En février 1947, une
plaquette a été éditée pour être vendue à Montpellier au bénéfice des Œuvres
des Escoliers du Languedoc, qui était une caisse suisse de secours aux
étudiants victimes de la guerre et de la Résistance.
Ce sera l’occasion de manifestations artistiques et d’amitiés du 6 au 10 mars 1947, organisées par le Comité Suisse d’Action. Les artistes qui participent à ce livret veulent faire connaitre les beautés d’un autre pays de langue d’oc, comme le poète Ramuz, avec son Chant des Pays du Rhône. Le maître-imprimeur Ch Corbaz de Montreux, le maître-photograveur Fernand Dupuis de Lausanne sont de l’aventure. Tous se souviennent que parfois leurs lointains ancêtres languedociens sont devenus Suisses par la volonté de notre roi Louis XIV et du vent de l’Histoire, la langue d’oc cousinant avec la leur, qui s’était installée bien avant dans ces hautes montagnes. Sur les contreforts orientaux suisses du massif du Jura, une petite commune s’appelle Provence et à Lausanne un quartier porte aussi ce nom.
Ce sera l’occasion de manifestations artistiques et d’amitiés du 6 au 10 mars 1947, organisées par le Comité Suisse d’Action. Les artistes qui participent à ce livret veulent faire connaitre les beautés d’un autre pays de langue d’oc, comme le poète Ramuz, avec son Chant des Pays du Rhône. Le maître-imprimeur Ch Corbaz de Montreux, le maître-photograveur Fernand Dupuis de Lausanne sont de l’aventure. Tous se souviennent que parfois leurs lointains ancêtres languedociens sont devenus Suisses par la volonté de notre roi Louis XIV et du vent de l’Histoire, la langue d’oc cousinant avec la leur, qui s’était installée bien avant dans ces hautes montagnes. Sur les contreforts orientaux suisses du massif du Jura, une petite commune s’appelle Provence et à Lausanne un quartier porte aussi ce nom.
Paul Budry, journaliste,
écrivain, critique d’art vaudois et un des « pères » de la
littérature vaudoise du 20ème siècle avec Ramuz et Gilliard, nous
fait cadeau dans ce livret d’un calendrier du vigneron. Voici Décembre et
Janvier.
« Décembre
…Plus personne sur les murets. Cette première neige est venue comme une couette
mouillée. Des convois de feuilles grillées courent le long des murs avec un
bruit de vieux papiers. C’est alors que vient le charcutier avec son tablier
blanc et que s’entendent ces grandes ciclées du cochon qui pleure de devoir
partir en saucisses. Le médecin vient aussi parce que c’est ce mois qu’un
chacun voit ce qui ne va plus tant bien dans sa machine. L’un la goutte,
l’autre les reins, le foie, le catarrhe…. Au bord de la route le distillateur
amène son coquemar du diable, autour de quoi il fait chaud et ça sent le
schnaps réchauffé, et chacun apporte ses deux, trois, quatre sacs de marc à
bouillir. L’acheteur s’amène et fait l’affaire sous la machine. Les gosses les
bonnets tirés sur les oreilles, regardent aux vitres de l’épicerie la dame
installer ses surprises de Noël, tout rubans, fausse neige et papiers
arc-en-ciel. Toi, vigneron, tu scies ton bois dans ta remise, porte ouverte et
quand ta scie est seule à s’ennuyer auprès du chevalet, on sait te trouver à la
cave, retapant tes vases, ou deux, trois assis sur des plots à portée du
guillon, débattant des affaires communales. Couché avec les poules, la journée
n’est plus qu’un petit bout de journée. Et Noël est venu sans bruit. Voici l’an
neuf, Vigneron, va falloir se réabonner à l’ouvrage. Bonne
année, regarde-moi cette vendange qui est écrite dans les étoiles…. »
« Janvier
…. Cimente tes murs les jours qu’il ne gèle. Et mine ce qui doit l’être aux
alentours du Nouvel-An, terre gelée s’en porte mieux. Ta vigne dort toujours, Vigneron,
ne fais pas comme elle ! Quand la nuée secoue ses plumes, fends-moi des
échalas biens droits, tire ta paille de lève. Bon vigneron ne va pas quérir ça
au bazar. Et passe-moi ce sécateur à la meule. Il y aura tantôt de l’ouvrage
pour cet ami. « Taille tôt, taille tard, faut finir à la Saint-Grégoire !!»….
Ne laisse pas non plus ton vin s’ennuyer à la cave, va lui dire deux mots tant
que le cœur t'en dit. Ouvre les soupiraux, qu’il voie revenir le soleil.
Il est bien content, il s’éclaire ; on commence à se voir à travers, les
trois les quatre qu’on est à regarder grandir ce jeune fils. Il fait ses
premiers pas sur la langue des connaisseurs. Il répond, le ciel soit
loué ! Ces messieurs de la ville peuvent venir, il est là. Bientôt
Vigneron tu vas savoir ce qu’on veut payer tes sueurs. Va falloir prévoir pour
les fumiers, pour les effeuilleuses… Vigneron, les
années se suivent et tout recommence. Celle qui vient sera la bonne des bonnes.
Bonne nuit.
Sources : Le
Valais Le Lac Léman magnifiés par leurs Ecrivains de Langue d’Oc 1947—photos E
Gygeer et Klopfstein à Adelboden , Gos de Lausanne, G Mussler de Sion, L Blanc
de Lausanne—on peut lire ou relire La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau
et sa rencontre avec le lac Léman---
Ciclée : cris
perçants
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.