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(Jeanne Chauvin, Première femme à avoir reçu le titre d'avocat en France en 1900. –source magazine Madame Figaro)
Je viens de retrouver dans
une malle un livre de lecture, niveau cours moyen de E F Alber. Date 1900.
Connaissances usuelles, vérités religieuses, notions très élémentaires de
sciences naturelles, vertus et défauts des enfants….
Voici ce que l’on
enseignait à nos grand-mères en 1900. Décidément depuis qu’Eve a fauté, la
société a la rancune tenace !!
Un chapitre est intitulé
Economie domestique : la bonne ménagère. « Le domaine de la femme c’est sa
maison ; c’est là qu’elle doit régner par sa vertu et ses charmes, et
déployer librement toutes ses qualités….à elle appartient la douce mission de
faire de son foyer une sorte de paradis terrestre où son mari et ses enfants se
plaisent à demeurer….les qualités indispensables à une bonne ménagère :
l’activité, l’ordre, l’économie dirigés par le bon goût et la délicatesse
féminine…Levée matin, l’agile ménagère range, nettoie, met tout en ordre au
plus tôt….Elle est le charme le plus
attrayant de ce foyer d’où le mari et les enfants ne cherchent jamais à
s’éloigner ; où ils reviendront toujours, attirés par la bonté,
l’inaltérable bonne humeur, le dévouement de la mère ….cette femme qui
s’oublie sans cesse pour faire le bonheur de sa famille…» Fénelon
en rajoute : La jeune maîtresse de maison est « douce, simple, sage, ses
mains ne méprisent point le travail ; elle prévoit de loin, elle pourvoit
à tour ; elle sait se taire….On ne trouve en elle ni passion, ni
entêtement, ni légèreté, ni humeur…d’un seul regard elle sait se faire entendre
et l’on craint de lui déplaire… ». « Les
repas apprêtés, elle demande à son aiguille mille travaux qui procurent des
vêtements, à sa famille et de petits ornements à son logis »…Une
grand-mère conseille ses petites filles : « le mari vaque aux affaires
et aux occupations du dehors ; la femme veille au ménage et aux
occupations intérieures… » c’est ainsi parait-il, que l’on
parvient à une vieillesse avancée, sans avoir presque connu la maladie et les
infirmités, dit-elle !
Je n’aurais pas été une
« bonne ménagère » de 1900 : si j’ai aimé, quand j’y voyais
encore assez, tricoter, bricoler, j’ai aussi mauvais caractère, je ne sais pas
me taire, et une chatte ne retrouverait pas ses petits dans mon bureau !!
Et puis j’ai beaucoup plus appris sur moi et sur les autres « en vaquant aux
affaires du dehors » que devant mes casseroles… Autre temps !!
Fin 19è archiv Blois atelier de piqures usine Rousset
C’est oublier le travail
des femmes, ne serait-ce qu’au 19ème siècle, nos
arrière-grand-mères, ouvrières d’usine, lavandières, domestiques, nourrices et
toutes celles qui travaillent aux champs avec leurs familles. Elles ont tout
autant bâti notre pays que leurs hommes.
La Bible qui ne montre
pas une verve féministe, nous dit : « Comment trouvera-t-on une femme
vertueuse ? Son prix dépasse celui des perles ! ». Et pourtant, tout
au long de l’Histoire des femmes se sont illustrées par leur courage, leur
engagement.
Lors du
second concile de Mâcon de 585, une
clarification linguistique aurait été évoquée : le terme
« homo » désigne-t-il l’être humain en général, femmes comprises, ou
seulement le sexe masculin (« vir ») ?. Dès le 16ème siècle
la rumeur se répand que ce concile aurait débattu de l’existence d’une âme chez
la femme. La question ne se posait évidemment pas, les femmes sont baptisées dès le début de la chrétienté, donc ont une
âme. Certaines seront martyrisées pour leur appartenance religieuse. La
citation de la Vulgate est : »Et Dieu créa l'homme (homo) à son image, à l'image de
Dieu il le créa, mâle
et femelle il les créa ». La question continua à se poser, pamphlets, discutatio, réfutation,
surtout de penseurs luthériens ou calvinistes du 16ème-17ème
siècle. La légende est tenace peut-être parce qu’elle arrangeait tout le monde,
surtout masculin et politique, religieux.
