mardi 4 avril 2023

La Chandeleur la Fête des Crêpes

 

Chandeleur, La Fête des Crêpes ?

Bientôt Pâques, ses œufs, ses lapins et ses poules en chocolat. Il semble que les fêtes dites « religieuses » sont de plus en plus célébrées par des douceurs culinaires. Pourquoi pas, nos anciens ont connu des disettes, alors les familles peuvent se réjouir ensemble… Mais quand est-il de la Chandeleur ? Ces fêtes nous ont construits, croyants et non croyants, rythmant l’année, les travaux des champs.

Cette année, dans mon club de gym, nous nous sommes interrogées sur cette fête de la Chandeleur, que représente-elle, religieuse ou non ?? Des réponses les plus bizarres se sont fait entendre. Fête plutôt profane dont l’aspect religieux semble oublié pour le commun des mortels.

La Chandeleur ou fête des chandelles est une ancienne fête païenne et latine devenue fête chrétienne : il s’agit de célébrer la présentation de Jésus au Temple, 40 jours après sa naissance comme pour tous les bébés juifs de l’époque, ainsi que la purification de sa mère après son accouchement. Une fête juive donc célébrée par des chrétiens… ce qui devrait nous rappeler à un certain œcuménisme, au moins historique.

 40 jours après Noël donc le 2 février. Elle est célébrée à Jérusalem dès le 4ème siècle. Elle va prendre de l’importance vers 541 lors de la peste de Justinien puis elle va se répandre lentement dans tout l’Occident. Les relevailles de la Vierge seront célébrées plutôt vers 1372, donc plus tard.

Normalement dans notre Sud, c’est à partir du 2 février que la crèche de Noël est rangée, constituant ainsi le dernier moment du cycle de la Nativité (avant la réforme de la liturgie du concile Vatican II).

Dans les églises, les torches étaient remplacées par des chandelles bénies, supposées éloigner le mal et rappelant que le Christ est la lumière du monde. Les chrétiens emportaient ensuite chez eux ces chandelles afin de protéger leur maison. Si le cierge ne s’éteignait pas sur le chemin, c’était un heureux présage et celui qui le tenait était sûr de ne pas mourir dans l’année…

La tradition en est attribuée au pape Gélase Ier, qui faisait distribuer des crêpes aux pèlerins arrivant à Rome. Le pape aurait jugé plus sage de christianiser un rite païen que d’essayer de le détruire. Il se serait inspiré d’après Bède le Vénérable, moine et historien anglais du 7ème siècle des fêtes romaines ou peut-être de la Grèce antique.

En fait, aussi loin que les archives s’en souviennent, on peut rattacher cette coutume aux Vestales romaines qui lors des fêtes des Lupercales faisaient offrande de gâteaux à base de blé de la précédente récolte pour que la suivante soit aussi bonne.

Chez les Celtes, le 1er février on fêtait Imbolc en l’honneur de la déesse Brigit, célébrant la purification et la fertilité des terres au sortir de l’hiver. Flambeaux, processions avant les semailles…

Dans la Grèce antique, Proserpine vit avec Pluton le dieu des Enfers en automne et en hiver, Elle retourne auprès de sa mère Cérès la déesse des moissons au printemps et en été. Donc en février on allumait des torches pour célébrer son retour qui apportait lumière et fertilité…. Des rites pour s’assurer une bonne année.

« Si point ne veux de blé charbonneux, mange des crêpes à la Chandeleur. »

Mais pourquoi des crêpes ? Rondes et dorées, un symbole du disque solaire célébrant le retour de la lumière ? La chandeleur marque le moment où les jours commencent à s’allonger plus rapidement. C’est surtout un plat rustique et économique : autrefois on se servait de l’excédent de farine de l’année précédente avant qu’elle ne s’abime. On les retournait en les faisant sauter dans la poêle, en espérant prospérité et abondance dans les prochaines récoltes.

C’était une des coutumes de la vieille France qu’à la Chandeleur on fait des crêpes dans l’âtre du laboureur et que chacun doit retourner la sienne. « À la Chandeleur, dit Abel Hugo, si les paysans ne faisaient point de crêpes, leur blé de l’année serait carié. Et celui qui retourne sa crêpe avec adresse, qui ne la laisse pas tomber dans les cendres, ou qui ne la rattrape point dans la poêle, sous la forme navrante de quelque linge fripé, celui-là aura du bonheur — de l’argent, cette forme tangible du bonheur — jusqu’à la Chandeleur de l’année suivante. »

Une autre coutume qui remonte à la fin du ve siècle et liée au rite de fécondité : quand on était assez riche pour avoir une pièce d’or à sacrifier, on faisait sauter la première crêpe avec la main droite en tenant une pièce d'or dans la gauche. Puis la pièce d'or était enroulée dans la crêpe avant d'être portée en procession par la famille dans la chambre où on la déposait sur l'armoire jusqu'à l'année suivante.  La crêpe est alors réputée ne pas moisir et éloigner la misère.

 Une superstition qui touche même les Grands de ce monde. On dit que Napoléon avant de partir pour la campagne de Russie fit  une partie de crêpes. Quand ce fut son tour de « tenir la queue » de la poêle, il dit : « si je retourne celle-ci, je gagnerai la première bataille »… Et la crêpe se retourna. « si je retourne cette autre, je gagnerai la deuxième », …..la troisième, de même. Mais la quatrième roula dans la cendre : c’était la Bérézina !!

Pour nos anciens, le cierge de la Chandeleur faisait office de précieux talisman contre les sortilèges et les maléfices. Un animal malade, vite quelques gouttes du cierge dans son breuvage. L’orage menace, on l’allume pour conjurer la foudre. C’est encore lui qu’on éclaire pour bénir les premiers communiants, les fiancés avant leur départ pour l’église. Aussi lorsque le prêtre vient administrer les derniers sacrements à un mourant….

La fête de la Chandeleur s’intéresse aussi aux amoureux. Après une neuvaine à la chapelle de la Vierge, le 2 février, chacun voit en rêve celui ou celle qui sera sa moitié. « À la Chandeleur, trouve ton âme sœur : que du bonheur  !  », proverbe provenant d'Alsace.

Coutumes, superstitions, souvent très éloignées des rites chrétiens, remontent à des temps tellement anciens que nous ne savons plus quel en est le sens symbolique. Des traditions qui se sont adaptées au fil des siècles à nos mœurs et qui subsistent encore en dépit des années et des révolutions de l’Histoire.

2011 /2 février paroisse Saint Victor de Marseille -acor-cannes / CC-by-sa

Sources et pour en savoir plus : La France Pittoresque D’après « La Tradition », paru en 1904)Publié / Mis à jour le JEUDI 2 FÉVRIER 2023, par LA RÉDACTION--- wiipedia .org-- /www.la-croix.com/Religion/chandeleur--- /icalendrier.fr/religion/fetes-catholiques/chandeleur/--- www.ouest-france.fr/societe/fetes/chandeleur-pourquoi-mange-t...---Philippe Walter, Mythologie chrétienne, éd. Imago.---Philippe Walter, La Mémoire du temps. Fêtes et calendriers de Chrétien de Troyes à la Mort Artu., Paris : Champion, 1989.--- Marie-Odile Mergnac et Thomas KöhlerProverbes et dictons de toujours, Paris, Archives et cultures, 13 octobre 2008, 192 p. (ISBN 978-2-35077-101-4lire en ligne [archive]).

 

 

 

 

 

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