« Evenements arrivés à Uzès les 12-13-jusqu’au 22
février 1791 »
Un assassinat au Moutet
Nous sommes en pleine Révolution. Le roi Louis XVI n’a pas
encore été guillotiné. Royalistes, Jacobins, Girondins, Sans-culottes,
patriotes-anti-patriotes s’affrontent. (en cette période on parlait surtout de
patriotes ou non-patriotes et pas encore trop de républicains)
Cette nuit-là, dans le métairie du Moutet au terroir de
Masmolène, près d’Uzès, Pierre Pellier le fermier entend marcher dans la cour. Il
se lève quand on frappe à la porte. Il réveille les autres personnes de la
maison. Il ouvre la fenêtre de la salle du rez de chaussée et reçoit un coup de
fusil. Il s’effondre et meurt. Les autres gens de la maison s’enfuient ou se
cachent comme ils peuvent. Le bâtiment est dévasté, pillé.
Le Directoire d’Uzès va minimiser ces événements dans un
texte du 22 février 1791avec comme secrétaire de séance Gide et président
Folchery, Balthasar vice-président, Guiraud, JP Verdier. (Gide, Joseph Etienne
Théophile 1750-1815 notaire et magistrat ?). On accusera les Emigrans
d’Uzès qui s’étaient réfugiés à Vallabrix. Le Directoire du District d’Uzès
certifie qu’il n’y a pas eu de « massarcres ni de sacrilèges »
« un seul Citoyen a péri et bien évidemment par sa faute… ». Nos
politiques sont garants de la sécurité, de la sérennité de l’Uzège et il ne
peut pas y avoir de divergence, d’opposition. Tout nouveaux en politique, ils
connaissent déjà la langue de bois !! On ne sait pas trop qui sont ces
« émigrans », royalistes, nobles, d’Uzès ou des environs, ou
d’ailleurs ?
Le feu couvait depuis le 12 février dans notre région. Garde
Nationale d’Uzès composée de citoyens, des soldats du Régiment Royal, ceux du
Dauphiné, des dragons de Lorraine, , les soldats de ligne… auxquels
s’ajoutaient des étrangers, espagnols pour laplupart, des émigrants royalistes
ou penchant peu pour la Constitution …. Le dimanche 13 une rixe éclate dans un
cabaret entre quelques étrangers à la ville et des habitants d’Uzès. Le soir on
fit des « farandoules » que la municipalité dispersa. Le lendemain 14
février, les farandoules recommencèrent et grossirent. Des attroupements se
forment, on craint des dérapages… La Garde Nationale n’était de service que la
nuit de 5 à 6 heures du soir jusqu’au jour.
A la tête de ses farandoules, un nommé Bouffard, à Uzès
depuis trois ou quatre jours, renvoyé du Régiment Royal à la demande de ses
camarades. On criait « vive les aristocrates, à bas la Nation…. Ce soir-là
la 19ème compagnie était de garde ; mais elle était surtout
composée de travailleurs ou artisans non patriotes. Ils tournèrent leurs fusils
contre les habitants. Plusieurs coups furent tirés sans dommage. Le commandant
de la Garde Monsieur Voulland, patriote, catholique, chevalier de St Louis
essuyé un tir qui le manqua. Il échappa aussi à une baïonette sauvé par son
frère, capitaine d’artillerie. Le sieur Meyniel, patriote et président du club
des Amis de la Constitution est poursuivi par un groupe armé qui tire et le
manque également.
La municipalité publia la loi martiale. La Garde Nationale et
les troupes de ligne sont requises. Le commandant de la Garde ordonne à sa
troupe de se réunir sur l’Esplanade, mais en vain pour plus de la moitié qui
déserte et rejoint l’Evêché. Nous avions à faire face à une mutinerie. Mais les
chevaux des Dragons sont logés aux écuries de l’évêché. Deux soldats y seront
blessés d’un coup de fusil et d’un coup de baïonnette.
La Brigade de Maréchaussée d’Uzès se rendit tout de suite sur
l’Esplanade et encadre les patriotes qui y restaient.
Malgré la loi martiale, les insurgiers se réunissent à
nouveau, entrent dans la cathédrale et sonnent le tocsin vers 7 heures du soir.
