelée Campus Martius, où se réunissaient les Romains pour l'élection
des magistrats. Pour utiliser ce grand espace, on y a élevé plusieurs maisons,
dans ces derniers temps ; ce qui est regrettable, car on devrait veiller à la
conservation de ce monument, dans son genre le plus complet qui existe, et
qu'ont également respecté les Goths et les Sarrasins. L'arène est entourée de
dix-sept rangées de gradins en pierres de taille hautes de deux pieds et larges
de même. Du plus élevé, qui a 403 et, selon d'autres, 470 pas de périmètre, on
aperçoit la ville entière. Naguère encore on pouvait en faire complètement le
tour dans cette partie supérieure ; mais, il y a deux mois, des pluies
prolongées ont occasionné sur une longueur de 30 pieds, un éboulement qui
écrasa une maison fort heureusement inhabitée. J'estime que, restauré,
l'amphithéâtre pourrait encore aujourd'hui contenir vingt mille personnes. A
l'extérieur, on voit sculptés en relief Romulus et Rémus allaités par une
louve, et deux lutteurs. A l'extrémité opposée, j'ai vu aussi une grande figure
taillée dans la pierre, portant de longs cheveux et semblant réunir trois
personnes en un seul corps. Sur le fronton sont sculptées deux têtes de taureau
et un triple priape volant, monté par une femme qui le mène par la bride. Les
pierres dont l'édifice est bâti mesurent en général dix pieds de long sur deux
de large et d'épaisseur. Quelques-unes ont même une longueur de douze pieds et
une épaisseur de six. Cet amphithéâtre est tout près de la porte Saint-Antoine
et contre le rempart. On l'aperçoit de bien loin quoiqu'il soit bâti sur un
terrain plat comme toute la ville, qui est elle-même dans un bas-fond entre les
sept collines qu'elle couvrait jadis. A côté se trouve l'auberge renommée des
Arènes, et sur la partie du monument qui lui fait face, on voit un taureau
sculpté, non loin du bas-relief de Romulus et Remus."
Avec lui nous vivons les
épidémies de l’époque. Les portes fermées de Montpellier pour cause de peste,
la participation des consuls pour la sécurité de tous, les documents pour
circuler.. On connaît un peu mieux l’épidémie de 1597 d’Uzès grâce en partie au
récit de voyage de Thomas Platter et aux billets de laissez-passer qu’on lui délivre.
En mai 1598 tout va bien à Uzès, en juin
de même à Manguio. Plus de peur que de mal semble-t-il. Les gardes de
Montpellier, ville fermée aux voyageurs, examinent les billets passés sous la
porte du rempart et laissent les voyageurs à l’extérieur en attendant que les
consuls de la ville décident de les accepter ou non dans la ville. « Nous fûmes contraints de faire le pied de
grue hors des murs, toute la journée, les auberges refusaient de nous recevoir,
elles ne daignaient même pas de prendre nos bagages en consigne : nous les
avons donc laissés en vrac sur la grand-route à la garde de notre
laquais ; il ne nous restait plus qu’à tuer le temps dans un jeu de paume ». Le
consul qui les délivre leur apprend qu’"à Marseille et
à Aix ça mourait dur ».
La quarantaine pour les
personnes était de 40 jours, un peu moins pour les marchandises. En septembre
1598 la peste n’est toujours pas à Uzès, grâce certainement aux précautions
très sévères prises par les autorités. Les villages des environs sont par
contre touchés par l’épidémie.
Des anecdotes qui
l’amusent : à Montaren où il herborise, une femme avait accouché de deux
enfants à huit jours d’intervalle, le mari tremblait qu’elle n’en fit un
troisième au bout d’une autre semaine. « Il (le mari) en fut heureusement quitte pour la
peur » . Sa rigidité huguenote ou scientifique
nous avait fait oublier cet aspect de sa personnalité !!
Les superstitions qu’il
rencontre témoignent des croyances populaires : à Bagnols le Grand Prévôt
du Languedoc Pierre d’Augier lui montre un anneau contenant un « esprit ».
Il appartenait à une dame de la noblesse qui interrogeait l’esprit qui lui
répondait « à condition d’être adoré par elle deux heures par jour ».
Mais quand elle apprit de l’esprit, tout ce qu’on disait sur son compte, elle
tomba en mélancolie et omit d’adorer l’esprit comme promis. Elle mourut sur le
champ « lamentablement ». Le Grand Prévôt racontait à longueur de
temps des histoires de prodiges, de mauvais esprits, de jolies femmes, ce qui
fatiguaient le pudique et scientifique Thomas.
