dimanche 2 décembre 2018

Vive le vent !!!




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Vive le Vent !!

Cette année le mistral ne nous a pas oubliés, nous offrant des cieux d’un bleu profond, limpides et une relative fraicheur quand la cagna était là. Bon compagnon d’été, il rafraichit nos nuits et il chasse les nuages, ensoleille nos journées, mais assèche l’air. En moins de deux heures et en quelques kilomètres, il vide un ciel couvert, disperse les poussières et les brumes. Avec lui, les montagnes distantes de plus de 150 km comme le Ventoux sont visibles, tant le ciel est pur. Mais attention aux coups de soleil : le mistral rafraîchit la peau et la brûlure n’apparait que trop tard !! Ce mois de juillet, nous l'aurions souhaité plus présent par cette chaleur, au moins les nuits. Et ce dernier mois, un peu de mistral nous aurait sauvé de ces déluges de pluie !! /www.girouette.fr/girouettes/13-chat-lune.html-
L’hiver par contre il nous amène le froid qui pénètre partout, par le moindre interstice de la maison. Il aggrave la sensation de froid de l’ordre de 5° à 10°C par rapport à la température réelle de l’air. Les Anciens disaient qu’il « déshabille » car il pénètre au travers des vêtements jusqu’au corps. Et quand il s’invite dans une pièce en hurlant par les trous de serrure ou les dessous de porte, on a la sensation d’avoir encore plus froid.
Santons Fouque


Par le passé il nous a déjà gelé les oliviers, les arbres fruitiers…. Parfois violent, il fait tomber les tuiles, les arbres, les croix des clochers. Les météorologues du Mont Aigoual ont déjà enregistré à 1576 m d’altitude des vents à 360 km/h. Vitesse qui s’explique par le relief : l’Aigoual est la première barrière montagneuse heurtée par les vents chauds et humides de la Méditerranée.
Il aime nous surprendre : le 21 novembre 1999, malgré un mistral fort au-dessus de Nîmes qui aurait dû chasser les nuages, nous avons eu droit à des chutes de neige à basse altitude dans la basse vallée du Rhône.
Santon Mayans
Théoriquement, le mistral souffle 3,6,9 jours. Mais il lui arrive de jouer les prolongations en particulier l’hiver ou au printemps empêchant les abeilles de butiner nos cerisiers. Ce fut le cas en avril 1965 à Marseille : 23 jours d’affilée sans faiblir.
Nos voisins provençaux disaient que le mistral est un des trois fléaux de la Provence, les deux autres étant la Durance et le Parlement de Provence !
C’est un vent de couloir, de secteur nord-ouest-nord. Ses noms indiquent bien les origines nord-méditerranéennes du « vent maître » ou maître-vent : mistrau en provençal, magistral en languedocien, mestral en catalan, maestrale en corse. Il est tellement présent dans nos vies que des diminutifs l’accompagnent dans chacun de ses ébats. Il devient une personne gentille, enfantine, mignonne, quand il est agréable, modéré c’est le mistralet ou magistralou. En bourrasque ou rafale c’est le mistralado ou mistrado. Il devient mistralas ou magistralas quand il est désagréable, en tempête il est le broufouniè de mistrau. Il faut entendre ces noms avec l’accent, avec les intonations et les modulations des voix passant de la gentillesse à la colère, à la réprobation.
Le rauba-capèu est celui qui enlève les chapeaux. S’il se marie avec d’autres vents il devient le pounènt-mistral soufflant d’ouest ou ouest-nord-ouest. Avec la tramontane il est le tremountano-mistral. C’est le sécheur de boue de la Camargue le manjo-fango, le balayeur des rues l’escoubaire. Une insulte des temps anciens quand on comparait un homme au mistral : « lou mistrau a testo caudo e couo frelo »(le mistral a la tête chaude et la queue froide).




