(Les Rois-Mages -Mosaïque
Basilique St Apollinaire Ravenne An 600)
Les Rois Mages :
On
trouve mention du voyage des Rois-mages
à Bethléem dans l’Evangile de Saint Mathieu : « Voici que des mages
venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem disant : où est le roi des Juifs qui
vient de naître car nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus
pour l’adorer ».
Roi,
mage, deux ou trois, les récits se contredisent. L’évangile de St Luc ne semble
mentionner que les bergers en adoration devant l’enfant et pas de mages. Les
clercs médiévaux, et avec eux les conteurs populaires ont écrit différentes
versions de l’histoire des rois mages. Le plus célèbre Jean de Hildesheim au 14ème
siècle nous raconte ce que fut le voyage des Trois Rois. Voici résumée sa
version pleine de symboles :
Melchior
en arrivant à Jérusalem se perd dans les ruelles, un épais brouillard obscurcit
le ciel et il ne voit plus l’étoile qui l’a guidé jusqu’alors. Il attend une
éclaircie du ciel, qui arrive en même temps que les caravanes de Balthazar et de
Gaspard. Ils sont accompagnés par une longue suite de dromadaires, de
domestiques et de gens qui ont entendu parler de l’étoile et du roi qui vient
de naître (y-a-t-il parmi ces personnes nos provençaux de la
Pastorale ?!!). Couleurs, parfums, exotisme, le balancé des animaux, le
pas des hommes et des femmes, tout est annonce de renouveau, d’espoir. Même la
poussière soulevée est lumière dorée.
Hérode
par sa police a appris la présence des souverains étrangers. Il les fait venir
dans son palais. Il leur fait promettre de revenir pour discuter astrologie avec
lui, mais en fait c’est pour découvrir où se trouve le nouveau-né. Ses propres
astrologues lui ont dit que cet enfant était un danger pour lui et il se promet
de le faire disparaître. Dans l’Evangile de Saint Mathieu l’attitude d’Hérode
est un peu différente. Il dit aux mages : «quand vous l’aurez trouvé
(l’enfant), avisez moi afin que j’aille aussi lui rendre hommage ».
L’étoile
brillant à nouveau, les mages se remettent en route et parviennent jusqu’à une
grotte où l’enfant est né. L’étable est transformée dans cette version en
grotte et la crèche-sanctuaire est
enfouie profondément dans la terre protectrice et maternelle, comme une
deuxième naissance de l’univers.
Melchior
offre à l’enfant l’or comme à un roi, Balthazar la myrrhe comme à un homme,
Gaspard l’encens comme à un Dieu. L’encens sert à parler à Dieu, la myrrhe lave
les souillures des hommes, et l’or est ce qui est le plus précieux et digne
d’un roi.
L’étoile
selon Jean Chrysostome s’arrêta sur le faîte de l’endroit où l’enfant était né,
puis pointa sa tête d’un rayon de lumière et enfin disparut à jamais. Selon
Grégoire de Tours dans son livre sur les miracles, l’étoile tomba dans un puits
à Bethléem, appelé depuis le puits de l’Etoile ou puits de Mages.
Avertis
par un songe commun d’un danger s’ils repassaient par Jérusalem, les Rois Mages
prennent des chemins de traverse pour regagner leurs royaumes. De rage, Hérode
envoya ses soldats sur tout son territoire pour tuer tous les enfants mâles de
moins de deux ans.
A
l’aller, les trois rois ont marché douze jours.
Sur le chemin du retour au bout de deux ans, ils ne parviennent pas à se
séparer et se retrouvent tous les trois au Mont-Victorial ou Montagne de Vaux.
Ils décident qu’ils se feront enterrer au pied de cette montagne dans un
tombeau commun. Leur mort leur fut annoncée par une étoile aussi brillante que
celle qui les mena en Judée.
Marco Polo, le grand voyageur, affirme en 1268 que les trois rois
reposent toujours dans leur sanctuaire dans la ville de Saba au pied de la
montagne de Vaux. Pour d’autres, les corps des Rois Mages auraient été remis à
la mère de l’Empereur Constantin, Hélène et reposeraient maintenant à Cologne
depuis le 12ème siècle.
(Chasse des Rois-Mages
Cathédrale de Cologne)
Selon
la légende les trois rois auraient donné leurs royaumes à des princes de leur
famille dont celle depuis porte le nom de Vaux ou de Baux par déformation.
Cette famille construisit un château en 1200 à Saint-Jean d’Acre où elle
rassembla tous les manuscrits concernant les rois mages. Elle va suivre le sort
des Templiers et se retrouver en Provence. La famille des Baux de Provence
revendique cette filiation, descendant directement de Balthazar. En fait, vers
l’an 1000, des seigneurs locaux s’emparent du rocher des Baux et choisissent
pour emblème l’étoile du Berger, à seize rais, l’étoile de la crèche. Légende
répondant à une nécessité en cette période de croisade ou réalité d’une
filiation ? Toujours est-il qu’une « santo estello » est gravée
sur les armoiries de cette famille. Nos traditionnelles Pastorales de Noël
seraient originaires du village des Baux et auraient essaimé au fil du temps
dans toute la Provence et le Languedoc, en passant par la Camargue. Près de
chez nous, à voir la Pastorale des Ravis de la Carcarie qui nous régalent
toutes les années pour les fêtes de Noël..