Sorcellerie et
superstition sont sévèrement punies, en vain. Thomas nous rapporte la pratique
de l’ »aiguillette » : pendant la cérémonie de mariage, on
prononce une formule magique et on noue un lacet en jetant une pièce de
monnaie. Le mari devient stérile ou pire impuissant jusqu’à ce que le maléfice
soit conjuré. On accuse un ou une jaloux(se). !!
Les Uzétiens commercent beaucoup avec
l’Espagne et l’Italie, le Piémont. Les foires de St Firmin du 25 septembre
voient arriver un grand nombre de riches marchands de ces pays. Les châtaignes
des Cévennes pelées et séchées partent pour ces états. Thomas accompagne des
marchands à la foire de Beaucaire du 25 juillet : il nous décrit des
étalages installés partout, hors de la ville, à l’intérieur, le long des
avenues, des rues, sur le fleuve, les maisons transformées en magasins, les
marchandises offertes à la vente, les plus diverses et même les plus
inattendues. Il rencontre un montreur de puces savantes, un Bourguignon, avec
d’énormes lunettes. « Sa fille
nourrissait ces insectes sur son bras…Les puces étaient harnachées avec une
extrême habilité. L’une d’elles portait un petit cavalier en argent, couvert
d’une cuirasse et ayant sa lance sur l’épaule, d’autres puces traînaient une
petite chaîne du même métal, longue comme le doigt et ne pesant qu’un
grain…Cela je l’ai vu de mes yeux, avec les deux frères Lasser de Lassereck,
nobles Strasbourgeois et plusieurs autres personnes. Cela n’est pas si
difficile que ce que j’ai entendu raconter, à savoir qu’une puce peut tirer une
petite voiture d’argent à quatre roues et que cela ne l’empêche pas de sauter,
mais ça je ne l’ai point vu ». Toujours
la rigueur de l’observation !
Il raconte le
« charivari » fait à un couple de jeunes mariés à Uzès. Vacarme, casseroles,
cor de berger, tambour, cris, chants…jusqu’à ce que le couple donne une
douzaine de couronnes. La fête continue en festins mais aussi parfois en
incidents graves. Un soir, des musiciens qui venaient de donner la sérénade à
des nouveaux mariés, rencontrent ceux qui faisaient le charivari : coups
échangés et un musicien est tué. Toute la bande est condamnée à mort.
A Uzès on aime les
cérémonies, les défilés solennels et leurs protocoles, les mascarades, les rues
décorées de tapisseries et de feuillages lors des discours.. Cela donne lieu à
des querelles pour des questions de préséance dans les processions, les
cortèges ou à l’église.
Thomas visite Balaruc en 1597, déjà
station thermale près de Montpellier. "L'établissement, dit-il, n'est qu'une méchante
bâtisse, car les sources changeant souvent de place, ainsi que j'ai pu m'en
convaincre moi-même par l'inspection des lieux, on a dû renoncer à y élever des
constructions importantes. Cela ne nous empêcha pas d'y trouver grande
affluence de beau monde venu de Montpellier, de Nîmes, de Toulouse ou
d'ailleurs, et se contentant forcément de cette mauvaise installation car, on
était au fort de la saison des bains qui est l'automne et le printemps, tandis
qu'ils sont réputés nuisibles en hiver
et en été. …Les eaux se prennent
rarement en bain. On les boit par 6,8,
et jusqu'à 12 verres coup sur coup en commençant par un petit nombre et
en terminant de même, comme il est d'usage pour les eaux minérales. Chacun agît
à sa guise ou selon l'ordonnance des médecins de Montpellier pour qui Balaruc
est un bon revenu, rien ne s'y faisant sans leurs prescriptions. Elles sont
chaudes, fortement salées et d'un goût désagréable rapellant celui d'un mauvais
potage trop relevé. Après avoir bu, l'on fait un tour de promenade dans la
campagne. Les dames
élégantes marchent en s'appuyant au bras de leurs domestiques ou de leurs
cavaliers servants et, comme l'eau agît promptement et procure d'abondantes
selles, c'est un curieux spectacle de
voir tout ce monde arquebuser en plein champ à qui mieux mieux, car il
n'y a ici ni arbre ni abri pour se mettre à couvert, le maisonnage se trouvant
au bord de l'étang."