Encore au
20ème siècle, des grands noms de la littérature et de la philosophie
tiennent ce prétendu débat sur l’existence de l’âme des femmes pour vérité
historique.
Dans notre
pays pour écarter les femmes de la succession royale et du trône, on n’avait
pas hésité à tordre la loi salique au début du 14ème siècle et d’une
manière assez éhontée.
Chez la charcuterie Olida en 1900, deux moustachus (qui n’ont pas l’air très actifs !) contre une vingtaine de femmes !
(Manufacture des Biscuits Leroy L'emballage Saint Amand (Cher))
15è/16è siècle, la
Renaissance connait une concentration de femmes gouvernant le royaume seules ou
en collaboration avec des rois, régentes ou non : Isabeau de Bavière, Anne
de France, Anne de Bretagne, Louise de Savoie, Catherine ou Marie de Médicis….
Même les maîtresses royales vont avoir un rôle politique de premier plan, Agnès
Sorel, Françoise de Châteaubriant, Diane de Poitiers…. Des gouvernantes, des
dirigeantes de grandes maisons….avec un rôle politique, culturel, artistique…
En 1622 en France une Marie de Gournay
soutient que la femme n’est pas inférieure à l’homme par nature mais par son
éducation ou son manque d’accès à l’instruction. En Italie, en 1676 Elena
Piscopia, la première, obtient un
diplôme universitaire. Au 17ème-18ème siècle c’est dans
les salons des femmes que le siècle des Lumières prend son essor en favorisant
les libres débats littéraires, scientifiques…
(1914-1918)
La Révolution de 1788-89 affichera une
attitude singulière vis-à-vis des femmes, une valse-hésitation que l’on va trainer
tout au long du 19ème siècle. Les veuves ou les nobles tenant fief
peuvent voter mais elles ne sont pas directement éligibles. Pourtant on les
voit très actives dans la rédaction des cahiers de doléances. Elles marchent
sur Versailles en octobre 1789, ramenant le roi à Paris. Condorcet veut
accorder le droit de vote aux femmes : «songez qu’il s’agit des droits de la moitié du genre humain ». Droit d’ainesse supprimé,
laïcisation du mariage, divorce par consentement mutuel, mais on va guillotiner Olympe de Gouges qui
réclamait l’égalité politique entre hommes et femmes dans sa « Déclaration
de droits de
la femme et de la citoyenne ». Et on oublie les femmes lors de
l’instauration du suffrage censitaire.
Petit à petit les femmes sont exclues du champ
politique avec l'interdiction des clubs politiques de femmes par la Convention
montagnarde, mais elles n’ont pas dit leur dernier mot et résistance des femmes
sur les bancs du public lors des différentes assemblées, les Tricoteuses !!.
Les historiens de la Révolution ne sont pas tendres
avec les femmes qui y ont participé et qu’ils ont souvent caricaturées : Manon Rolland est une intrigante, Olympes de
Gouges une hystérique, Charlotte Corday une vierge sanguinaire, Théroigne de
Méricourt une folle, Germaine de Stael un laideron lascif…..
En 1801 un projet de loi de Sylvain Maréchal voulant
interdire toute culture aux femmes : défense d’apprendre à lire, écrire
avec des arguments d’une bêtise sans borne et d’un
sexisme crade. Et le Code Civil de 1804
déclare la femme incapable juridiquement, sous l’autorité de son père, mari,
puis du conseil de famille une fois veuve. Napoléon n’aime pas les femmes, s’en
méfiant comme de la peste. Des voix s’élèvent, Henri de Saint-Simon, Charles
Fourier, mais l’élan est pris et l’adultère de la femme devient un délit puni
de 3 à 24 mois, celui du mari seulement puni d’une amende ; l’avortement, la
pratique ou l’aide à l’avortement sont punis de réclusion et même de travaux
forcés pour le corps médical. On ne divorce plus à partir de 1816.
Fabrique de fleurs artificielles 1900 Ambleny dans l’Aisne- remarquons les enfants.
Industrie sardinière en Bretagne 1900 Etalage et séchage ND |
Fabrique de fleurs artificielles 1900 Ambleny dans l’Aisne- remarquons les enfants.
Mais des frémissements de
modernité : en 1832 le journal « La Femme Libre » est créé. Le
viol devient un crime et non plus un simple délit. Mais c’est le père ou le mari qui sont
considérés comme victimes !! C’est la période où Flora Tristan
milite pour la cause des femmes. En 1838 la première école normale
d’institutrices voit le jour.
