samedi 8 juin 2019

Misogynie et la Racine de Holà



Misogynie et la racine de Holà:

Le grand Pythagore nous a laissé il y a 26 siècles une phrase sur les femmes bien peu courtoise : « Il y a un principe bon qui a créé l’ordre, la lumière, et l’homme ; il y a un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme » !! De toute évidence il n’était pas féministe !!
Définition de la misogynie d’après Wikipédia « La misogynie est un terme désignant un sentiment de mépris ou d'hostilité à l'égard des femmes motivé par leur sexe biologique. Dans certains cas, elle peut se manifester par des comportements violents de nature verbale, physique ou sexuelle, pouvant dans des cas extrêmes aller jusqu’au meurtre ». Tout est dit !
L'étrange universalité de la misogynie -Proudhon

L’Histoire est émaillée de petites phrases venant de la dite « sagesse populaire ». Dans notre pays, mais aussi dans bien d’autres, dans l’ancien temps, les hommes et les femmes avaient chacun ses activités propres : «les femmes à la maison, comme les chiens, les hommes à la rue (ou aux champs, ou atelier) comme les chats » ! (Gascogne). « Jamais femmes ni cochons ne doivent quitter la maison » (Anjou, Berry, Champagne, Bugey…). La femme règne en « maîtresse de maison », avec des activités réservées : le feu dans la cheminée, partagé avec le plus âgé des parents, les repas, le pain, le jardin, et le lait des animaux, fromages, beurre ; la basse-cour et la porcherie. Elle a le monopole de l’eau : le puits, le lavoir, la fontaine… Ceci est vrai pour toutes les classes sociales.
L’homme participe à la vie publique, le moulin, la foire ; la femme vend au marché ses volailles, ses œufs. Il est normal que lui bavarde avec ses collègues, au cabaret, sur la place, à la forge du village, au moulin… Mais une femme qui s’arrête de travailler un instant est mal vue, soupçonnée de mauvaise vie ou de mauvaises intentions. Elle ne sait pas « se tenir ». Le droit de vote féminin est une aventure récente dans bien des pays.
« Qui a mari, a seigneur ». »Le chapeau doit commander à la coiffe ». »Quand le coq a chanté, la poule doit se taire ». « A toute heure chien pisse et femme pleure ». En Ardèche la jeune mariée rentrant de la bénédiction de son mariage à l’église devait subir le test du balayage de la maison conjugale : son balai devenait son bâton de maréchal ! On imagine sa vie si elle ratait un tant soit peu ce test devant sa belle-famille !
Pendant longtemps, surtout à la campagne, les femmes ne mangeaient pas avec les hommes de la famille. Elles restaient debout derrière père, mari et fils, les servant comme dépositaires de l’autorité maritale. Mon père a connu cela lorsqu’il était en apprentissage chez un menuisier en 1920 dans le département de l’Isère. Chez les bourgeois ou la haute société, les femmes pouvaient s’asseoir avec les hommes à table dès l’instant où la famille était servie par du personnel. Jusqu’à peu en France, la femme sera considérée comme juridiquement mineure sous la tutelle de son père puis de son mari. Et pourtant lorsque les hommes font la guerre, ils sont bien contents de trouver des femmes pour les remplacer dans les usines, les champs, à l’étable.

L’Eglise n’était pas en reste. Dans le bâtiment pour les offices, chacun a sa place : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Ou bien les uns au fond de l’église ou sur les tribunes lorsqu’il y en a, et les femmes assises devant ou en bas.
Le prêtre ne manque pas de rappeler régulièrement l’ordre des choses : Saint Paul dans sa premier épître aux Corinthiens « le Christ est le chef de tout homme et l’homme est le chef de la femme…l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme…. ». Saint Augustin en rajoute « Homme tu es le maître et la femme est ton esclave, c’est Dieu qui l’a voulu… vos femmes sont vos servantes…. ». La femme est par définition la tentatrice, l’instrument du Malin. Les villageois accepteront quelques coups de canif à l’ordre établi : un homme pourra bêcher le potager à la place de sa femme, celle-ci pourra l’aider pendant les gros travaux aux champs l’été. Mais voir un homme aider son épouse en tirant un seau d’eau du puits ou épluchant des légumes pour la soupe ou pour le repas du cochon et tout le village le montrera du doigt, soupçonnant un comportement contre nature !.Toute transgression sera sanctionnée d’une manière ou d’une autre sauf pendant les jours de tolérance comme carnaval ou la fête des Fous, où là tout est permis. Mais là aussi la femme est caricaturée, moquée.

