Casanova en
Occitanie
(Raphaël Mengs vers 1760 collec Bignami Genève)
Giacomo Casanova (1725-1789) est connu comme aventurier, écrivain,
escroc-magicien, espion, séducteur, un peu violoniste et diplomate, gastronome,
bref un peu tout en cette fin du 18ème siècle. Au départ des études
religieuses, et il reçoit la tonsure en février 1740, puis les quatre ordres
mineurs en janvier 1741. Abbé de San Samuele, il renonce très vite à cette
carrière après un sermon catastrophique qu’il prononce ivre. Il abandonne pour
de bon la soutane en 1745 et commence sa carrière d’aventurier.
Le cinéma en a fait un personnage sulfureux, une
légende qui alimente nos fantasmes. Peut-être bien différent du vrai Casanova.
Témoin d’une société qui s’écroule. Il assiste
comme il était de bon ton pour les Parisiens au supplice de Damien. Il nous
montre sa sensibilité et son humanité quand il écrit bien plus tard après la
Révolution : « Quelques jours après, c’était le 28 du mois de mars,
je suis allé de très bonne heure prendre les dames qui déjeunaient chez la
Lambertini avec Tireta, et je les ai menées à la Grève tenant Mlle de la M—re
assise sur mes genoux. Elles se mirent toutes les trois étroitement sur le
devant de la fenêtre se tenant inclinées sur leurs coudes à la hauteur d’appui
pour ne pas nous empêcher de voir. Cette fenêtre avait deux marches, elles
étaient montées sur la seconde, et étant derrière elles, nous devions y être
aussi ; car nous tenant debout sur la première nous n’aurions pu rien voir. ….Nous
eûmes la constance de rester quatre heures entières à cet horrible spectacle.
Je n’en dirai rien, car je serais trop long, et d’ailleurs il est connu de tout
le monde. Damiens était un fanatique qui avait tenté de tuer Louis XV croyant
de faire un bon œuvre. Il ne lui avait que piqué légèrement la peau, mais
c’était égal. Le peuple présent à son supplice l’appelait monstre que l’enfer
avait vomi pour faire assassiner le meilleur des rois qu’il croyait d’adorer,
et qu’il avait appelé le Bien-Aimé. C’était pourtant le même peuple qui a
massacré toute la famille royale, toute la noblesse de France, et tous ceux qui
donnaient à la nation le beau caractère qui la faisait estimer, aimer, et
prendre même pour modèle de toutes les autres. Le peuple de France, dit M. de
Voltaire même, est le plus abominable de tous les peuples. Caméléon qui prend
toutes les couleurs, et susceptible de tout ce qu’un chef veut lui faire faire
de bon ou de mauvais.
Au supplice de
Damiens, j’ai dû détourner mes yeux quand je l’ai entendu hurler n’ayant plus
que la moitié de son corps ; mais la Lambertini et Mme XXX ne les détournèrent
pas…«
Il finira sa vie bibliothécaire en Bohème. Vénitien dans l’âme, éternel
voyageur, mais banni de la plupart des pays d’Europe pour ses excès…. On le
connait un peu mieux grâce à ses mémoires (4000pages !)« Histoire de
ma vie », à condition de lire entre les lignes. Il s’y met en scène,
arrondit la vérité. Il semble en fait qu’il a surtout pratiqué le libertinage
mondain de son époque et ses écrits ne font que très rarement état de libertinage
sexuel transgressif. Casanova considérait comme
de vrais criminels les Don Juan de profession. Il hésitait à laisser tomber ses
conquêtes, pour ne pas les faire souffrir et voulant conserver avec elles de
bons rapports.
Ce récit est rédigé en français et c’est une
source essentielle pour comprendre les coutumes et l’étiquette en usage en
Europe du 18ème siècle. Il y apparaît comme un homme libre,
jouisseur, exubérant. Ses parents étaient comédiens, c’est sa grand-mère qui
élève la tribu. Il est le frère du peintre Francesco Casanova.