La deuxième République, celle de 1848,
rétablit le suffrage universel mais pas pour les femmes.
Les Vénusiennes, des parisiennes qui avaient pris les armes lors de la révolution de 1848, montent au créneau : elles revendiquent l’accès à tous les emplois publics, civils, religieux et militaires, une constitution politique des femmes, le port du pantalon, obligation du mariage féminin à 21 ans, service militaire féminin et le doublement du service militaire masculin pour les hommes qui refuseraient les tâches ménagères. Trop radicales ou trop en avance sur leur temps elles vont servir de repoussoir de la cause féminine.
Les Vénusiennes, des parisiennes qui avaient pris les armes lors de la révolution de 1848, montent au créneau : elles revendiquent l’accès à tous les emplois publics, civils, religieux et militaires, une constitution politique des femmes, le port du pantalon, obligation du mariage féminin à 21 ans, service militaire féminin et le doublement du service militaire masculin pour les hommes qui refuseraient les tâches ménagères. Trop radicales ou trop en avance sur leur temps elles vont servir de repoussoir de la cause féminine.
D’autres femmes poussent la cause des
femmes, Désiré Gay, Georges Sand, Jeanne Deroin….Des journaux, La Voix des
Femmes, L’Opinion des Femmes….
Pierre Leroux en 1851 timidement propose
une loi accordant le droit de vote des femmes aux élections municipales. La loi
Falloux en 1850 fait obligation pour les communes de plus de 800 habitants
d’avoir une école publique pour les garçons et les filles, mais enseignement
pas encore gratuit ni obligatoire.
En Angleterre les Suffragettes donnent
de la voix et il semble bien qu’un retour en arrière n’est plus possible pour
toutes et tous.
Victor Duruy crée en 1867
les cours secondaires publics pour la gente féminine. Dix ans plus tard, le
travail des femmes dans les mines et dans les carrières est interdit, de même que le
travail de nuit pour les femmes non majeures. Le Syndicat féminin de la couture
est fondé, premier du genre. Mais la constitution de la 3ème
république de 1875 réaffirme la privation de droits politiques aux
femmes !!
En réponse Hubertine
Auclert fonde en 1876 Le Droit des Femmes, groupe suffragiste. Elle
proclame : « Qui dit
droit, dit responsabilité, la femme doit travailler, n'étant pas moins tenue de
produire que l'homme, vu qu'elle consomme… qu'il y ait pour les deux sexes même
facilité de production, et application rigoureuse de cette formule
économique : à production égale, salaire égal ».
Les femmes ont enfin la
possibilité d’intégrer une Ecole normale dans chaque département, d’accéder à
l’enseignement universitaire. L’enseignement primaire devient obligatoire pour
les garçons comme pour les filles en 1881 avec les lois Jules Ferry. Une femme
reçue au concours de l’externat en médecine Blanche Edwards.
Le travail de nuit est
enfin interdit en 1892 pour toutes les femmes et le port du pantalon
jusqu’alors interdit depuis le Directoire révolutionnaire est autorisé pour se
déplacer à bicyclette ou à cheval. Un peu plus tard les femmes peuvent
témoigner dans les actes d’état-civil et les actes notariés. A la fin du siècle
elles peuvent être électrices au tribunal de commerce.
A l’orée de 1900, nous avons quelques
avocates, des femmes élèves de l’Ecole Nationale Supérieure des
Beaux-Arts ; pour les femmes et les enfants les journées de travail ne
doivent pas dépasser 10 heures contre 12 pour les hommes.
1901 c’est la création du Conseil
National des Femmes françaises affilié au Conseil International des Femmes. Une
première proposition de loi donnant le droit de vote aux femmes majeures,
célibataires, veuves ou divorcées. On pense en haut lieu que les femmes mariées
voteraient comme leurs maris, donc pas de droit de vote pour elles. Pourtant en
1903, le premier prix Nobel décerné à une femme pour Marie Curie, prix Nobel de
physique.