A Alès en 1598, il décrit
la présence d’hydrocarbure en surface. « On trouve au lieu de la Bégude près
d’Auzon une forte source qui jette beaucoup d’huile de pétrole ou plutôt de
bitume liquide ; on le ramasse à fleur d’eau avec des écumoires ou autres
ustensiles. Cette huile provient de plusieurs bancs d’asphalte ou sables
bitumineux qui traversent le coteau qui est au-dessus de la source. Les eaux
pluviales ou autres qui traversent ces bancs sablonneux, délayent les bitumes
dont ils sont imprégnés et le charrient à la source où il est ramassé comme
nous avons dit… »
Thomas découvre la France
et ses différences. Les danses locales, la grosse cloche de Notre-Dame de
Rouen, et Paris où la foule à l’intérieur et autour de Notre-Dame le surprend.
On y fait des affaires plus profanes que de dévotions. « Les entremetteuses se promènent
autour du chœur et offrent leurs services aux étrangers. Adossés contre les
piliers, des lits dans lesquels étaient couchés de jeunes enfants trouvés qu’on
recueille dans les rues et qu’on porte dans des lieux déterminés les jours de
fête dans l’espoir qu’une personne charitable désirant élever un enfant s’en
fasse donner un ».
Dans la grande salle du
Palais, il nous montre « des boutiques de marchands de soie, de
velours, de pierres précieuses, de chapeaux, de livres, de tableaux et autres
articles. Il est assez difficile de passer devant ces étalages sans acheter
quelque chose, parce que les marchands et les marchandes savent attirer les
passants avec beaucoup d’affabilité….Les femmes sont fort rusées.. »
Au Louvre, Thomas visite
l’appartement du roi et son cabinet de travail. Les constructions entreprises
par Henri IV l’impressionnent : une galerie « qui va du palais jusqu’à son jardin
de plaisance, les Tuileries, situées en dehors de la ville…. »
Le jeune
Bâlois s'étonne de la vitalité de la rue parisienne : « en voyant tant
de monde dans la rue, je croyais qu'il ne restait plus personne dans les
maisons, et, néanmoins, je trouvais les maisons et les auberges toujours
pleines lorsque je voulais y descendre »
Il est abasourdi par
Paris : « il
y a moins de risques à voyager dans une forêt vierge qu’à se trouver dans les
rues de Paris, surtout quand les lanternes sont éteintes ».
Il
aperçoit le jeune duc de Guise et son jugement est cruel : les vêtements
somptueux que porte le duc sont là pour faire oublier combien le jeune homme
est laid. « fort
laid de visage, avec son nez écrasé ».
En avril 1599 il voit à Gordes le château du gouverneur royal Mr de Cardonnac. Ce qui
authentifie pour l’historien la présence de ce château dont on a perdu la
trace.
Il fait des kilomètres, il emmagasine tel un collectionneur les rencontres,
engrange les connaissances.
En 1599, le 2 juin il est dans le Nord-Ouest de la France.
Pour traverser la forêt d Chambord, il ne trouve personne pour lui servir de
guide. Les loups prolifèrent, les cadavres des guerres de religion les ont bien
nourrir. « Les loups sont acharné à manger de la chair humaine ».
Ce jour-là une femme de 50 ans , un garçon sont attaqués à Thoury dans l’actuel
Loir et Cher. Le 14 août 1599, à Mortemer (Seine-Maritime) au nord de
Neufchâtel, les habitants lui parlent des loups qui s’attaquent aux personnes
« jusqu’à les dévorer entièrement ». Les paysans n’ont pas le droit
de les tuer.
Déjà en août 1595 Pierre de l’Etoile avait mentionné
l’attaque d’un enfant par un loup dans Paris place de Grève, « chose
prodigieuse et de mauvais présage ».
Londres en octobre 1599
l’enthousiasme. »Londres est si
supérieure à d'autres villes anglaises que Londres est censé ne pas être en
Angleterre, mais plutôt l'Angleterre à Londres ». ….« Dans
les tavernes à bière, on peut se procurer aussi du tabac alias herbe vulnéraire païenne. Le
tavernier vous en donne chaque fois pour un pfennig. On l’allume dans un petit
tube, on aspire ou suce la fumée dans la bouche, et de cette même bouche on
laisse couler le plus de salive possible. Après quoi on boit un bon coup, Trunck, d’excellent vin d’Espagne. On
utilise aussi le tabac comme médecine spéciale pour le rhume de cerveau. En
même temps, c’est pour le plaisir. Tellement commun en Angleterre est le tabac
qu’ils ont toujours leur bouffarde sur eux à portée de main ; ils la promènent
en tous lieux, dans les théâtres, les auberges ; ils battent le briquet,
allument la pipe, et boivent. C’est comme chez nous quand on apporte du vin. Ça
les excite furieusement, ça les rend gais ; au point que la tête leur tourne,
comme s’ils s’étaient saoulés. Mais bientôt le malaise se dissipe. Et ils
abusent tellement de ce tabac, en vue du plaisir que ça leur donne, que les
prédicateurs poussent des hurlements : “Fumeurs, vous courez à votre perte !”2. On m’a
même raconté qu’on avait disséqué les veines d’un homme atteint de tabagie.