Si Casanova
apparait comme un romantique, c’est parce qu’il a connu un grand amour, au
moins une fois dans sa vie : Henriette de 1749 à 1750 ; elle, un peu
espionne pour la France, lui espion pour survivre, une femme de grande culture,
violoncelliste, ce qui est peu fréquent à l’époque. lls voyagent ensemble, Céséna, Parme, Genève… Peut-être
de son vrai nom Adelaïde de Gueidan (elle fuit un mariage forcé). Il va la
croiser sans la reconnaître bien plus tard à la fin de sa vie.
Casanova en novembre 1767
est prié de quitter Paris et le territoire français. Une lettre de cachet a été
signée contre lui après une altercation avec un jeune noble le Marquis de
Lisle. Casanova a trois semaines pour disparaître de France. Il prend la route
de l’Espagne, sans domestique, avec un passeport signé du duc de Choiseul, une
bourse de 100 louis et surtout des lettres de recommandation ou d’introduction.
Madrid, Valence, Barcelone… Il a la quarantaine, sa bonne étoile a perdu de son
éclat. Ses récits ne font plus vibrer les capitales de l’Europe des Lumières.
Il y a douze ans qu’il a été banni de Venise. Il est à un tournant de sa vie. Il
n’a plus autant de chance au jeu et les femmes sont moins sensibles à son charme.
Désenchanté, il écrit : « Se marier est une sottise, mais
lorsqu’un homme le fait à l’époque où ses forces physiques diminuent, elle
devient mortelle ». Fatigue et défaillances de tous ordres deviennent
son lot quotidien. Il est de plus en plus rancunier, querelleur. Le Prince de
Ligne dans ses Mémoires et mélanges historiques et littéraires de 1827/1828
nous le décrit ainsi : … »il est sensible et reconnaissant ;
mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable. Un
million qu’on lui donnerait, ne rachèterait pas une petite plaisanterie qu’on lui aurait faite….Il ne croit à rien,
excepté ce qui est le moins croyable…..il aime, il convoite tout et après avoir
eu de tout, il sait se passer de tout… Il se venge de tout cela contre
tout ce qui est mangeable et potable : ne pouvant plus être Dieu dans les
jardins, un Satyre dans les forêts, c’est un loup à table». Et de rajouter,
montrant que le personnage est touchant, « au milieu des plus grands
désordres de la jeunesse la plus orageuse et de la carrière des aventures
quelquefois un peu équivoques, il a montré de l’honneur, de la délicatesse et
du courage. Il est fier parce qu’il n’est rien et qu’il n’a rien… un homme
rare, précieux à rencontrer, digne même de considération et de beaucoup
d’amitié de la part du très petit nombre de personnes qui trouvent grâce devant
lui. »
Manon fille de l'actrice Silvia Balletti que Casanova un temps envisage d'épouser -- Nattier Londres National Gallery 1757 |
Mais son penchant pour les plaisirs et une curiosité intellectuelle est toujours intact. Partout où il va, il visite les monuments, les savants, fréquente la « bonne société ». Les femmes ne seront pas absentes de son voyage. La belle Montpelliéraine Jeanne-Marie Latour par exemple qui lui offrira pour quelques jours une amitié auquel Casanova aspire, à Londres en 1763 ou à Leipzig en 1766. Par contre la vénitienne Nina Bergonzi rencontrée à Valence, puis Barcelone va l’entrainer jusqu’aux geôles et encore le renvoyer sur les chemins de l’exil.
C’est d’ailleurs dans les
prisons de Barcelone qu’il retrouve en soldat gardien Felice Tadini, rencontré
précédemment à Varsovie en 1766. Celui-ci est oculiste et prétend extraire des
cataractes par un système mis au point par ses soins. Il s’agissait d’implanter
des lentilles artificielles sous la cornée. Casanova le considère comme un
charlatan et éclate de rire en le voyant soldat, gardien de sa cellule !
Et pourtant Tadini est considéré comme l’inventeur du cristallin artificiel. Il
opéra de 1758 à 1792 avec succès. (P et M Fechner H Reis in Tardini The man who invented the
artificial lens – Casanova Gleamings 22 1979 p17-25) . Sans diplôme, Tardini en
Espagne n’a pas pu faire homologuer ses découvertes, ni passer d’examen ne
parlant pas le latin. Le gouvernement en a fait un soldat malgré lui. Les deux
hommes se restaurent ensemble tout en racontant leurs exploits. Tardini
envisage de déserter dès que possible.