(atelier de cartonnage Tiers)
(radio-canada-ca
Les femmes de l’Avenir-Maire)
Le mouvement est lancé : les
femmes sont électrices et éligibles aux tribunaux de prud’homme, la loi sur les
biens réservés pour que les femmes mariées puissent disposer de leur salaire,
congés maternité de 8 semaines mais non rémunéré…Instituteurs des deux sexes
touchent le même salaire, les institutrices obtiennent la rémunération de leur
congé maternité, …Manifestation pour le droit de vote des femmes, création
d’une section féminine au syndicat CGT, les employées des PTT voient leur congé
maternité rémunéré…
Et Marie Curie reçoit le prix Nobel de
chimie, deuxième prix prestigieux.
1911-1915 Coco Chanel raccourcit les
juges, propose des vêtements simples et pratiques. La femme peut être sportive,
avoir une vie professionnelle..
Les femmes seront très présentes lors
de la guerre 14-18, et pas seulement comme infirmières, mais à la ferme, à
l’atelier, à l’usine.
En Europe entre 1918 et 1920, les
femmes obtiennent le droit de vote dans la plupart des pays. Pas encore chez
nous.
En 1919 le Sénat refuse une
proposition de loi pour le vote des femmes, pourtant acceptée largement par les
députés (329 pour /contre 95). Clemenceau président de la Conférence de Paix de
Paris ne donne pas suite à la pétition de 5 millions de femmes américaines
contre le viol de guerre.
Mais les écoles supérieures, chimie,
électricité, s’ouvrent aux femmes en 1919. L’année suivante les femmes mariées
n’ont plus besoin du consentement de leur époux pour adhérer à un syndicat.
Mais la vente de contraceptifs est désormais interdite. Toujours des petits
pas…
En 1935-36-37, Pierre Mendès-France,
maire de Louviers, comme d’autres maires fait élire 6 conseillères municipales
supplémentaires avec seulement voix consultative. Trois femmes sont nommées au
gouvernement de Léon Blum : Cécile Brunschvicg présidente de l’URSF,
Suzanne Lacore et Irène Joliot-Curie. Et la Chambre des Députés pour la sixième fois vote par 495 voix contre 0 pour le vote des femmes, que le
Sénat bloque à nouveau.
Les femmes sont
autorisées à enseigner le latin, le grec et la philosophie ; matières
réservées jusqu’alors aux hommes car plus intelligents ? Elles peuvent
aussi obtenir un passeport sans l’autorisation de leur mari.
En 1938 une
réforme du Code Civil supprime l’incapacité juridique de la femme qui ne doit
plus obéissance à son époux.
Mais 1939-45
se profile à l’horizon avec des reculs importants. Dans les usines, dans les
fermes les femmes prennent le relais des hommes. Mais la répression contre
l’avortement et la contraception monte en flèche. Une militante pro-IVG
Madeleine Pelletier est arrêtée et meurt six mois plus tard internée à l’asile.
L’avortement devient un crime puni de la peine de mort. Divorce, accès aux
emplois publics, tout devient plus difficile. En 1943 une avorteuse est
guillotinée, Marie-Louise Giraud. (Madeleine Pelletier ci-contre)
Un nouvel élan à partir de 1945 : à travail égal, salaire égal
remplace la notion de salaire féminin dans la législation, premier vote féminin
aux élections municipales, aux élections de l’asssemblée nationale constituante
où 34 femmes seront élues, congé maternité obligatoire rémunéré de 8 semaines
(50%du salaire et 100%pour les fonctionnaires)….
La Constitution de 1946 pose le principe de l’égalité des
droits entre hommes et femmes.
Germaine Poinso-Chapuis devient la première femme nommée ministre. Une ère
nouvelle s’ouvre devant nous, c’est le temps des Simone de Beauvoir, des Simone
Weil, du planning familial, des Rosa Parks aux USA, du livret de famille pour
les femmes célibataires, de la Tunisie de Habib Bourguiba, de la contraception
de Neuwirth.
Mais nous devons nous rappeler que rien n’est acquis à jamais. Une amie
chinoise me disait : « un battement d’aile de papillon et tout est à
recommencer ».
— https://archive.org/details/letourdelafrance00brunuoft Univ. of Toronto Le tour de la France par deux enfants, par George Bruno, manuel scolaire, édition de 1904. gravure Perot--wikimedia
(1930fabrique de plumes métalliques)
— https://archive.org/details/letourdelafrance00brunuoft Univ. of Toronto Le tour de la France par deux enfants, par George Bruno, manuel scolaire, édition de 1904. gravure Perot--wikimedia
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