meteo81.fr—Observatoire du Mont Aigoual –givre sur piquets
Les Anciens disaient que les animaux sentaient l’arrivée du mistral : les moutons se dispersaient et gambadaient comme des fous, les chats se poursuivaient. Les vers de terre étaient propres à l’approche du mistral et non terreux qui est signe de pluie… Au contraire, en Camargue, les taureaux d’une manade se serraient les uns contre les autres, tête baissée, cornes face au vent.


tempetes.meteo.fr/spip.php?article229


Sénèque au 1er siècle de notre ère mentionne son action asséchante des eaux stagnantes. Il a probablement aidé à enrayer le paludisme ou du moins à empêcher son expansion dans les marais camarguais.
Mais la salubrité du mistral a souvent été mise en doute. Pour Stendhal qui le trouve « agaçant », ou Colette qui le nomme « tourmenteur » ce vent vient gâcher « tous les plaisirs que l’on peut rencontrer en Provence ». Au contraire pour Nietzsche, c’est un tueur de mélancolie : le nettoyage du ciel, le soleil garantissent un bon moral…A la différence du vent marin qui donne la « marrana », le cafard, le bourdon, et même encourage l’indolence.
En général on attribue au mistral, migraine, insomnie, nervosité… à cause peut-être de la force et de la turbulence du vent ou des variations du champ électrique. Il peut amener une déshydratation des muqueuses avec des troubles rhino-laryngologiques. Des hémorragies digestives, des bronchites chroniques ?? Des troubles cardiaques ?? Là nous sommes encore dans les interrogations, peut-être même dans les fantasmes.

Les vents ne laissent pas les hommes indifférents depuis la nuit des temps : dans l’Antiquité, dans toutes les mythologies, des dieux avec rituels, prières et sacrifices leur sont consacrés pour les apaiser. Nous essayons toujours de dominer la nature.
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Les girouettes sur nos clochers, nos tours, nous indiquent d’où vient le vent. D’abord signes du pouvoir en place et associées à ce pouvoir, elles deviennent plus tard un signe social, indiquant un métier, un rang dans la société. Mais elles étaient aussi protectrices ou conjuratoires. Elles ont donné lieu à un art.
Maintenant les éoliennes nous donnent de l’énergie propre grâce au vent. Mais leur présence dérange : trop visibles, en 2012-2014 50% des projets ont fait l’objet d’un recours en justice, le chiffre monte à 70 % en 2017.
Aujourd'hui, le mistral nettoie la vallée du Rhône et dissipe vers le large la pollution de l'air au-dessus des villes et des grands centres industriels.
/vincentlhermet.blogspot.fr/--Observatoire du Mont Aigoual Gard





Par Nick Stahlkocher — Stahlkochers collection, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=909719











Sources : www.meteofrance.fr/prevoir-le-temps/phenomenes-meteo/les-vents-regionaux
--- Gazette de Nîmes Guide de l’Eté p16 Virginie Galligani 2018 –Jean Vialar  Les vents régionaux et locaux 1948 Association des Amis de l’Aigoual ISBN2.9511182.2.8 – Météo-France -- Jean-Pierre Besancenot, « Vents et santé en façade méditerranéenne de l'Europe », Annales de Géographie, no 546,‎ 1989 ---Valérie Jacq, Philippe Albert et Robert Delorme, « Le mistral Quelques aspects des connaissances actuelles », La Météorologie,, Société Météorologique de France vol. 50,‎ août 2005 ----Honorin Victoire, Petite Encyclopédie des Vents de France, Jean Claude Lattès, 2001, 422 p. (ISBN 978-2709621939)-- Guy Blanchet, « Les chutes de neige de novembre 1999 dans la moyenne vallée du Rhône et l'ouest de la Provence », La Météorologie,‎ août 2002--- Luc et Muriel Chazel, Camargue: Un écosystème entre terre et eau, Éditions Quae, 19 juin 2013, 192 p. ,(ISBN9782759219841) p. 20---A. Baldit(1) et E. Rougetet(2), « Le mistral, en 1925 et aujourd’hui : Le mistral (article de 1925) », La météorologie, vol. 50,‎ août 2005, p. 29----tempetes.meteo.fr/spip.php?article229


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