« Mauvais cheval veut l’éperon, mauvaise femme veut le bâton ».  L’épouse qui ne connait pas son devoir, est en péché mortel et donc le mari est en droit de la corriger. Certaines coutumes prévoient même d’aller « jusqu’à effusion de sang » pourvu que ce soit de bonne intention. L’Eglise catholique approuve puisque la femme est par définition tentée par le Malin, donc forcément fautive. Les églises protestantes ne sont pas plus mesurées : « battre sa femme, c’est battre un sac de farine ; tout le bon s’en va, et le mauvais reste » !! Mais dans les conflits conjugaux,  le mari doit toujours gagner pour que l’ordre établi ne soit pas compromis. L’honneur paroissial passe avant l’honneur familial.
Au 17ème siècle dans notre pays, des gravures, des plaisanteries, des pamphlets,  courent dans le royaume de Louis XIV. Le docteur Tricotin a fait la découverte de la racine de Holà qui guérit les femmes querelleuses, orgueilleuses, menteuses, joueuses, babillardes, mutines !!…. La racine de Holà est un bâton dont on peut se servir pour soumettre les épouses. A cette époque, les femmes de la bourgeoisie et de la haute société veulent lire, philosopher, critiquer, refaire le monde comme les hommes. Molière s’en est amusé avec ses Précieuses Ridicules de 1659 et ses Femmes Savantes de 1672.





Cette gravure parue dans les almanachs, ces ouvrages très lus et diffusés, est riche d’enseignement. Nous voyons Tricotin sur une estrade de marché avec ses serviteurs les bras chargés des fameux bâtons en racine de Holà. Les acheteurs se hissent, l’argent à la main. L’un d’eux s’écrit même : »donne m’en une bonne car ma femme est un diable ». Au-dessus de Tricotin, une pub : « Si vos femmes sont libertines, acariastres et mutines, je m’offre à vous guérir de si cruels tourments, maris, usez de mes racines : vous verrez si je mens ». Pour ceux qui n’auraient pas compris ou qui ne savent pas lire, des médaillons avec des mises en situation.
Que reste-t-il à la femme pour se sortir de cette situation ? Le divorce sera admis pendant la Révolution et le code civil de Napoléon de 1803, puis supprimé, puis rétablit en partie en 1884… Parfois les tribunaux autorisaient une séparation de corps temporaire et provisoire jusqu’à ce que « l’Esprit Saint intervienne et réconcilie les époux ». Dans ce cas les mauvais traitements, l’adultère, menaces de mort sont pris en considération. Mais les archives nous montrent que ces cas ne concernent pas les milieux modestes. Les mauvais traitements peuvent donner lieu à séparation entre personnes de qualité, mais sont « insuffisants  pour séparer des époux de la lie du peuple ».
En fait, le mariage, la vie d’un couple sont des institutions qui interpellent toute la communauté et donc doivent être codifiés, protégés, gérés par la population. Dans notre région, un adage disait : « mariage de jeune homme et de jeune fille, il est de bien ; mariage de jeune homme et de vieille, il est de rien ; mariage de vieil homme et de jeune fille, il est du diable. »