Le Directoire appelle les Gardes Nationales des villages des environs, comme
Arpailargues, Montaren malgré un contrordre de la municipalité qui veut garder
la main.
Pendant ce temps, les patriotes de l’Esplanade sont toujours
là, occupant la place. Les deserteurs, une soixantaine, de l’évêché, étaient
venus les narguer en armes. Ces derniers avaient placés des sentinelles sur
tout l’est de la ville. Mais au matin, ces deserteurs disparurent de l’évêché et
partirent en diection de Vallabris, Saint Hippolyte de Montaigu, villages
proches d’Uzès. Le département sur réquisition envoyait 280 hommes de ligne.
Nous sommes le mardi 14 au soir.
Le lendemain, mercredi 15, arrivent à Uzès Monsieur d’Albinac
commandant pour le Roi dans le département du Gard, Monsieur Vigier troisième
commissaire du département, 300 gardes nationaux de nîmes et 50 hommes de
troupe en plus. Les gardes nationales des autres villages purent se retirer et
asssurer la sécurité dans leurs secteurs.
On visita les endroits où les anti-patriotes s’étaient
réfugiés : à l’évêché on ne
constata pas de dégats à part la porte enfoncée. On trouva des munitions au
club monarchique qui fut dévasté par les patriotes. Dans le jardin du directeur
des Postes un sac de 30 livres de poudre se trouva enterré. Ici et là on tira
sur des soldats, sans dommage mortel. La fureur populaire avait voulu s’en
prendre à la maison de l’ancien maire Monsieur Trinquelague mais en vain grâce
à un colonnel de lagarde nationale d’Uzès qui s’interposa.
Quelques habitants tiraient sur les Dragons de leurs
fenêtres…. Mais un semblant de calme revenait sur la ville. On reconnait une
modération assez incroyable des soldats, leur courage, malgré les attaques et
les blessures.
On envoya des exprès dans les villages où les
« émigrants » s’étaient réfugiés comme à Vallabrix, Saint-Hippolyte
pour les exhorter à revenir à Uzès. On publie, on affiche avec profusion des
proclamations pour calmer tout le monde. On demandait de remettre « les
armes dont les citoyens avaient si fort abusé », condition qui sera imposé
aux récalcitrants. (Comment ? les archives ne l’indiquent pas).
Uzès avait retrouvé son calme, mais des rassemblements
naissaient dans les villages autour. Les fédérés de Jallès sont là. Le
Directoire du Département du Gard s’installa à Uzès pour être plus près du
péril. Une partie du régiment de Lionnois vint renforcer les troupes déjà
présentes. Une nouvelle proclamation le 19 février : des secours sont
distribués aux femmes et enfants pour qu’ils ne manquent pas du necessaire.
Mais partout où les « emigrans » et ceux de Jallès
se sont répandus, les campagnes sont dévastées : de Saint-Ambroix, Barjac,
Saint-Jean de Maruejol..jusqu’à Navacelle.
Est-ce que ces événements faisaient partie d’un plan pour
discréditer le nouveau régime ? Ou plus probablement un vent de folie
collective devant des transformations de la société et un avenir qui faisait
peur.
Fin du texte du Directoire du 22 février
Nous connaitrons des difficultés jusque vers la fin 1800,
vols, attroupements, coups de sabre…..
Un mot sur Joseph Bénézet Cathelany prieur de St Pierre et
StPaul de Masmolène : il refuse de prêter serment républicain et s’enfuit
chez son frère notaire à Avignon, puis à Valbonne. Il organise des cérémonies
religieuses secrètes. Il est arrêté à St Hilaire d’Ozilhon dans les bois de
Rochefort, jugé à Uzès-La Montagne puis à Nîmes. Il sera guillotiné le 24 mai
1794 ainsi que frère Bruno chartreux à Valbonne guillotiné le 24 juin 1794. A
un et deux mois près de la mort de Robespierre !!
Sources : gallica BNF Récits et événements arrivés à
Uzès -12-13-14-22 février 1791-Masmolène---bulletin d’Art Chrétien diocèse de
Nîmes 1/1/1923 gallica BNF---
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