(Abraham
Fontanel de Mende –Agnès Mourgue 12 ans tuée en déc 1765à Lorcières Puy de Dôme)
Loup,
y es-tu ?
Les « Gazette de
Nîmes » du 2 novembre et du 21 décembre 2017 p42 enquêtaient sur « le
retour du loup …jusque chez nous ». Déjà en 2016 l’Observatoire du Loup
nous présentait une carte attestant de la présence du loup sur notre
territoire. L’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS)
recense les attaques officielles des troupeaux. On pense que le loup est arrivé
d’Italie vers 1992. Notre pays en hébergerait autour de 300. Il semble que les
analyses ADN diligentées par les éleveurs du Larzac révèlent des chiffres plus
importants et surtout des croisements : onze individus différents ce qui
indique au niveau national environ 500 loups. Et parmi ces onze, certains sont
de souche nordique, d’autres hybrides (croisés avec des chiens ou d’autres
lignées). Selon une étude de l’Office, sur les poils et fèces de 130 loups
examinés 92% sont de lignée italienne, 6% d’une hybridation ancienne et 1,5% d’une
hybridation récente.
Il n’attaque théoriquement pas l’homme, mais il semble parfois tenté, bien qu’il ait peur de nous.
En 1599, le 2 juin Thomas Platter le Jeune
est dans le Nord-Ouest de la France. Pour traverser la forêt d Chambord, il ne
trouve personne pour lui servir de guide. Les loups prolifèrent, les cadavres
des guerres de religion les ont bien nourrir. « Les loups sont
acharné à manger de la chair humaine ». Ce jour-là une femme de 50
ans, un garçon sont attaqués à Thoury dans l’actuel Loir et Cher. Le 14 août
1599, à Mortemer (Seine-Maritime) au nord de Neufchâtel, les habitants lui
parlent des loups qui s’attaquent aux personnes « jusqu’à les dévorer
entièrement ». Les paysans n’ont pas le droit de les tuer.
Déjà en août 1595 Pierre de l’Etoile avait
mentionné l’attaque d’un enfant par un loup dans Paris place de Grève, « chose
prodigieuse et de mauvais présage ».
(blog
13-09-2017 Les Platter du mendiant au professeur)
Des chercheurs ont
identifié de 1271 à 1918, 7800 victimes humaines, presque la moitié mordue par
des loups enragés. En 1814, le président du Conseil Général du Gard écrivait au
Ministre de Intérieur : « Depuis environ six ans, 63 enfants de
6 à 12 ans ont été dévorés par une espèce de loup inconnue. Cette année, une
femme de 34 ans du village du Planet est
dévorée en plein jour dans son jardin….. ». Ceci rappelle
l’épisode de la Bête du Gévaudan de 1764-67, qui fit une centaine de victimes
en Lozère, Aveyron, Cantal et Haute-Loire.
C’est chez nous
dans l’Uzège, l’épisode de la louve enragée du 11 juillet 1850, relaté ici sur
ce blog précédemment (28/2/2017 Histoires
d’Hier et d’Aujourd’hui – Un Bien Fâcheux Evènement). Neuf villages sont
touchés.
Prime d'abattage arch dép Hérault |
Primes conséquentes accordées
pour destruction d’animaux nuisibles dans l’Hérault – circulaires de 1818 à
1864 – chaque louve pleine rapporte 18 francs, chaque vipère 0,50 francs. –
Le loup est pour les
chrétiens l’incarnation du diable, et il nous faut trier dans les archives le
vrai du faux. Attaques de loup ou de chiens ensauvagés, crimes de la main de
l’homme, affabulation, fantasmes sexualisés, tueur en série…. En fait, pendant
longtemps, seul le cadavre de la bête permettait d’être sûr ; maintenant,
analyses de la salive, des poils, ADN, photos, permettent une meilleure
compréhension du phénomène. Les attaques sont de moins en moins contestables.
Nos troupeaux constituent un garde-manger opportun pour ces bêtes, malgré tous
les stratagèmes déployés pour les éloigner. Le 23 octobre 2017, en trois mois,
16 ovins tués et 37 blessés qu’il faudra euthanasier en Petite Camargue et dans
les Costières, chiffres officiels de l’ONCFS. Sans compter les avortements et
les décès d’agneaux stressés.
(Figure de la bête féroce- Gabrielle Pélissier 17 ans tuée le 7 avril
1765 à La Clauze Aveyron – Représentation à caractère sexuel, la bête
s’attaquant particulièrement aux filles (habillées de rouge comme par
hasard !!-)
Quant à la fameuse
« Bête du Gevaudan », que de pages écrites à son sujet !
Probablement une meute qui fit une centaine de victimes du 30 juin 1764 au 19
juin 1767. A cette époque le département de la Lozère s’appelait le Gevaudan.
Le roi fit appel à sa Louveterie, armée de chasseurs spécialisés qui existe
depuis le 13ème siècle. Le 12 janvier 1765 au Villaret en
Haute-Loire sept bergers de 8 à 12 ans parviennent à repousser un loup avec
leurs piques. Le plus courageux Jacques Portefaix sera pris en charge par le
roi qui par une bourse financera ses études religieuses à Montpellier.
A deux reprises on pensa
avoir tué le monstre. En septembre 1765 un porte-arquebusier du roi François
Antoine abattit un grand loup qui sera exposé à Versailles. Puis en juin 1767
un paysan Jean Chastel en tue un autre dans un bois du Mont Mouchet. Et les attaques
cessèrent.
La « Bête »
sera représentée abondamment, chroniquée, imaginée, fantasmée…. C’est le loup
des contes pour enfant, le loup qui cache le visage et qui laisse luire les
yeux coquins ou dangereux les soirs de fête, c’est le loup-garou…. Ne dit-on
pas d’un paresseux qu’il »a les côtes en long comme les
loups » ! Bête éternelle, qui renaît de ses cendres, elle sera
l’objet, l’outil de toutes les turpitudes humaines, au cinéma comme en
littérature. Nous pouvons nous demander si actuellement, nous n’avons pas
encore une image du loup très romancée, peu réaliste, ce qui ne nous aide pas à faire la part des choses.
Mais il va bien falloir
choisir entre nos troupeaux et les loups. L’élevage en plein air et en montagne
est menacé : l’an dernier plus de 10 000 bêtes ont été tuées. Des
moutons, des chèvres, des veaux…Ces troupeaux entretiennent les grands espaces
montagneux, les garrigues des plaines. S’ils venaient à disparaitre, qui fera
leur travail ? Dans la nature tout doit être équilibre, et une présence
exponentielle du loup n’est pas facteur d’équilibre. Chaque époque est
différente et le 21ème siècle n’est pas le 18ème ou le 19ème
siècle. Nous ne trouverons pas de solution responsable aussi longtemps que nous
nierons le problème.
Nos troupeaux doivent ils servir de garde-manger pour les loups ?
Les bergers ont aussi le droit de vivre de leur travail.
Sources : Gazette de
Nîmes n°847 27 août 2015 – n°961 2 nov 2017—n°968-969 21 déc 2018 Olivier Rioux
Caroline Solano—Jean Marc Moriceau Sur les Pas du Loup édit Montbel
---Geneviève Carbone L »ABCdaire du Loup édit Flammarion ---archives
départementales du Gard, Puy-de-Dôme, Hérault, BNF – france-loups.fr –wwf.fr/especes-prioritaires/loups
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