(Atlas Catalan 14ème siècle -Lexilogos Mots et Merveilles d’ici et
d’ailleurs)
Ces
rois ne furent pas admis tout de suite dans la symbolique chrétienne. C’est
seulement au 6ème siècle qu’on connaît leurs noms grâce en particulier
à l’Evangile Arménien de l’Enfance. Dans l’imaginaire populaire ils seront
d’abord mages, astrologues venant de Perse, puis rois-mages, dont les royaumes
s’étendaient pour Melchior en Nubie et Arabie, pour Balthazar, les terres
antiques de Saba, et la Perse pour Gaspard.
Charlatans,
sorciers pour certains, sacrilèges pour des penseurs comme Origène. Même bien
plus tard à la fin du Moyen Age, un théologiste Jean Deslions les maudit car
leur fête donnait lieu à des débauches. Pourtant dès le 14ème
siècle, la légende des trois rois apportait un merveilleux qui nourrissait le
sentiment religieux. La symbolique en était forte : un enfant,
l’innocence, le renouveau, pointé du «doigt » par le rayon de lumière d’une
étoile, à qui l’on offre des présents toute à la fois comme à un roi, un homme,
et un dieu. Une espérance ! Il est pour les alchimistes de l’époque
« régulus », l’or philosophique…Et après les horreurs de la Guerre de
Cent Ans, les épidémies, les routiers, les gens avaient bien besoin de
merveilleux, de croire, de rêver, d’espérer.
Ces
rois venaient du Levant, de l’est, le lieu d’où surgit la lumière, l’énergie du
soleil, le feu qui repousse l’obscurité froide et mortelle (on n’a pas encore
inventé l’électricité et l’éclairage à la bougie ou à la lampe à huile n’est
pas fait pour rassurer pendant les longs soirs d’hiver).
Ils
vont adorer l’enfant après les animaux et les bergers, qui représentent
l’humilité. Les rois-mages eux symbolisent la connaissance, la science face à l’innocence,
face à la primitivité. Par ailleurs ils témoignent en tant que non-juifs au nom
de l’humanité entière en un message universel.
Au
Moyen Age les trois rois vont représenter aussi les trois âges de la vie et les
trois "races" humaines : Melchior est un homme blanc à barbe et cheveux blancs,
Balthazar noir à barbe noire et dans la force de l’âge, Gaspard, asiatique,
adolescent imberbe, couleurs que l’on retrouve sur certains santons anciens.
Ils
représentent aussi les trois pouvoirs, les trois aspects de Jésus : royal avec
l’or, sacerdotal avec l’encens, et spirituel avec la myrrhe. Il aurait fallu
un quatrième mage pour représenter l’Amérique et ses indiens. Mais Christophe
Colomb ne l’avait pas encore découverte.
Une
autre légende est associée à celle des mages. Adam chassé du Paradis avait
emporté des trésors, l’or, la myrrhe et l’encens et les aurait cachés dans la
caverne de « la vie du silence » creusée au pied du Mont-Victorial.
Zarathoustra
(8ème/7ème siècle avant J.C) en Perse aurait aussi annoncé
la venue du sauveur : «à la fin des temps, au moment de la dissolution qui
les termine, un enfant sera conçu et formé dans le sein d’une vierge, sans
qu’un homme l’ait approchée. On verra une étoile brillante au milieu du ciel sa
lumière l’emportera sur celle du soleil. Quand se lèvera l’astre que des
courriers soient envoyés par tous, chargés de présents pour l’adorer…. ».
En
Finlande, une légende dit que le quatrième roi mage était finlandais. Il
habitait tout en haut de la terre, trop au nord et il n’aurait jamais pu
atteindre Bethléem. Il s’habillait de rouge et avait une barbe blanche. Cela
rappelle-t-il quelqu’un ?
Epiphanie,
fête des rois-mages ou fête de la lumière célébrée primitivement à Noël, fête
de la présentation au temple du Christ le premier dimanche de janvier, traditions
diverses selon les régions….mais surtout moment de convivialité où l’on partage
la galette plate et ronde, symbole de l’univers, contenant une fève qui
désignera le roi du jour. Les hommes se partagent cette galette au moins depuis
l’an 1300, la fève étant à l’origine souvent une vraie fève.
Traditionnellement
ce roi désigné par le sort bénéficiera de trois privilèges : santé,
fortune, sagesse pour toute l’année.
Bonne
Epiphanie et Bon Appétit !
Photo perso chemin des Capitelles St Quentin
la Poterie 2010
Sources : Claude Mettra - Les Rois Mages 1983 - R Trexler Le voyage des mages à travers
l’histoire A Colin 2009 - Temps liturgiques
Catholiques.org Qui étaient les rois mages - couradou novembre 2011 site internet
Vallabrix ou médiathèque --
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