Six semaines d’incarcération
pour Casanova et c’est la libération le 28 décembre avec trois jours pour
quitter Barcelone, huit pour franchir les frontières de la Catalogne. Nina pour
se faire pardonner, avait payé toutes les dettes barcelonnettes de Casanova
ainsi que le salaire d’un domestique qui va accompagner notre séducteur jusqu’à
Perpignan. L’approche de la frontière est difficile et angoissant : trois
hommes à la mine patibulaire et fortement armés semblent en vouloir à leurs
vies et leurs bourses. Le voiturier auquel Casanova a confié sa vie et celle de
son domestique change d’itinéraire au dernier moment en passant par le col du
Perthus et la Jonquera. Un paysan les guide. Marche forcée dans la neige et le
froid, au loin quelques habitations perdues en pleine montagne… « Nous
fîmes onze lieues en sept heures, ce fut à dix heures que nous arrivâmes dans
un gros village de France (Le Boulou), où nous n’avions plus rien à
craindre »… Le commanditaire de ces bandits était peut-être le jeune comte
Manuzzi avec lequel Casanova avait un contentieux. Ils se reverront à Rome en
1770, Casanova pardonnant : « j’ai stipulé la paix qu’il m’offrait et
qu’il me demandait… ».
Wikipédia
Casanova jeune peint par son frère Francesco (entre 1750 et 1755).
Les voyageurs arrivent à
Perpignan peu après Le Boulou. On trouve à se loger dans une auberge dans le
faubourg de la ville. Ils ne s’attardent pas à Perpignan. Casanova reprend la
route en direction de Narbonne. A Salses il admire la forteresse aragonaise du
15ème siècle, réputée imprenable et indestructible. Les Français la
récupèrent au traité des Pyrénées en 1642. Le voyage se poursuit le long des
étangs par les cabanes de Fitou, La Palme, Sigean… Soixante kilomètres et
Narbonne est là. Il repart le lendemain pour Béziers où il arrive pour l’heure
du déjeuner. « Ce Béziers est une ville, dont on voyait la situation
délicieuse, malgré la saison. Séjour heureux, fait pour la retraite d’un philosophe
qui aurait renoncé à toutes les vanités de la terre, également pour un homme
voluptueux qui voudrait jouir de tous les plaisirs des sens sans avoir besoin
d’être beaucoup riche…La chère qu’on y fait est exquise en gras également qu’en
maigre. On y boit des vins excellents que les maudits marchands de vin n’ont
pas accommodé »..
La ville est une grande place marchande pour l’alcool et le vin que le canal du Midi exporte de Sète à Bordeaux, des Flandres vers l’Europe du Nord. L’agriculture est florissante, ainsi que l’artisanat. La population masculine étant pour une grande part de passage, la prostitution est très présente. Casanova est heureux ! Il est invité à souper avec son aubergiste et sa famille, il se promène. Il voit évidemment le canal du Midi de Paul Riquet et en comprend l’intérêt économique. Toute l’Europe intellectuelle connaissait l’existence de ce canal, de ses écluses... Mais pourquoi bien plus tard en 1783 à Spa Casanova élabore-t-il un projet de canal en tous points pareils entre la méditerranée et l’océan ? A court d’argent comme toujours, a-t-il voulu escroquer un riche financier un peu stupide ?
La ville est une grande place marchande pour l’alcool et le vin que le canal du Midi exporte de Sète à Bordeaux, des Flandres vers l’Europe du Nord. L’agriculture est florissante, ainsi que l’artisanat. La population masculine étant pour une grande part de passage, la prostitution est très présente. Casanova est heureux ! Il est invité à souper avec son aubergiste et sa famille, il se promène. Il voit évidemment le canal du Midi de Paul Riquet et en comprend l’intérêt économique. Toute l’Europe intellectuelle connaissait l’existence de ce canal, de ses écluses... Mais pourquoi bien plus tard en 1783 à Spa Casanova élabore-t-il un projet de canal en tous points pareils entre la méditerranée et l’océan ? A court d’argent comme toujours, a-t-il voulu escroquer un riche financier un peu stupide ?