Elles étaient revêtues de suie à l’intérieur, comme le dedans d’une cheminée !
"
Les journaux autobiographiques des Platter à la teneur
pédagogique indéniable nous documentent sur les savoir-faire en agriculture,
viticulture, les rapports inter-sociaux, la gouvernance de la ville, architecture,
approvisionnement en eau, etc.. Avec croquis, dessins…. Ils nous renseignent
sur des lieux aujourd’hui modifiés ou disparus, presque photographies avant
l’heure.
Ils sont témoins d’une époque de crise où le Moyen âge
mourant donne naissance à une ère moderne. Ils nous font vivre ces temps
agités. Une valeur historique inestimable.
Université de Médecine Montpellier 16ème siècle- BNF |
Sources : Jean
Mistler Sous la Coupole édit Grasset 1981 - Jean
Marc Moriceau Histoire du Grand Méchand
Loup édit Fayard 978-2-213-628806 -
Georges Lanson Etudiants et Mœurs
Universitaires au 6ème siècle
internet Observatoire de la Vie Littéraire Félix et Thomas Platter2007 - « Deux
étudiants bâlois », Félix et Thomas
Platter à Montpellier 1552–1559 — 1595–1599 [archive], Montpellier, Camille Coulet, 1892, 551 p. - Ferdinand Buisson, « Platter ou
Plater », Nouveau dictionnaire de
pédagogie, Paris, Hachette, 1911 (lire en ligne [archive]) -- Daniel Albert Fechter, Thomas
Platter und Felix Platter, Bâle, 1840, in-8°Traduction
française publiée à Genève, chez Fick - Huldrych
M. F. Koelbing, « Platter,
Felix [archive] » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne. - Emmanuel Le Roy
Ladurie, Le Siècle des Platter, Paris, Fayard :- – E. Le Roy
Ladurie, Le siècle des Platter, 3
t., 1995-2006 (une trad. franç. du Voyage
de Thomas Platter se trouve dans le t. 2) – K. Huber, Felix Platters "Observationes", 2003 - Werner Bellwald – Le Temps Publié samedi 13
février 1999 traduction Fabienne Girardin – Félix Platter Tagebuchblätter
- -Emmanuel Le Roy
Ladurie et Francine-Dominique
Liechtenhan, L'Europe de Thomas Platter (1599-1600). Éditeur : Fayard
(2006). (ISBN 2213627851) + Le Voyage des Platter - L.
Sieber, Description de Paris, par
Thomas Platter le jeune, de Bâle (1599), p. 167-224, dans Mémoires de la Société de l'histoire de
Paris et de l'Ile-de-France, 1896 Vol 23 p199(lire en ligne) [archive] - La vie de Thomas
Platter écrite par lui-même [archive]. – Gabriel GACHELIN, « PLATTER FÉLIX - (1536-1614)
», Encyclopædia Universalis [en ligne], URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/felix-platter/ - Ernest Lavisse, Paul Vidal de
la Blache Thomas Platter le Jeune
(1574-1628) Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911)
- Leroy Ladurie Le voyage de Thomas
Platter en Rouergue et en Languedoc au 16ème siècle in études
aveyronnaises ISSN1271-6081-2002 - Barbara Ketcham Wheaton L’Office et la Bouche édit Calmann-Lévy p 87 – Isabelle Paresys Apparences Histoire et Culture du
Paraitre apparences.revues.org/1229 - Laurent
Turcot (Quebec) La Fonction de la Promenade dans les Récits de voyage à Paris
au 18ème siècle (cairn.info 2007/1 n°39 )1003917/dhs0390521 – "De
Maguelone à la Cité", 1948 internet
balaruc les bains, Histoire locale
-- Nicole Bernard 6-6-2015« ALTHEN des PALUDS, une histoire d’EAUX » Des paluds au
parc aquatique(Avec la collaboration de Henri BERNARD) -
Gilles banderier Le tabac au 16ème et 17ème siècle
internet fumeurdepipe.net/arttabac-europe baroque - A lire dans le Républicain d’Uzès le
feuilleton historique de l’été à partir du 29 juin 2017e en 11
épisodes « Le Journal de voyage de Thomas Platter » Gaston
Chauvet-Monique Demerson -
Et bien d’autres documents, tant les Platter ont apporté aux historiens
amateurs ou non, aux scientifiques de tout poil.
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