lundi 6 mars 2017

Enseignement pour adultes


Le journal L’Opinion du Midi de juillet 1866 reprend un arrêté du préfet du Gard concernant l’enseignement pour adultes. Une circulaire a été adressée aux sous-préfets, et aux maires du Gard. « J’ai décerné une récompense aux adultes qui ont satisfait aux épreuves imposées dans les concours cantonaux du mois d’avril dernier »….. A charge pour nos élus de prévoir une publicité et de notifier cette récompense aux intéressés. « Une cérémonie sera organisée le premier jeudi du mois d’août à 2 h de l’après-midi au chef-lieu du canton en une séance solennelle. » Messieurs les Curés et les Pasteurs sont invités. Une petite somme sera versée sur un livret de caisse d’épargne.

A Vallabrix trois lauréats dans la première catégorie et pour un deuxième prix : Louis Belin (16 ans) Cyprien-Frédérick Desplans, Joseph Camille Gay (16 ans) .
Déjà lors de la Révolution de 1789 des voix s’élèvent pour demander un enseignement pour les adultes. Chenier et le rapport Lanthenas du 28 frimaire An I (18 décembre 1792) proposent des cours pour adultes chaque semaine pour « amuser l’esprit, délasser le corps, éveiller la curiosité et le plaisir d’apprendre tout cela dans des réunions fraternelles ». Il s’agit aussi d’encadrer une certaine morale, et former à la fonction publique. Mais il faudra attendre le 19ème siècle.

 L’industrie montante a besoin d’ouvriers ou ouvrières sachant un peu près lire, écrire et surtout compter. Les enfants sortent des écoles primaires vers 13-14 ans avec une scolarité hachée, où il est habituel de s’absenter pour aider les parents paysans ou artisans. Ils perdent très vite le peu qu’ils ont appris. Laïques et religieux s'inscrivent dans ce mouvement, comme les jansénistes Frères de la Doctrine Chrétienne, en province. Paris, Lyon, les grandes villes dès 1837 s’équipent. Les statistiques nous disent que l’on compte en 1837 1800 cours et 37 000 élèves, en 1841 3090 communes, 3403 cours et 68 500 élèves. 
Mais la situation politique de l’époque ne va pas aider au développement de ces cours, et leur nombre va diminuer jusqu’en 1863. Dans notre région, l’école de Nîmes créée en 1823 ne fonctionne déjà plus en 1833. Guizot alors ministre s’en inquiète. Le comte Pelet de St Jean du Gard, ministre du roi Louis-Philippe va réglementer cet enseignement par son arrêté du 22 mars 1836 et sa circulaire du 16 juin. Nos gouvernants vont relancer la machine par des prix d’assiduité pour les élèves, des récompenses pour les enseignants à partir de 1864

Mais les villes et les villages vont traîner les pieds, n’ayant pas les moyens financiers pour obtempérer. A Uzès en 1849, le Supérieur de l’Ecole des Frères tente une ouverture de classe après avoir obtenu une subvention de la mairie pour payer le noviciat et le mobilier. En 1850 c’est une classe pour les jeunes filles qui ouvre grâce à la sœur Chaise fille de la Charité de St Vincent de Paul. La duchesse d’Uzès encourage cette création en promettant des récompenses.
Les cours avaient lieu de novembre à mars, en dehors des récoltes, le soir pour les hommes et le matin dès 5 h pour les jeunes filles. A Uzès ces classes fonctionnaient encore en 1886. Les matières enseignées vont s’étoffer : calcul pratique, orthographe, narration, histoire et géographie, sciences physiques, discipline "ne faut-il pas peser et mesurer dans un ménage"…..

livret Caisse d'Epargne scolaire 1874
A Vallabrix, nous avons enfin une école digne de ce nom depuis 1849. Une classe pour hommes jeunes apparaît dans les procès-verbaux municipaux le 11 février 1866 : il est indispensable de donner des cours gratuits aux adultes ou aux « hommes faits » de la commune. Les cours ont lieu du 10 novembre au 10 février. Les jeunes filles sont oubliées. Nous sommes sous la mandature de Louis Desplans, maire et Jean Boutaud adjoint. Nos élus prévoient 50 frs par an d’indemnités pour l’enseignant, 25 frs pour l’éclairage. Mais cette classe devait exister déjà en 1864 : les élèves adultes doivent fournir le bois pour chauffer la salle. On ne parle pas d’indemnités pour l’enseignant. Intervention gratuite de sa part ou bien payé par les élèves, par le canton ? Si l’on décide la gratuité en février 1866 il est probable que les cours avaient un coût pour les jeunes hommes. Des apprentis de notre village sont inscrits à Uzès, comme Alfred Boutin 15 ans coursier-petite-main pour un tailleur d'Uzès, de même Louis Arnaud apprenti maréchal ferrant. Ils profitent des cours après le travail.
En février 1866 nos élus faute de moyens ne prévoient pas de distribution de prix pour les élèves de l’école primaire ni pour les adultes. L'enseignement pour adultes sera fortement encouragé par le ministre Victor Dupuy.  En 1877-78 nos effectifs se chiffrent à 15 adultes (masculins), et pour les primaires 25 garçons et 20 filles. En 1884 l'instituteur reçoit 100 frs pour ses cours-adultes mais il devra payer les frais d'éclairage et de chauffage ! En 1889, il aura en plus de son salaire 15 frs pour ses frais de chauffage...
L'école pendant encore longtemps sera le parent pauvre des communautés. 
Plus tard Jules Ferry réorganise en 1882 les cours pour adultes. Des cours pour illettrés, des enseignements complémentaires pour les autres, des lectures publiques, des conférences pour le plaisir et la curiosité. 
Sources : archives communales Vallabrix et Uzès -archives départementales Gard Hérault- livret internet

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Vallabrix 1950 côté Est- 













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