Le 6 janvier, notre
aventurier quitte Béziers pour Pézenas. Cette dernière a amorcé son déclin,
politique d’abord avec le départ des grandes familles des Montmorency puis des
Conti. Puis déclin démographique. Lors de la visite de Casanova, la ville a
encore cinq foires qui attirent des marchands de Catalogne, du Roussillon, de
la Provence. Commerce du drap fabriqué par les manufactures royales mais
surtout laines du Levant (Sicile, Salonique, Smyrne..) et de Barbarie (Tunis,
Constantine, Salé…). Aubergistes, fabricants d’eau-de-vie font leur beurre de
ces manifestations. Casanova admire les somptueuses bâtisses de la rue Conti,
l’Hôtel de Conti, l’Hôtel d’Alfonce où Molière avait donné en 1655 sa première
représentation du Médecin Volant. La promenade du Quay, ancien fossé féodal
comblé, surélevé, avec fontaines et statues qui incite à la promenade et même à
une certaine parade des notables, pour notre séducteur, « ce qu’il y a de
plus beau dans la Province ».
Après Pézenas, Valmagne,
Loupian, les étangs, Gigean, Fabrègues et enfin Montpellier. Il s’installe à
l’auberge du Cheval Blanc. Un établissement important, fondé au 15ème
siècle, 24 lits pour les maîtres, 15 pour les domestiques. Cette auberge
recevra plus tard, Stendhal et bien d’autres. Cette auberge disparaîtra à la
veille de la première guerre mondiale.
Casanova apprécie cet
établissement : « j’ai soupé à la
table d’hôte où il y avait tant de plats de cuisine que de convives.. On ne
fait nulle part en France meilleure chère que celle que l’on fait à
Montpellier ». Il fréquente des cafés, rencontre des autochtones, se
fait présenter des médecins, des savants.. Il admire les statues, visite le
jardin du Peyrou, se rend aux spectacles. Il trouve les comédiens excellents et
plusieurs « filles fort jolies ». Ses malheurs espagnols sont
oubliés !! La ville lui parait très animée avec ses 30 000 habitants
environ, son commerce et son industrie très florissant. Les malades de l’Europe
entière viennent se faire soigner, les étudiants de l’université de Médecine
sont indisciplinés, en dehors des codes mondains… Les fabriques de toiles
imprimées, les distilleries de parfums et de liqueurs, les victuailles en
abondance sur les marchés en font un pays de cocagne pour notre Casanova.
Il va chercher à revoir
La Belle Montpelliéraine, une de ses anciennes maîtresses. Une première
rencontre avait eu lieu en 1763 à Londres, puis à Leipzig, Dresde, Prague,
Vienne. La belle a le mal du pays et en décembre 1766, Casanova lui offre le
prix de son retour à Montpellier.
« Je désirais vivement retrouver la Castel Bajac, beaucoup plus pour me
réjouir de son état prospère ou pour partager avec elle le peu que je possédais
que dans l’espoir de renouveler nos anciennes liaisons, mais je ne savais
comment faire pour la découvrir. Je lui avais écrit sous le nom de Madame Blasin
mais elle n avait point reçu ma lettre parce que c’était un nom en l’air
qu’elle s’était donné et qu’elle ne m’avait point confié son nom
véritable ».
Elle
se nomme en fait Jeanne-Marie Rudavel, épouse de Vincent Latour, marchand de
vin et d’herbes et de médicaments. Elle est née à Aigues-Mortes. Casanova fait
le tour de toutes les boutiques d’apothicaires de Montpellier. La belle
l’aperçoit et lui envoie un billet à son auberge. Ils mettent au point un
stratagème pour ne pas inquiéter le mari. Casanova arrive à la boutique à une
heure précise, Jeanne y est et feint la surprise. Notre séducteur raconte au
mari qu’il l’a rencontrée chez une duchesse en Angleterre. Le mari est aux anges et l’autorise à
embrasser sa femme. Notre Vénitien est invité par le couple à rester quelques
jours de plus à Montpellier. La roue de la vie a tourné, à Leipzig il était
riche, il ne l’est plus, elle réduite à la prostitution, et maintenant femme
mariée à un homme qui l’aime tendrement et qui a une certainement aisance financière.