L’adultère, dérangeant l’ordre établi et source de conflit entre familles élargies, a été puni souvent dans les villages par des farces, des charivaris. Dans le Lot, les coupables devaient courir tout nus dans les rues, la femme marchant la première et tenant le bout d’une corde attachée aux testicules de son complice. Dans la Drôme, le Lyonnais, la femme adultère et très dévêtue, devait courir derrière une poule jusqu’à l’attraper tandis que son amant nu devait ramasser du foin pour en faire une botte. Dans notre Languedoc, tous deux très légèrement vêtus, parcouraient les rues, mais seul l’homme était fouetté par les femmes qui se tenaient sur le parcours. L’amant plus coupable que la femme ?
Nous devons noter que dans pratiquement toutes les civilisations, la gente féminine est jugée inférieure à l’homme. Et les raisons avancées sont religieuses, ou quasi-religieuses, pourtant avec des religions très différentes. Un sociologue américain W Goldmann du milieu du 20ème siècle pensait que les hommes dans leur ensemble étaient désarçonnés, jaloux, inquiets, envieux, secrètement dépités par le fait que nous les femmes nous enfantions. Si ce n’est que cela, nous pouvons partager et leur laisser l’accouchement !! La route est encore longue, bien quand cinquante ans, nous avons vu une certaine amélioration de la condition féminine. Au moins, maintenant, on sait, on se pose des questions, on ose dire. Mais nous devons nous méfier des plaisanteries graveleuses qui sont de la misogynie que nos mâles s’autorisent et qui est tout aussi grave que les coups, et qui s’insinue sournoisement dans les cerveaux. Actuellement dans notre pays environ 20 % des meurtres concernent des femmes tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints.

D’autres petites phrases qui se veulent plaisantes :

-          En octobre 2017, un adjoint au maire de Montauban : « en chaque femme il y a quelque chose de bien, mais je dois l’introduire moi-même » /www.humanite.fr/misogyne-non-vous-croyez-64382 (Olivier Morin)
-         Sacha Guitry : « Les honnêtes femmes sont inconsolables des fautes qu’elles n’ont pas commises…. A l’égard de celui qui vous prend votre femme, il n’est de pire vengeance que de la lui laisser…. Abstenez-vous de raconter à votre femme les infamies que vous ont faites celles qui l’ont précédée ; ce n’est pas la peine de lui donner des idées …»
-         Shakespeare : « Fermez la porte sur l’esprit de la femme, il s’échappera par la fenêtre ; fermez la fenêtre, et il s’échappera par le trou de la serrure ; bouchez la serrure, il s’envolera par la cheminée… La laideur est moins horrible chez un démon que chez une femme…»
-         Lope de Vega : « Le caractère de la femme sans exception se meut sur deux pôles : l’amour et la vengeance… Tenir une femme par sa parole, c’est tenir une anguille par la queue.. »
-          F Nietzsche : « la femme est une surface qui mime la profondeur.. »
-         Proverbe arabe : « la beauté de l’homme consiste dans son esprit, et l’esprit de la femme consiste dans sa beauté.. »
-         François 1er : « souvent femme varie, bien fol qui s’y fie.. »
-         Alphonse Karr : « Les femmes devinent tout ; elles ne se trompent que quand elles réfléchissent… »
Nous allons laisser de côté « le roseau dépensant » tant de fois entendu.

D’autres adages plus sympathiques :
- Coluche 1986 : « Les femmes seront les égales des hommes le jour où elles accepteront d’être chauves et de trouver ça distingué.. »
- Victor Hugo : «  La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l’apparence de la faiblesse… »
- Stendhal : « L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain.. ».
Et un coup de sabot de l’âne : « Quoi qu’elle fasse, la femme doit le faire deux fois mieux que l’homme pour qu’on en pense autant de bien. Heureusement, ce n’est pas difficile.. » Charlotte Whitton




 Sources : Jean-Louis Beaucarnot  Ainsi vivaient nos ancêtres  édit Robert Laffont 1989---/savoirsdhistoire.wordpress.com/2016/05/28/la-racine-de-hola-petite-histoire-de-la-violence-conjugale-au-xviie-siecle/
---Gallica BNF--P Dupré Encyclopédie des Citations édit Trévise 1959---






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