La dernière robe de Marie-Antoinette : un secret
conservé à Avignon
Dans la sacristie de la Métropole des
Doms à Avignon, proche du Palais des Papes, dort dans un tiroir une chasuble
violette. Un vêtement précieux qui a une histoire. Cette aube aurait été
confectionnée avec la dernière robe portée par la reine Marie-Antoinette le 16
octobre 1793, quelques heures avant son exécution.
Cet épisode se sait sans se savoir,
cette aube est rarement exposée. Elle est fragile et doit être préservée.
Lors des grandes occasions, elle est
portée pour célébrer l’office. La dernière fois c’était à l’occasion de la mort
du pape Jean-Paul II en 2005.
Beaucoup de reliques des souverains
circulent et celles de Marie-Antoinette ne manquent pas, souliers, morceaux de
vêtements, cheveux…. Mais pour cette aube, l’Abbé Bréhier assure que le tissu
est authentique, les laies de soie correspondent à l’époque et le conservateur
du musée des tissus de Lyon a apporté sa garantie.
Comment ce vêtement est arrivé jusqu’à
Avignon ?
Le roi Louis XVI est
exécuté le 21 janvier 1793 à Paris place de la Révolution, actuelle place de la
Concorde. Marie-Antoinette est transférée de la prison du Temple à la
Conciergerie, surveillée en permanence. Elle est très affaiblie par son cancer
de l’utérus et ses hémorragies et sa servante Rosalie Lamorlière essaie de lui
apporter un peu de réconfort. Par humilité dans sa prison elle est vêtue d’une
robe violette, et peut-être par dérision, elle quitte cette robe pour se
présenter en jupons à ses bourreaux.
L’abbé Bréhier nous
explique : « Avant son
exécution, Marie Antoinette ôte sa robe violette, symbole de deuil et de
pénitence, et la confie à sa fidèle servante. Elle se présentera devant son
bourreau le 16 octobre 1793 en jupons blancs, la couleur de la
royauté".
Rosalie Lamorlière
aurait gardé cette robe jusqu’à son départ de la Conciergerie en 1799. Elle s’exile en Angleterre, soupçonnée de trahison. Elle y rencontre l’abbé
Véran, qui devient son confesseur.
Sentant sa fin proche,
elle confie la robe à l’abbé Véran originaire du Comtat. Celui-ci de retour à Avignon, crée une maison d’éducation pour jeunes filles rue Banasterie. Il comprend la valeur historique et mystique de cette robe et la fait
transformer en cape sacerdotale, « brodée d’argent et doublée d’un voile
d’or ». Cette cape (ou Pluvial) sera utilisée pour les bénédictions
solennelles.
L'abbé Bréhier présente avec précaution
la tunique :"L'histoire de cette aube est méconnue, ça se sait sans se
savoir..."
Puis au début du 19ème
siècle, Jean-François Périer évêque d’Avignon achète ce vêtement qui entre dans
le patrimoine de la Métropole des Doms. Pour certains historiens, Véran aurait
offert cette cape à Jean François Périer.
Ce vêtement sera conservé dans les
réserves de la cathédrale jusqu’en 1986. Puis elle sera expertisée par la
maison de soierie lyonnaise Tassinarie-Châtel. Le chanoine Véran de Tarascon,
neveu du premier, authentifiera la cape. Elle sera exposée à Chambord puis au
Palais des Papes en 1989, et enfin mise à l’abri dans le trésor du chapitre de la cathédrale Notre-Dame-des-Doms dans un meuble confectionné par Agricol Perdiguier (voir
photo ci-dessus).
Aucune publicité, aucun fléchage
renseignent les curieux. Seule une centaine de passionnés d’Histoire par an
demandent à voir le vêtement dans la sacristie. L’abbé Bréhier les reçoit dans
la mesure du possible, « la sacristie n’est pas un musée ».
A voir ou revoir sur ce blog, le mois de mai n'est pas loin : Les Saints Cavaliers ou les Saints de Glace 30/04/2017
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