Ni l’un ni l’autre ne souhaitent renouer des amours clandestines. « Je me suis plu ces quatre jours dans
la joie pure de la pleine amitié, sans que le souvenir de la douce vie que nous
avions faite ensemble put avoir la force de réveiller en nous le désir de la
renouveler »..
Elle
lui propose cinquante louis pour continuer son voyage, il refuse malgré la gêne
dans laquelle il se trouve. Il écrira : « « Je partis de Montpellier certain
que ma visite avait augmenté l’estime que son mari et sa belle-mère avaient
pour elle et je me félicitais en voyant que je pouvais me sentir véritablement heureux
sans commettre des crimes »...Lui qui a beaucoup
trompé, menti dans sa vie découvre au fond de lui qu’il était capable
d’humanité.
Il semble avoir séjourné
à Montpellier une douzaine de jours au total. Autour du 20 janvier il reprend
la route. Lunel, Uchaud, et Nîmes. Cette ville connait une démographie
galopante, 36 000 habitants environ avec des migrants des Cévennes,
d’Auvergne, du Dauphiné. Industrie de draperie et de la laine, mais aussi
spécialisée dans la confection de bas de soie à « la péruvienne »
c’est-à-dire brodés de fils multicolores fragiles mais peu onéreux. Cette
spécialité est exportée vers l’Amérique du Sud via Séville et Cadix, mais aussi
vers l’Allemagne, la Russie… Pour l’année 1774, deux millions de ces bas sont
vendus via Cadix à la seule ville de Lima. « Dans
certaines contrées les paires de bas de soie servent de deniers à Dieu, pour
sceller les conventions des marchands et sont consommés en passant de main en
main… Les femmes de Lima dédaignent de porter un bas qui a été lavé une seule
fois… »
Des vestiges antiques,
des hôtels particuliers somptueux. A cette époque seuls sont visibles
l’amphithéâtre, la Tour Magne, la Maison Carrée. « Nîmes est une ville en France digne qu’un étranger s’y arrête.
On y trouve une excellent nourriture pour l’esprit dans des monuments
vénérables ». Casanova rencontre avec un très grand plaisir le
naturaliste Jean François Séguier : « Séguier m’a fait voir dans les merveilles de son cabinet l’immensité de
la nature ». Le savant déchiffrera en 1758 l’inscription disparue du
fronton de la Maison Carrée. Il fait collection de médailles et d’antiques et
chez lui on trouve un cabinet d’Histoire
Naturelle.
Jean François Séguier
Pastel
de P.-M. Barat, portrait commandé par les académiciens nîmois en 1778, pour
remercier Séguier du don de ses collections.
Casanova reçoit un
accueil chaleureux de la part des notables et aristocrates de la ville :
« on m’a invité à un bal où j’ai joue du privilège de l’étranger,
privilège inconnu en Espagne et en Angleterre où la qualité d’étranger est un
défaut »… Il aime toujours briller en société ce qui ne l’empêche pas de
fréquenter aussi les tripots des villes qu’il traverse.
Son séjour nîmois va
durer environ 20 jours, occupés par ses rencontres avec les savants locaux, les
visites, les mondanités et probablement quelques fredaines.
Son voyage se
poursuit ; il arrive le 14 février 1769 à Aix en Provence. Il y rencontre
aussi du beau monde. Mais il lui arrive une mésaventure terrible pour
lui : invité à user de son savoir-faire afin de délivrer de sa virginité
une « fille de quatorze ans, belle comme un astre, qui défiait tous les
amateurs à lui faire voir la lumière »…il s’escrime durant deux bonnes
heures sans résultat outre un point douloureux au côté droit !! Il se
retrouve avec une pleurésie pour Pâques, 20 jours de soins et plusieurs
semaines de convalescence. Une femme inconnue le soigne jour et nuit. Il découvrira
bien plus tard à Marseille que cette femme avait été placée à son chevet par sa
chère Henriette, son grand amour ! Il entamera une correspondance avec
elle sans jamais la revoir.
Clin d’œil à l’histoire
de sa vie : il rencontre Balsamo futur Cagliostro et sa compagne qui
essaient d’escroquer Casanova en tentant de lui vendre une copie d’un
Rembrandt !!
Il
repart sur les routes, Italie, Paris, Dresde, Berlin, Prague, Vienne…. Il
rencontre Mozart à Prague et aurait collaboré avec lui pour son livret de Don Giovanni.
En novembre 1783 à Paris Casanova
rencontre Benjamin Franklin alors qu’il assiste à une présentation aéronautique
et devine l’avenir du transport en ballon. Il
devient bibliothécaire chez le comte de Walstein en Bohème à Dux. En
1789 il commence l’écriture de ses mémoires.
(Buste
de Casanova à 40 ans –gravure à l’eau-forte de 1883 d’après un buste en terre
cuite – Octave Uzanne Le livre ( mensuel, vol 3 1884 p32 Paris A Quantin buste
au musée des Arts décoratifs de Vienne)
« On
dit que ce Dux est un endroit délicieux, et je vois qu’il peut l’être pour
plusieurs ; mais pas pour moi, car ce qui fait mes délices dans ma
vieillesse est indépendant du lieu que j’habite. Quand je ne dors pas, je rêve,
et quand je suis las de rêver je broye du noir sur du papier, puis je lis, et
le plus souvent je rejette tout ce que ma plume a vomi. La maudite révolution
de France m’occupe toute la journée » (Lettre à la princesse Clary, 1794).
« Ma
santé est bonne, et je m’occupe à mes mémoires. Cette occupation me tient lieu
de délassement. Je me trouve en les écrivant jeune et écolier. Je donne souvent
dans des éclats de rire, ce qui me fait passer pour fou, car les idiots ne
croient pas qu’on puisse rire étant seul. » Correspondance avec J. F. Opiz, éd. Fr. Kohl et Otto Pick,
Leipzig, Kurt Wolff, 1913
Il s’éteint le 4 juin
1798 à Dux, dans son petit appartement, entouré de son neveu et sa petite
chienne.
Une légende raconte que
Casanova après sa mort tourmente les femmes qui passent près de sa tombe ;
le comte Waldstein avait fait poser sur sa dalle une grande croix en fer, qui
rouillée se serait descellée et enfouie dans les herbes folles, par les nuits
sans lune agrippait les jupes des dévotes terrifiées.
Une gravure parue dans le «Dictionnaire populaire illustré» en 1864 représente l'évasion de Giacomo Casanova de la prison des Plombs, à Venise, en 1756.
« …je n’ai
jamais dans ma vie fait autre chose que travailler pour me rendre malade quand
je jouissais de ma santé, et travailler pour regagner ma santé quand je l’avais
perdue. »
Sources :Alain Buisine Casanova
l'Européen, Tallandier, 2001--
Jean Claude Hauc Casanova et la
belle Montpelliéraine, Cadex éditions, 2001—+ Voyage de Casanova à travers
la Catalogne, le Roussillon et le Languedoc édit Presses du Languedoc 2006— Giacomo Casanova Histoire de ma vie collec Bouquins édit Robert Laffont – Joseph Jullien Casanova à Nîmes édit La Cigale 1930 --- Elio
Bartolini Le Crépuscule de Casanova
Desjonquières Paris 1995--- Guy Chaussinand-Nogaret : Casanova Les dessus et les dessous de
l'Europe des Lumières, Fayard, 2006 --- Charles Wright, Casanova ou l'essence des Lumières,
Giovanangeli, 2008— Persée Internet Les « bas à la péruvienne » et les manufactures du Languedoc au
XVIIIe siècle Marcellin Défourneaux 1966-p271-282 Annales du Midi Yves Renouard
L’Homme et l’œuvre-- ci-dessous une page de ses mémoires--
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.